TOM PETTY NE VOLERA PLUS JAMAIS
Encore sous le choc de la tragique et subite disparition de Tom Petty, je n’ai pas su trouver le courage hier soir de vous faire partager l’épopée du rocker de Gainesville, Florida. Mais sa voix féline inimitable, son jeu de guitare si émotionnel , ses compositions dorées au soleil du grand ouest faisaient de Thomas Earl Petty un authentique héros du rock yankee. Retrouvé inconscient hier dans sa propriété de Malibu, il a été officiellement été déclaré mort hier soir à l’hôpital de UCLA. Le 20 octobre prochain, Tom Petty aurait célébré ses 67 ans. « Im learning to fly, but I ain’t got wings ( j’apprends à voler, mais je suis dépourvu d’ailes) »…hélas, Tom Petty ne volera plus jamais …
« She was an american girl raised on promises »… « American Girl », une des perles de cet extraordinaire 33 tours éponyme de Tom Petty et de ses Heartbreakers, j’avais vingt ans et c’était mon tout premier choc frontal avec un rocker solaire que j’écouterai jusqu’à la fin de mes jours. « Maudites soient les torpilles ( damn the torpedoes) a tweeté Antoine de Caunes avec une photo de l’étoile dorée de Petty sur le bitume du légendaire walk of fame de Hollywood Boulevard. Putain de torpilles cardiaques, indeed car notre Tom Petty a succombé hier soir à une crise cardiaque massive dans sa villa perchée sur les hauteurs de Malibu.
Le site people TMZ a d’abord annoncé la nouvelle, puis tous les médias américains l’ont suivi. Né à Gainesville, localité de 100.000 habitants située au nord de la Floride, Thomas Earl Petty est un peu tombé dans le rock, à la manière d’Obélix, dés son plus jeune âge, lorsque son père qui travaillait sur le tournage du film d’Elvis Presley au titre visionnaire de « Follow That Dream » l’a infiltré sur le plateau. Croiser Elvis à 11 ans aura .sans doute servi de détonateur au jeune blondinet. L’autre élément déclencheur de la vocation de Petty aura été comme tant d’Américains de cette génération le choc des Beatles au fameux Ed Sullivan Show en 1964. Trois ans plus tard en 67, Tom Petty abandonne le lycée pour suivre des cours de guitare auprès d’un concitoyen, un certain Don Felder que le monde découvrira plus tard en tant que guitariste des Eagles. Après quelques petits groupes comme the Epics ou le fugitif Mudcrutch, Petty va fonder ses Heartbreakers avec deux autres natifs de Gainesville, le guitariste Mike Campbell et le claviers Benmont Bench. Le reste appartient désormais à la légende. Le groupe est signé par le label indépendant Shelter records, distribué par ABC Dunhill, l’ancètre de MCA et par conséquent d’Universal records et l’album éponyme de Tom Petty sort cette fin d’année du bicentenaire des États-Unis. Et,dés la première écoute dans la chambre d’ado de mon pote Maurice, c’est un coup de foudre rock, avec l’imparable « Breakdown » puis « American Girl », c’est une secousse sismique de la puissance d’un « Born To Run » de Springsteen.
