AMINA ANNABI : « Unveil EP feat.MaJIKer »
Après être restée une chanteuse silencieuse durant près de deux décennies, la merveilleuse Amina nous revient enfin avec ce mini-album aussi dépaysant que novateur enregistré en collaboration avec un DJ Anglais. Et preuve que la chanteuse franco-tunisienne a muri au fil des ans, elle revendique désormais son patronyme complet : Amina Annabi.
Souvenirs souvenirs… au tournant des 90’s, avec son étonnant album « Yalil », Amina nous séduit de ses vocalises pimentées avec « Belly Dancer » et impose à l’hexagone et au delà son fameux concept d’ « orientale désorientée ». Dans la foulée, sa chanson « Le dernier qui a parlé »- en collaboration avec le chanteur sénégalais Wasis Diop- défend avec talent les couleurs de la France au concours de l’Eurovision qui manque d’un cheveu d’être couronnée « chanson de l’année ». Malgré un troisième album enregistré fin 90, Amina se concentre désormais à sa jolie carrière de comédienne. Mais lorsqu’on est ainsi gagné par la fièvre de la musique, celle-ci ne s’éteint jamais tout à fait. La preuve, voici enfin le retour d’Amina. Epaulée par le DJ Anglais MaJIKer (Matthew Ker) originaire de Birmingham qui a collaboré avec entre autres David Byrne et le fameux Fatboy Slim (ex-Housemartins, Beats Int., Freak Power alias Norman Cook), Amina nous livre cet EP de quatre titres aux confins de la world music et de l’électro. Jadis à Actuel, Jean François Bizot avait inventé cette formule de « primitif et futuriste » dont la définition colle merveilleusement à ces nouvelles chansons d’Amina. Tout d’abord, avec « Noor Reborn », Amina dévoile avec fierté ses racines carthaginoises pour les téléporter dans un futur proche aux cool vocalises, comme si Laurie Anderson (« Oh Superman ») et la béninoise Angélique Kidjo avaient soudain décidé de fusionner. « Unveil » (dévoile) qui donne son titre au EP est un parfait métissage où se mêlent l’anglais et l’arabe, comme un symbole de libération de la femme orientale. « Nothern Lights », chantée presqu’a capella, à base de percussions humaines samplées et reconditionnées par les bons soins de MaJIKer est une sensation absolument émotionnelle. Enfin, « Made In Shaman » me rappelle fortement le « Sweet Lullaby » de Deep Forest, un objet sonique non identifié dont la mélodie évanescente est capable de vous subjuguer avant de vous prendre droit aux tripes sans jamais vous lâcher. Pour paraphraser le titre de la BD de Riad Sattouf, Amina Annabi est indiscutablement l’orientale du futur…mais un futur si proche qu’il se confond dans notre présent. Welcome back Amina !