RACHID TAHA présente MA DISCOTHÈQUE DE MÉTÈQUES

 

 

Taha & Santana

Taha & Santana

Du hard-rock persan en passant par le James Brown marocain ou les popeurs du Liban jusqu’au rap algérien, en attendant son nouvel album qu’on attend depuis dejà cinq ans, Rachid Taha prend le temps de jouer les DJ pour Gonzomusic et de nous révéler sa caverne d’Ali Baba sonique où se mêlent  les sons les plus étonnants du Moyen-Orient.

 

Rachid TahaOn peut dire qu’entre Rachid et moi c’est une longue, très longue histoire d’amour. Tout à commencé au tournant des années 80, lorsque je signais à la fois dans BEST et dans Actuel. Or ma collègue au sein du mag de Jean François Bizot, Elisabeth D était non seulement lyonnaise mais également  la sœur du fameux batteur de Starshooter, Philippe d’Anière. Et elle venait de publier un petit papier sur un groupe inconnu du nom de Carte de Séjour. Or, Christian Lebrun après m’avoir dépéché pour enquéter sur le Rock à Rennes, a récidivé en m’envoyant à Lyon, à la suite des Starshooter, Marie et les Garçons, Killdozer et autres formations lyonnaises. J’en avais bien entendu profité pour rencontrer les Carte de Séjour, qui venaient de signer sur Mosquito, un petit label indé fondé par Bernard Meyet. Et j’avais été scotché par CDS que je suis allé voir répéter sous les combles. Leur tout premier Maxi « Zoubida » n’était même pas sorti et je suis resté subjugué par le son de Rachid et de ses potes, un mélange totalement original de punk rock, de reggae et de ses racines algériennes. Et dès lors, je n’ai jamais cessé de suivre Carte de Séjour, d’abord en les accompagnant sur leur première tournée, lorsque certaines dates se retrouvaient annulés lorsque certains promoteurs découvraient qu’il s’agissait d’un groupe d’arabes ! Même combat chez certains disquaires aux choix artistiques parfois uniquement motivés par leur racisme. Mais CDS s’est accroché, au point de se voir couronner du prix du Rock Français, le fameux Bus d’Acier remporté après Bashung ou Daho. En ce temps-là, Carte de Séjour reprenait le « Douce France » de Charles Trenet et cela faisait aussi hurler les fachos à la mort. Un jour, Oncle GBD

prendra le temps de vous raconter toute cette épopée. Et puis au fil des années Rachid est parti solo, sans jamais rien renier de ses convictions. Avec à ses cotés Steve Hillage, Mick Jones du Clash ou Carlos Santana, Rachid Taha s’est également imposé internationalement. Ses dix albums solos constituent une précieuse collection que je vous engage à consulter largement. Humainement, Rachid est aussi cash et attachant que ses chansons, c’est mon frère et je suis si fier de lui !

Désormais basé juste à coté de chez moi, aux Lilas, dans une petite maison où il s’est ménagé son studio d’enregistrement, je retrouve Rachid Taha l’explorateur des sons pour nous faire partager ses découvertes orientales forcément désorientées. On parle d’abord films, son autre grande passion avec la musique et Rachid cite « L’aventure c’est l‘aventure ». Je lui rappelle qu’il m’a justement présenté Claude Lelouch le soir de la fameuse Demolition Party » du Royal Monceau. Et c’est parti…

 

« Tu sais ce que ça veut dire lelouch en arabe ?

Le juif qui louche ?

(rires)

Direction le hard rock algérien, avec Acyd . Il y a beaucoup de métaleux autour de la Méditerannée. Il y en a aussi en Jordanie, en Égypte, en Arabie Saoudite. Ils sont tous fans de Metallica, de AC/DC. Moi je suis fan d’AC/DC.  Mais aussi de Rob Zombie, un personnage crucial pour le rock. Je suis souvent invité à jouer aussi avec des groupes de metal tunisiens, marocains ou algériens.

