Le grand cirque rock de « Rock Circus »
Remember « Rock Dreams » l’hallucinante collection de tableaux de personnages cruciaux de la musique peints entre 70 et 73 par le surdoué Guy Peellaert ? Un demi-siècle plus tard Philippe Barbot- encore lui !- associé au dessinateur Alain Fretet réinvente à la manière des « rêves rock » du peintre belge un splendide « Rock Circus » où de Robert Johnson à Trump et Springsteen et Dylan réunis pour l’occasion, le journaliste rock associe ses mots à des images iconiques des héros de la musique et de la culture rock au sens large. Bluffant…
Sous-titré « La grande parade du rock and roll » ce « Rock Circus » raconté par Philippe Barbot (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/bashung.html et aussi https://gonzomusic.fr/higelin-par-barbot.html ) et magistralement illustré par Alain Fretet est le plus élégant hommage à l’œuvre du « rêve rock and roll » de Guy Peellaert, 13 années après la disparition de maitre belge. Dès la première toile, un Robert Johnson séducteur entre femme sensuelle lascive et bouteille de bourbon, tirant sur sa clope comme s’il s’en grilait une après avoir fait l’amour, on est emporté par la force du trait. Une sensation qui ne fait que s’accroitre avec le second personnage, un Frank Sinatra beau et jeune comme un Dieu, mais dans la posture d’un Kurt Cobain capturé par Youri Lenquette (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/lenquete-sur-lenquette-part-two.html ), le flingue sur la tempe.
Et les flashs se succèdent comme un trip puissant : un Screaming Jay Hawkins fantomatique s’extrait d’un wagon de métro parisien, les Stones sont imaginés en GI’s attendant d’être évacués par un hélico Huey, en plein marasme du Vietnam. Dans l’univers onirique and roll de Fretet et Barbot anything is possible lorsque Marianne Faithful devient une John Steed girl de CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR, entre Emma Peel et Tara King, serrant de se bras un Patrick McNee ravi. Pire… ou plutôt encore mieux sky is also the limit lorsque Jimi Hendrix est téléporté sur la Lune en rockin’ Neil Armstrong, entouré de martiennes certes vertes mais aussi dénudées et sexy que sur la pochette de son mythique « Electric Ladyland ». En fait « Rock Circus » agit comme une version sublimée de l’image d’Épinal rock, comme un coup d’œil indiscret dans une dimension parallèle où nos héros de la contre-culture au sens large, vivants ou morts, ne sont décidément plus les mêmes héros. C’est sans doute la force de cet addictif bouquin.
ROCK CIRCUS par Philippe Barbot et Alain Fretet
Éditions du Layeur