SOUL
C’est le film d’animation le plus coooooool visionné depuis au moins « Toy Story » et c’est normal puisque « Soul » est produit par le même studio Pixar. Mais surtout, le film de Pete Docter baigne littéralement dans la musique et pas que la soul puisque le jazz et le blues accompagnent cette très belle et très addictive fable qui ne vous fera pas pleurer comme… des fontaines 😂 ( fable… fontaine… vous l’avez ?)
C’est un des côtés pervers, mais pratique du confinement dû à la pandémie : avec la fermeture des cinémas, tant de films sortent directement sur les plateformes telles Netflix ou justement Disney+, comme c’est le cas pour ce « Soul » plein de philosophie, de tendresse et d’humanité, mais surtout de cet amour illimité pour la musique, qui irradie l’intégralité de ce super « feel good movie ». Porté par la voix si distinctive de Jamie Foxx, qui incarnait déjà le plus inoubliable des « Ray Charles », « Soul » nous fait partager le périple initiatique de Joe Garner, qui hésite entre les deux voies que lui offre la vie : la stabilité d’emploi d’un pianiste professeur de musique au lycée, qui a bien du mal à faire partager sa passion à ses élèves plus moins motivés, ou au contraire la destinée d’un saltimbanque musicien de jazz qui grille ses nuits, comme la chandelle par les deux bouts, dans l’atmosphère enfumée des clubs, oscillant ad vitam aeternam entre anonymat et célébrité sous les feux de la rampe. Mais, un beau jour, un de ses anciens élèves le contacte, pour lui offrir de remplacer, au pied levé, un pianiste défaillant et d’accompagner sur la scène du club Half Note (clin d’œil au label Blue Note) la fameuse saxophoniste Dorothea Williams. Et notre Joe guilleret se rend à son audition pour les balances du set jusqu’à ce que… ne comptez pas sur moi pour vous apprendre que c’est le physionomiste du club qui a fait le coup… mais sachez que « Soul » nous entraine dans le « great before », un drôle d’univers entre ciel et terre où les jeunes âmes se forgent une existence avant de descendre sur notre planète et d’occuper leur corps.
Toutes… sauf une… baptisée 22, portée par la voix de Tina Fey, cancre rebelle et blasée qui depuis des millénaires refuse obstinément tous les destins qu’on lui offre…jusqu’à ce qu’elle rencontre Joe Garner, qui va faire bien plus que de lui faire partager son amour de la black music. Après bien des pérénigrations, Joe et 22 parviennent à redescendre sur Terre, sauf que 22 occupe désormais le corps de Joe et que ce dernier s’est réincarné… en chat de compagnie pour malades d’Alzheimer. On songe, bien sûr à l’excellent « Vice Versa », où une petite fille analysait tout ce qui pouvait se passer dans la tête d’une enfant qui grandit. Cependant « Soul » se hisse largement au niveau supérieur par la qualité de ses images au graphisme juste vertigineux. New York, où se situe principalement l’action, est réinventé avec génie et participe très largement à l’attrait du film. Et, s’il faut attendre le générique de fin pour comprendre que ce « Soul » tire son titre d’une citation de la sublime composition des Impressions de Curtis Mayfield « It’s Allright », durant les 101minutes que durent ce dessin animé, qui ne ressemble à aucun autre, on se délecte également de quelques standards du jazz de Duke Ellington et de l’inoxydable « Blu Rondo A la Turk » de Dave Brubeck. C’est dire si « Soul », cette belle âme, n’a pas fini de nous subjuguer.