TOM JONES “Surrounded By Time”
C’est le QUARANTE ET UNIÈME album du crooner gallois le plus célèbre au monde, et à 80 balais Tom Jones prouve à nouveau qu’il n’a de leçons à recevoir de personne. La preuve, cette fulgurante collections de reprises de titres rares parmi ses favoris, se classe direct au top des charts British. Sir Jones ne fait pas craquer que les Anglais : la preuve par son meilleur fan frenchie, mister Jean Christophe Mary !
Par Jean-Christophe MARY
Durant ses 5O ans carrière de Tom Jones aura certes connu quelques passages à vide sans être jamais top éloigné des sommets pour autant. Sourire carnassier, voix puissante, le gallois incarne toujours à 81 ans cette variété populaire mâtinée de rythm & blues qui a fait son succès planétaire dans les années 1960 et 1970. Expatrié un temps dans les palaces de Las Vegas, Tom Jones est l’archétype même de la musique populaire anglo saxonne. Et s’il conserve une image de crooner interprétant les B.O.F des James Bond ou de « Mars Attack », son style est en fait bien plus pur, plus personnel. Sa deuxième carrière internationale, a démarré en 1988 avec la reprise de Prince « Kiss » et est aujourd’hui régulièrement alimentée de hits qui lui permettent régulièrement le faire le tour de la planète.
On s’en souvient dans les années 2010, Tom Jones a publié « Praise & Blame » (2010), « Spirit in the Room » (2012) et « Long Lost Suitcase » (2015) trois albums dotés de superbes reprises de John Lee Hooker Leonard Cohen, Willie Johnson, Willie Nelson et Hank Williams, entre autres. Dans ce nouvel opus de reprises, son premier depuis 6 ans, le gallois revisite ses racines musicales, réaffirmant son amour pour le blues, la country, du le folk et le gospel. « Surrounded By Time » s’ouvre sur une version sobre et dépouillée du « I Won’t Crumble with You If You Fall » de la militante et activiste noire américaine, Bernice Johnson Reagon. Tom Jones délivre ici son texte comme seul un prédicateur évangéliste serait capable de le faire. La voix, profondément émouvante, nous colle direct des frissons, dès les premières mesure. Le timbre sincère, rempli d’émotion sonne de manière intime, comme blessé. Ce gospel fait échos à la promesse qu’il avait faite en 2016 à sa femme Melinda sur son lit de mort : celle de continuer à chanter.
Côté émotions « The Windmills Of Your Mind » (« Les moulins de mon cœur ») de « L’AffaireThomas Crown » de Michel Legrand enfonce un peu plus le clou avec ces arrangements dramatiques inquiétants signés Neil Cowley (piano, synthétiseur Moog) et Ethan Johns (Mellotron). Ensuite, on respire un peu avec cette interprétation ludique du « Pop Star » de Cat Stevens, aux multiples séquenceurs electro truffée de notes alambiquées, une chanson qui traite du côté superficiel de la célébrité. Surprenant aussi ce « No Hole in My Head » de la chanteuse folk Malvina Reynolds, revisité par des arrangements rock psychédélique, imprégné d’orgue, de sitar aux effets flanger et percussions pop 60’s. «Talking Reality Television Blues» est une reprise du chanteur folk Todd Snider transformée en une sorte de slam 2.0. La voix baryton parlée de Tom Jones se fait sombre, tranchante, provocante, derrière un halo de guitares électriques boosté par une rythmique pop psychédélique qui rappelle les Doors. Parmi les autres moments forts, citons aussi une version charmante et tendre la ballade «I Won’t Lie», une interprétation poignante de «One More Cup of Coffee» de Bob Dylan et une version là encore émouvante du « Ol’ Mother Earth » de Tony Joe White. Véritable petit joyau de fin de carrière ce disque confirme que la voix intemporelle de Tom Jones (81 ans en juin prochain) traverse le temps sans prendre de rides. À noter dans vos calepins que « The Tiger » sera sur les planches du Grand Rex le 08 Septembre prochain. Avis aux amateurs.