« Promotional copy not for sale»
Quelques années auparavant à Paris j’avais eu une petite amie américaine que son « American Girl » évoquait intensément pour moi : « oh yeah, make it easy, baby. Make it last all night. She was an american girl ( allez sois cool, bébé. Fais que ça dure toute la nuit. C’était une nana américaine). De même, « Breakdown » devenait d’un coup la plus belle chanson de rupture jamais composée à l’instar de l’irrésistible « Waiting » compo magique dédiée à ce moment privilégié de l’attente amoureuse, enregistrée sur son 4éme LP de 81 « Hard Promises ». Cet été 78 à LA, étudiant en droit quelque peu bluffeur, je parviens à convaincre le département international de chez MCA records…que je suis un célèbre disc-jockey parisien ( J’ai fait le même coup chez Warner à Burbank, Island records sur Sunset, et quelques autres. J’avais également réussi à me faire inviter au show des Stones de la tournée Some Girls au stade d’Anaheim, le jour de mon anniversaire ) Grace à ce bluff, non seulement j’ai récupèré « You’re Gonna Get It », un de mes premiers albums estampillé « promotional copy not for sale», mais j’ai aussi reçu des billets pour un concert de Tom Petty & the Heartbreakers au légendaire Whisky A Gogo. Ce jour-là, assis à ma table à nappe de carreaux rouges, je comptais parmi les moins de 30 spectateurs d’un concert forcément légendaire à mes yeux. Le second 33 tours était sorti depuis mai et Petty and the Heartbreakers m’ont offert un show à 100 à l’heure, mixant mes favorites telles « American Girl » aux riffs incisifs des compositions de « You’re Gonna Get It », comme « Too Much Ain’t Enough », l’entêtante « I Need To Know » ou la romantique « Liste To Her Heart ». Quarante ans plus tard, il suffit que je ferme les yeux pour me remémorer ce concert incroyable où, dans de puissantes déflagrations énergétiques, Tom Petty secouait intensément sa longue chevelure blonde. De même, jamais je n’oublierai ce moment privilégié de l’émission Chorus d’Antoine de Caunes filmée au théâtre de l’Empire avenue de Wagram où Petty et ses Hearbreakers faisaient le grand show pour une poignée de privilégiés, dont votre serviteur, envoyé « spatial » de BEST.
So long dear rockin angel and thanx for such good vibes
Au fil des ans, avec ou sans ses Heartbreakers, à la manière de Neil Young et de son Crazy Horse, Tom Petty nous gratifie de ses radieuses compositions si souvent vouées à l’amour ou son alter ego le dépit amoureux, « chartant » à chaque fois deux, voire trois hits imparables. « Refugee », « Even the Losers », « Century City » « Don’t Do Me Like That », « Waiting », « Letting You Go », « Don’Come Around her No More », « Free Fallin’ », « I Won’t Back Down », « Learning To Fly », « into the Great Wide Open », « Time To Move On », « You Wreck Me », « Free Girl Now », »Turn This car Around », « The Golden Rose » pour n’en nommer qu’une poignée. À la fin des 80’s le chanteur guitariste rejoint le supergroupe Traveling Willburys aux côtés de Bob Dylan, George Harrison, Jeff Lynne et de Roy Orbinson. Aux côtés de Stevie Nicks ( « Stop Dragging My Heart Around ») ou d’Eric Clapton ( « Eric Clapton and Friends »), Tom Petty n’a jamais déçu ni dérogé de son statut de fulgurant guitar-hero. Certes si j’ai eu au moins le privilège de le croiser, je ne l’ai jamais officiellement interviewé. Et avec Marvin Gaye, cela restera l’une de mes grandes frustrations journalistiques. Aujourd’hui, le rock de Tom Petty est pulsé par toute la puissance de mon ampli Luxman, et cela constitue sans doute la meilleure façon de lui rendre hommage, tout en épongeant le chagrin de sa disparition à seulement 66 printemps. So long dear rockin angel and thanx for such good vibes…during all those years !
« … la meilleure façon de lui rendre hommage, tout en épongeant le chagrin de sa disparition à seulement 66 printemps. » Mes hommages pour l’hommage, mais console-toi vite, cher GBD. Dans la mesure où l’on doit tous casser son calumet un jour, il y a pire destin que de casser le sien d’un coup à 66 ans près de la plage de Malibu. C’est quand même moins cruel que de creuser lentement son trou dans une résidence pour grabataires jusqu’à 97 ans, non?
THANX 😉
Une interview de Tom Petty ?il y en a une ici, faite en 1976 et publié en 1977 (en bas de page dans le fanzine Sneakers qui avait bien pressenti le calibre du bonhomme).
http://www.bebopo.biz/tom-petty-the-wild-one-forever/
Merci Léon