BRUCE SPRINGSTEEN « Western Stars »
Certes, « Western Stars », le DIX NEUVIÈME album studio de Bruce Springsteen est sorti depuis déjà deux mois, mais comme il n’est jamais trop tard pour les braves, voici ENFIN son compte-rendu et, comme on pouvait s’en douter, il est absolument élogieux. Avec cet album aussi intimiste que cool, sans doute inspiré par sa résidence au Walter Kerr Theater de Broadway, on retrouve un Boss au plus haut de sa forme qui signe un de ses meilleurs disques.
Et tout commence, justement, comme au Walter Kerr : le Boss seul avec sa guitare, irrésistible baladin moderne dans un univers totalement dépouillé où la voix et les textes se retrouvent forcément au premier rang sous les feux de la rampe. Dès les premières mesures, on est alpagué par son « Hitch Hikin’ » aussi intemporel que nostalgique. Suit « The Wayfarer » (le voyageur) où les violons pulsés et les cuivres s’unissent à la voix de Bruce-le-vagabond soudain téléporté avec élégance dans la nostalgie de Glen Campbell. Vous l’aurez compris, « Western Stars » est un voyage dans le temps qui nous ramène droit à l’utopie des 70’s, loin, si loin de l’Amérique sclérosée de Trump. Et, au fur et à mesure où il se dévoile, cet album est une pure bouffée d’oxygène. Comme un thème pour un western imaginaire – non, pas celui de Mountain 😉 – Brucie nous entraine dans son « Tucson Train » et il suffit de fermer les yeux pour voir défiler le désert, les cactus et les tumbleweeds qui rockent et roulent dans un paysage désolé où il ne manque qu’une ville-fantôme abandonnée par ses chercheurs d’or. Et, si son « Tucson Train » évoque légèrement un autre train, le « Downtown Train » de Tom Waits, il porte surtout en lui toutes les caractéristiques d’une perle Springsteenienne : l’émotion, l’amour et surtout le romantisme. Plus sombre, la chanson-titre trace le portrait d’un de ces personnages broyés par la vie qu’affectionne tant celui qui était « né pour courir ». Tel un joyau dans son écrin de violons, la chanson « Western Stars » évoque également bien d’autres aventures intimistes du Boss, à l’instar de son « Nebraska » de 82.
Délicatement tex-mex « Sleepy Joe’s Café » fait quasiment résonner le bruit des éperons sur le parquet d’une intemporelle cantina. « Drive Fast ( The Stuntman) » raconte encore une histoire d’un héros aux ailes brulées, un de ces naufragés de l‘existence qu’affectionne tant BS, un personnage qui se raccroche à son amertume comme à une bouée de sauvetage pour survivre à tout prix. « Chasin’ Wild Horses », est une délicate et tendre crépusculaire balade country, portée par la mélancolie des violons. Sans doute une des plus belles de tout l’album, « Sundown » est de ces compositions « chair de poule » dont le Boss a le secret, tel que pouvaient l’être « Streets of Philadelphia » ou « Point Blank » en leurs temps. « Somewhere North of Nashville » dépouillée se révèle cash comme Johnny…Cash. “Stones” est une balade cool et délicate, mélancolique et tendre. « There Goes My Miracle » lyrique et puissante, est un titre émotionnel où Brucie vocalise de manière la plus spectaculaire, nous téléportant aux plus hauts sommets de son art. « Hello Sunshine », l’incontestable hit du projet, évoque, en mode slow-motion, le brillant « Everybody’s Talkin’ » dans sa version Harry Nilsson, et ce n’est que du bonheur. Enfin, ce western magnifique s’achève au « Moonlight Motel » où tout aficionado authentique de Springsteen ne manquera pas de résider…virtuellement. En conclusion, « Western Stars » sous sa pochette ornée d’un indomptable bronco qui rappelle les albums du Quicksilver Messenger Service se révèle d’une exceptionnelle qualité, se classant incontestablement parmi les 5 meilleurs albums de notre juvénile petit gars du New Jersey, malgré ses 69 printemps…en attendant la sortie en octobre de « Western Stars » le concert filmé, dont vous découvrirez la bande-annonce ci dessous.