VERONIQUE SANSON AUX FOLIES BERGÈRE
Infatigable bête de scène, Véronique était pour trois soirs aux Folies Bergère pour nous présenter son tout nouveau spectacle baptisé Hasta Luego. Set-list soignée, chansons inédites, light show élégant, son extra dans un théâtre plein comme un œuf, ce soir le public a eu droit à 2h30 de pur bonheur et l’ami Jean-Christophe Mary qui fondait devant LA Véro comme neige au soleil d’hiver… on peut dire que c’était l’amour à la folie… Bergère 🤓
Par Jean-Christophe MARY
En cinquante ans de carrière, Véronique Sanson (Voir sur Gonzomusic VERONIQUE SANSON : WELCOME BACK ! , A PLEYEL LES CHANSONS DE SANSON ONT DU SON et aussi VÉRONIQUE SANSON L’AMOUR QUI BAT) fait partie de ces artistes de légende qui ont laissé une empreinte indélébile dans la chanson française. Depuis « Amoureuse », son premier album sorti en 1972, le public a toujours répondu présent. La jeune génération lui doit beaucoup et la chanteuse fait partie de ce cercle restreint d’artistes qui sont une « référence ». À la fois forte et fragile, Véronique Sanson incarne depuis les débuts une variété pop folk portée par des textes flamboyants qui exposent ses failles, ses tourments, ses désirs et ses amours. Véronique Sanson, c’est un phrasé et un vibrato particulier, une écriture personnelle à fleur de peau. C’est l’une des rares à savoir-faire groover aussi bien la langue française. Il suffit d’écouter ses trois albums écrits et enregistrés aux Etats-Unis auprès des plus grands musiciens de la pop américaine « Le Maudit », « Vancouver » et « Hollywood » (1973 – 1978) à l’ époque où elle vivait avec Stephen Stills. Un virage américain qui aura introduit en France une musique résolument neuve.
Dimanche 27 novembre, peu avant 20h00, les lumières s’éteignent sous la clameur du public, plongeant la salle dans le noir et laissant apparaitre un incroyable light show fait de bâtons et de cercles lumineux très esthétiques. Magique dès le premier titre, « Celui qui n’essaie pas (ne se trompe qu’une seule fois) » qu’elle entame sur une entrée à l’américaine, côté cour, la chanteuse réussit à nous transporter grâce à son incroyable voix et sa présence animale. Entourée de ses fidèles musiciens dirigés par Dominique Bertram (basse), elle récolte les faveurs du public sur les quelques 23 titres joués ce soir : « Annecy » et ses puissants arrangements rythm’n’blues 70’s, puis « Hasta luego » chanson funk rock groovy que l’on découvre pour la première fois puis « Toi et moi », « Signes », « Le maudit (mais ta douleur efface ta faute)». La section de cuivre est soudée, très efficace même si on ne peut s’empêcher de penser au regretté Steve Madaio (trompette). Veronique Sanson entame alors un vibrant « Alia Soûza ». Suivront « Je me suis tellement manquée » toujours aussi émouvant, « Et je l’appelle encore » et « Besoin de personne ». Derrière son piano, Véro (pour les intimes !), nous livre de beaux moments d’intimité. Les musiciens descendent au bord de scène avec des instruments acoustiques. Séquence émotion où le public écoute religieusement « Besoin de personne » puis « Vancouver » dans des versions piano voix absolument sublimes. Retour à la légèreté avec « Chanson sur une drôle de vie » dotée d’une belle musicalité avec ce groupe qui joue aussi serré que compact. Et puis surprise ! C’est avec un plaisir extrême que le public, les yeux écarquillés découvre Marc Lavoine faire son entrée en scène sur « Une nuit sur son épaule ». Un duo très réussi qui avait déjà fait ses preuves live aux Francofolies de la Rochelle (1994).
Ensuite, le public a droit à « C’est long, c’est court », « Rien que de l’eau » avant finir en apothéose sur un « Bernard’s Song (Il n’est de nulle part) ». La voix n’a pas pris une ride, le son est puissant, racé, impeccable. Pantalon moulant, bottines et boléro noirs, elle nous envoie ses chansons comme des caresses ou des brûlots. Immédiatement le public, les bras levés, semble comme soulevé, porté par une vague d’euphorie collective. Dans un ronflement de guitares gonflées rock signées Basile Leroux, doublé d’une basse-batterie à l’assise solide rehaussée de cette section de cuivre particulièrement musclée, Véronique Sanson distille l’essentiel de ses chansons, des connues et des moins connues. Au premier rappel, le public a droit à un « Flamingo Nights », suivi d’un « On m’attend là-bas » aux sonorités très blues rock. Visiblement émue et heureuse, elle n’a décidément pas envie de quitter la scène. En guise de second rappel, seule au piano, elle nous offre les incontournables, « Le temps est assassin », « Amoureuse », « Ma révérence », « Visiteur et voyageur « et « Bahia ». Des titres qui réussissent, à certains moments, à nous rendre alternativement nostalgiques, tristes ou euphoriques. Véronique Sanson vit ses morceaux à fond. Fatiguée et amaigrie par la maladie qu’elle a vaincue il y a deux ans, elle est peut-être un peu moins agitée sur scène qu’il y a quelques années mais nous réserve toujours quelques poses dont elle seule a le secret. Après un peu plus de deux heures d’un show sans faute, les fans sortent conquis et heureux. Un grand merci à Frédéric Jérôme et à ses équipes qui permettent de vivre de grands moments d’émotion dans cette salle magnifique.
All photos by Jean-Christophe MARY