ECHOSMITH : La nouvelle pop rafraichissante de LA
Sydney, Jamie, Noah et Graham Sierota n’ont pas choisi leur patronyme au hasard : Echosmith est la contraction de Echo (and the Bunnymen) et des Smiths (de Morrissey), deux références aussi impeccables que 80’s et British. Et si les « Sierota Four » sont incontestablement frères et sœurs, c’est effectivement à la manière des Jackson 5. Bref, ce pur quatuor pop californien est également une histoire de famille, en plus d’un amour partagé pour la musique de leurs parents.
Lorsque je suis tombé par hasard sur le premier single d’Echosmith, le délicieux « Cool Kids », non seulement je n’avais rien entendu de tel « made in LA » depuis le « Bubly » de Colbie Caillat, mais surtout cette pop aérienne évoquait deux références particulièrement émotionnelles pour moi puisqu’il s’agit des Bangles ( « Manic Monday » , « If She Knew What She Wants ») et des Gogo’s ( « Our Lips Are Sealed « , « Tonite ») dont j’avais publié les toutes premières interviews dans l’Hexagone au tournant des 80’s. Un sentiment nostalgique que semblent largement partager les frangins Sierota, tous unis derrière la lead vocaliste, leur sœur Sydney, dans une même passion : celle de la discothèque de leurs parents. Car ils sont fans de groupes qui datent d’avant leur naissance. Echo and the Bunnymen, les Smith, mais aussi New Order, OMD, les Talking Heads et les Motels qui complètent leur carnet de bal. C’est dans la San Fernando Valley, au nord des collines d’Hollywood, que tout démarre pour Echosmith lorsque ces kids décident de pousser les canapés du salon familial pour organiser leur première répétition. A la maison les instruments ne manquent manifestement pas, très vite les gamins s’en emparent pour monter leur propre groupe. On notera au passage que les parents Sierota ont particulièrement bien choisi l’environnement idoine pour élever leurs quatre enfants, dans une localité baptisée Toluca Lake, idéalement située très exactement entre Studio City, la ville d’Universal et Burbank, celle de Warner Bros. Cela devait sans doute être prémonitoire car Echosmith va justement signer chez Warner, qui publie leur tout premier CD intitulé « Talking Dreams » (le « Talking Book » de Stevie Wonder percutant le « Dreams » de Fleetwood Mac ? Maybe).
LA band
Lorsque le groupe se forme en 79, la jeune Sydney a tout juste 11 ans tandis que Jamie le guitariste et l’ainé n’en a que 17. Noah 15 ans tient la basse, tandis que Graham, le cadet batteur de la fratrie n’a que 10 ans. Six années plus tard, ils ont tout juste 73 ans à eux quatre et hier soir pour leur tout premier show Parisien au Nouveau Casino, Echosmith a largement démontré une véritable dextérité scénique digne de vétérans au moins deux fois plus âgés qu’eux. Sydney, d’abord petit bout de femme souriante et énergique dont la voix acidulée me rappelle celle de Martha Davies, la front-woman d’un autre groupe de LA que j’adorais : les Motels. Derrière Syd, les trois frères chantent en harmonie, nous offrant même live une surprenante séquence a cappella entre les Beach Boys et C, S &N. Et si la machine Echosmith tourne effectivement avec la régularité d’un moteur surpuissant de Dodge Challenger, elle carbure derrière Jamie et sa guitare qui vrombit de manière hypnotique à la manière de Cure. Jamais en panne de références, pourtant sans jamais copier, Echosmith s’abreuve aussi à la source des Talking Heads reprenant en totale liberté leur composition « This Must Be The Place ». Pop mais aussi délicieusement rétro-New Wave, Sydney et ses frangins ont ce parfum légèrement acidulé des Red liquorice que certains disquaires de Los Angeles ( remember Liquorice Pizza ?) offraient jadis à leurs clients à volonté dans de gros bocaux. Bref, pari gagné pour les kids d’Echosmith : la fraicheur de « Talking Dreams » nous portera jusqu’au bout de l’été et bien au delà sans doute. Et on peut dorénavant prendre les paris, à leur prochain passage dans la capitale, notre quatuor de LA fera au moins vibrer un Bataclan, voire un Zénith et les quelques dizaines de participants au concert d’hier se souviendront avec émotion de leur premier live intimiste d’Echosmith.