Mais toi tu ne fais pas vraiment du metal, c’est plutôt du rock ?Bob Fadoul

Ouah…il y a certains morceaux, c’est carrément du metal. Écoute « Bara Bara ».  Quand j’ai enregistré « Bara Bara », Robert Plant m’a carrément dit : « Enculé, j’aurais voulu que Led Zep le fasse ! ».

Ah carrément !

Ben oui. Et d’ailleurs, sur son prochain album, Santana va justement reprendre « Bara Bara »  !

Avec toi ?

Non, tout seul. Il a déjà repris une chanson de moi, Carlos. « Kelma Kelma », devenue « Migra Migra » chez Santana sur son album « Supernatural ».

Waw… Santana, c’est le tout premier concert que j’ai vu de ma vie, c’était à l’Olympia en 71 juste après « Abraxas »…c’est classe, Rachid ! Tu n’étais pas né…

Ben si (éclats de rire) !

Donc du metal partout…

Oui, dans tous les pays méditerranéens.

Et, donc, tu es un peu le parrain de tout ça ?

Bendaly Family

Bendaly Family

Exact. Ils m’appellent tous « tonton », ces enculés ! (rire) J’ai fait une version du premier titre de Cure « Killing an Arab », en arabe avec un chanteur du nom de Mehdi Haddab et son groupe Speed Caravan. Je suis un metaleux dans l’âme. Mais il faut que je te fasse écouter Bob Fadoul, le James Brown marocain. (en fait il reprend « All Right Now » de Free en arabe devenu « Habibi Funk »…C très cool). Il était ouvrier, il bossait à l’usine avec sa mère, dans une usine Javel Lacroix, c’est dingue. J’y bossais moi aussi. Un jour je le rencontre, je le voyais en Mobylette tous les dimanches, il allait au marché aux puces avec des K7. Je lui ai dit : qu’est ce que tu fais là ? . Tu sais que je chante ? m’a-t-il répondu. En fait ce qu’il faisait, c’est qu’il prenait toutes les Faces B des 45 tours et il chantait dessus. Il avait un allemand pour le manager. Il est mort il y a juste deux ans.

On est en 70, 71 ?

Oui, en 71. Ce soir on fait la discothèque des métèques ! On s’en va en Algérie avec Malika et son « Ya Ya twist », la reprise du « Ya ya » de Louis Armstrong et des Beatles de Hambourg aussi. Rétro, mais kitch et cool. Il faut aussi écouter un groupe libanais des années 70. C’est un frère et une sœur de Beyrouth . Ils mélangent le folk, les Beatles, les Beach Boys. Ce sont les Bendaly Family et c’est irrésistible, avec les choeurs qui font « do you…do you » …superbe et très surfer… Et on va faire un sacré bond dans le temps pour découvrir Saad Lamjarred c’est un Marocain. Le clip est à tomber par terre c’est un ami à moi qui l’a fait.

C’est drôle, décalé, puissant et funky, très second degré un peu Bollywoodien sur les bords. Super cool mon Chidra 😉

600 millions de vues…pas mal pour un marocain.

Saad Lamjarred

Saad Lamjarred

Il en a fait d’autres ?

Oui, plein. C’est une star ? Quand il vient à Paris , Saad Lamjarred, il te remplit le Palais des Congrès et c’est 200 balles la place ! Inutile de préciser qu’il ne descend qu’au George V. On passe à autre chose avec le « rap des paysans » de ma zique traditionnelle avec Azpak, un rapper algérien qui a une vraie personnalité. C’est de la Gasba, la musique algéroise, c’est à la base la musique des bergers. Une musique qui porte en elle la solitude. Le raï en est directement issu.

C’est l’ancêtre du raï, comme le ska par rapport au reggae ?

Oui, vraiment.  Et d’ailleurs excuse moi de parler de moi, mais j’ai fait une chanson comme ça : « Mamachi » sur « Tekitoi » mon album de 2014.

Ah oui, j’ai entendu parler de ce garçon dans Actuel. Il a une carrière prometteuse…parait-il ? Elizabeth D avait écrit un truc sur lui;)

Tu sais ce qu’elle est devenue quand même ? C’est la gourou du Burkina Faso. Elle s’est convertie à l’islam. C’est la patronne des soufis, la patronne de Abd El Malik. Elle s’est mariée avec un indonésien.

