UNBURYING THE GEMS: THE NICE
Encore un joyau rock forcément méconnu exhumé du coffre à trésors de l’ami Ramon Pipin avec the Nice, dont le patronyme n’était non pas à l’époque un hommage à la cité de l’infâme Jacques Médecin, mais la toute première formation d’un clavier surdoué, avant qu’il ne rejoigne ELP, Keith Emerson hélas décédé trop tôt le 11 mars 2016 à seulement 71 piges. The Nice se distinguait par sa propension à piquer dans le catalogue classique comme dans le bocal à confitures pour inventer un rock aussi psychédélique que planant qui n’aura duré que quelques mois et une poignée d’albums.
Par Ramon PIPIN
J’ai eu la chance de voir The Nice live au mythique Marquee à la fin des 60’s. Keith Emerson qui plante des couteaux entre les touches de son Hammond L100, qui le secoue pour faire tonner la reverb à ressort, qui grimpe dessus comme Buffalo Bill sur son destrier, qui joue couché ou à l’envers derrière le clavier… Unforgettable. Aux drums, l’exceptionnel « Blinky » Davison, à la basse mais piètre chanteur, Lee Jackson et à la Telecaster, l’immense David O’List, totalement oublié aujourd’hui bien qu’il fût l’un des grands guitaristes de cette époque. Son chorus dans « America » est pour moi l’un des sommets guitaristiques des 60’s, avec ces larsens, cette attaque à la tronçonneuse et ces dissonances. Ici, extrait de leur fabuleux premier album, « The Thoughts of Emerlist Davjack » — produit par Glyn Johns —, on a droit à un concentré d’audace et d’excitement qu’on se prend comme un uppercut, avec entre autres ce titre « Bonnie K ». Sorti 6 mois avant le « White Album » des Beatles et « Helter Skelter » auquel il me fait penser, ce titre préfigure le mouvement punk de plusieurs années, avec ces guitares hyper-saturées, ce riff basiquement efficace et les jappements vocaux de Lee Jackson. Et nous sommes avant les errements pompiers de ELP… Des étoiles dansent encore devant mes yeux lorsque je me remémore ce concert inoubliable.