Leonard Cohen se paye Kanye West de l’au-delà
C’est à peine croyable, mais c’est bien une voix d’autre-tombe qui porte l’estocade à un Kanye bouffi d’orgueil qui a définitivement pété un câble avec son amour immodéré de Trump. Deux ans après sa mort, Leonard Cohen, dans « The Flame », un recueil posthume de ses écrits inédits nous réserve ce poème incroyable intitulé « Kanye West is not Picasso » et si l‘on pouvait encore douter du caractère messianique du Canadien, ce texte incroyable achèvera de lever vos derniers doutes : Cohen is God !« Kanye West n’est pas Picasso
Je suis Picasso
Je suis Edison
Je suis Tesla
Jay-Z n’est le Dylan de rien du tout
Je suis le Dylan de tout
Je suis le Kanye West de Kanye West
Le Kanye West
Du grand bouleversement bidon de la culture de la connerie
D’une boutique à une autre
Je suis Tesla
Je suis son inducteur
L’inducteur qui a su rendre l’électricité aussi douce qu’un lit
Je suis le Kanye West que Kanye West croit être
Quand il te botte le cul hors de la scène
Je suis le vrai Kanye West
Je ne me déplace plus beaucoup
Je ne l’ai jamais beaucoup fait
Je ne me sens vraiment vivant qu’après une guerre
Et nous ne l’avons pas encore eu »
Kanye West n’est pas Picasso, poème de Léonard Cohen écrit en 2015, extrait de son « The Flame »
Pour info, le Tesla en question n’est pas la marque automobile fondée par Elon Musk, mais une référence à l’inventeur Nikola Tesla qui a inventé les premiers alternateurs et ipso facto contribué à l’invention de l’électricité au tournant du XXéme siècle. Quant à Picasso, c’est une référence directe à un discours halluciné et au titre mégalo de l’album de Kanye West « The life of Pablo ». Quant à Bob Dylan, il trouve sa source dans la chanson de 2013 de Jay-Z intitulée « Open Letter » où ce dernier s’autoproclame « le Bob Dylan de la musique rap ». Quant à la référence à la « guerre » elle nous fait aussi songer à ma chanson favorite de Cohen, celle qui me fait immanquablement couler les larmes dans les yeux « The Partisan ». Anyway, on peut dire que jamais Kanye West, et son « trumpisme » exacerbé, n’auront été autant fustigés d’outre-tombe. Publié grâce au travail d’ Adam Cohen, le fils de Leonard, ce dernier déclare au Guardian :
« Mon père tenait à préserver la magie de son écriture. Et surtout, ne pas la démystifier. Tout est chanson, tout est poésie. Pour lui, il n’y avait pas de délimitation. Il se disait lent », souligne Adam, « Il écrivait des poèmes sur Leonard Cohen, qu’il qualifiait de « fainéant en costume. » En fait, c’était un perfectionniste féroce, dévoué à un niveau de rigueur presque impossible, et porteur d’une discipline monastique. C’était un homme empreint d’une quête, d’une mission ». L’ouvrage « The Flame », selon les instructions de Cohen lui-même, est divisé en trois parties. D’abord on trouve une sélection de 63 poèmes, dont certains, déjà publiés auparavant, remontent à plusieurs décennies. Une seconde partie reproduit des textes de chansons, parfois alternatifs à ceux qu’il a enregistrés, extraits des trois derniers albums plus « Blue Alert », qu’il avait écrit, mais qui avait été enregistré par sa choriste Anjani Thomas. Enfin, la troisiéme partie de l’ouvrage est constituée d’extraits des carnets de notes de Leonard Cohen, sélectionnés par Adam parmi plus de 3000 pages rédigées sur les soixante dernières années de la vie de l’artiste jusqu’au jour de sa mort. On retrouve également à travers ce « The Flame » de nombreux croquis et dessins réalisés par Cohen. Publié en anglais depuis le 5 octobre dernier chez Canongate, et en France depuis le 11 octobre aux éditions du Seuil dans une traduction de Nicolas Richard, il est sous-titré « Poèmes, notes et dessins ».