Elisabeth d’Aniere ? Je ne le crois pas !

Convertie à l’islam. Une branche du soufiste mostaganem. Et donc Abd el Malik c’est un peu son disciple. Oui mon pote, tu veux des renseignements, tu me demandes. Allez, hop, on part en Iran avec Arsames, un groupe de death metal incroyable et tonitruant. J’ai aussi du metal égyptien en stock.

Comment s’appellent-ils ?

The Kordz

The Kordz

Sat Sobek  et leur album est intitulé « In the Temple of Ptah ». Il y a également, The Kordz une, formation metal libanaise un peu kitch,  qui chante en anglais, mais ultra efficace et qui a toute sa place dans cette discothèque de métèques ! On passe au alaoui, une musique traditionnelle qui vient de l’ouest de l’Algérie. Fares Bigi en reprend les codes dans son rap et c’est assez puissant. Mais il y a encore plus fort avec D.Black, alias Nissim Baruch Black, un rapper feuj et black de Seatttle, Washington.

Tu vois, dans cette discothèque de métèques, mon cher Rachid, on est vraiment multi-cartes

Là c’est une fille du Texas, une américaine; elle doit avoir 25 ans et elle a gagné toutes les Star Ac’ arabes. Elle chante en arabe et elle est hallucinante.

Et elle n’est pas juive par hasard ?

Vous êtes partout, tu as raison. Et, elle chante de manière sublime en arabe, c’est Jennifer Grout. Révélée par l’émission libanais Arabs Got talent.

Oui, c’est vraiment bluffant.

Je vais te présenter un groupe…à un moment donné j’étais président, on a fait les Grammy Awards algériens. J’étais président du jury avec le grand compositeur Safy Bouttela. Et le premier prix que nous avons décerné est devenu un tube planétaire repris dans toutes les langues. Le groupe d’origine s’appelle Babylone et leur « Zina » a été reprise dans plein de langues par un nombre incroyable de groupes, dont une version en hébreu pas dégueu.

Il faut qu’on écoute aussi ton fameux tube en espagnol…

Cheba Maria

Cheba Maria

Oui, mais avant, on va découvrir la coquine Cheba Maria qui chante son « Celibataire » et  le texte est génial. Elle raconte : au début il m’apportait des fleurs, des bonbons. Ilme disait qu’il m’aimait, mais après il a commencé à me poser des questions, savoir tout ce que je faisais. Et après il me mettait des tartes dans la gueule avant de partir avec ses potes en me laissant à la maison. Mais un jour j’ai décidé qu’il valait mieux être célibataire et de rester solitaire. Qu’il aille se faire foutre…

Quoi, c’est ce qu’elle chante ? C’est particulièrement cash !

Oui !

C’est super culotté.

Je vais te faire écouter une autre chanteuse de raï et c’est encore pire. Cheikha Remitti qui chante » c’est fini j’en ai marre » elle vient de Sidi-Bel-Abbès en Algérie.

Et ce truc en espagnol alors ?

C’était pour un film, ils m’ont appelé. J’ai fait cette chanson avec la chanteuse India Martinez, « Nino Sin Miedo » en espagnol en 2014 Ça a fait un gros tube là-bas.

Ah, là dans le clip on dirait un peu Al Pacino, mon Rachido

Oui et aussi Marlon Brando.  J’ai aussi fait un flamenco en 2012, « La noche esta larga » avec la chanteuse Chonchi Heredia. »

Rachid & India Martinez

Rachid & India Martinez

La plupart de ces artistes sont à déguster sur le net et sans modération en disant merci qui…merci Tonton Rachid 😉

Rachid Taha va fêter les 20 ans de « Diwan » le 22 septembre prochain avec un concert exceptionnel en compagnie de Steve Hillage donné à l’Opéra de Lyon…be there or be square 😉

LA DISCOTHEQUE DE METEQUES

 

 

 

 

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