THE SPINNERS « Full Circle »
Au début, j’étais bien plus que dubitatif : the Spinners ? Comme un retour vers le futur du son doré et adoré du Philly Sound des 70’s…nnnaaannn pas possible ! Et pourtant… selon l’adage populaire, même s’il ne reste qu’un seul membre fondateur, le baryton Henry Fambrough en l’occurrence, ce sera bien celui-là… pourtant, seul et triste paradoxe, ce dernier nous a quittés en février dernier et, par conséquent ce premier album des Spinners, depuis le crépuscule de 80’s, sera aussi sans doute le tout dernier. C’est dire si à l’écoute de ce « Full Circle » mon sang n’a fait qu’un tour. Même si j’admets que cette néo-soul, qui cool coule comme le chocolat chaud sur les profiteroles, on la dégustera cette fois la larme à l’œil. Henry this one is for you… et thanx for your service, comme on dit des héros tombés au … chant d’honneur !
« I’ll Be Around », « It’s A Shame », « Could It Be I’m Falling In Love », « Ghetto Child », « Then Came You » avec Dionne Warwick ou encore « The Rubberband Man », tout au long des 70’s, les Spinners, même s’ils étaient originaires de Detroit, incarnaient la crème de la crème du fameux Philadelphia Sound ; et tant pis si la chantilly était parfois un peu épaisse, nul ne se souciait alors de calories superflues. Avec les Temptations, les Four Tops, les Isley Brothers et Harold Melvin & the Blue Notes, ils avaient écrit parmi les plus belles pages de cette blackitude agitée. Anyway… je pensais mes chers Spinners disparus corps et bien, comme Jack lâchant sa planche de salut dans « Titanic ». Erreur… lamentable erreur, car tel le Phénix renaissant de ses cendres, et malgré l’absence de 4 Spinners décédés sur 5, la magie subsiste et croyez-moi ce n’est pas seulement une question rhétorique de nostalgie : cet album ; certes « adult oriented » comme on dit, est totalement groovy. Unique ombre au tableau, la disparition d’Henry Fambrough, le dernier des Mohicans des Spinners, décédé de sa belle mort – comme on dit malgré l’ironie de la chose-à 85 ans en février dernier, après avoir achevé ce tout dernier opus. Et dés le tout premier titre « After Hours » on tombe sous le charme retrouvant toute l’insouciance, la légèreté et bien sûr l‘harmonie qui distingue la marque de fabrique des hits des Spinners. Vocaux sucrés, mais énergiques, portés par des cuivres qui groovent grave, on tombe forcément sous le charme.
Et ce n’est qu’un début… comment résister à ce « Rainy Saturday » slow qui ferait pleurer des rivières et qui nous suggère d’écouter Marvin Gaye en restant doucement sous la couette avec une Belle sous ses faux-airs de « Ghetto Child ». Puis, avec « Easy On Me » nos Spinners continuent à nous séduire de leurs mélodies couleur sucre brun. Mais il faut attendre le good groove de « Dreaming Bout’ You » pour que l’album décolle vraiment, porté par ce tube up-tempo aux harmonies ensoleillées, que beaucoup de youngsters pourraient leur envier. Retour à la case nostalgie, avec la suivante « U’re Not There », hymne aux cœurs brisés. Quant à « New Level », elle joue à fond la carte de la séduction et l’on songe un peu aux Boyz II Men ou aux DeBarge, remontant joyeusement le temps jusqu’aux 90’s. Mais c’est avec la mélodique « Hostage ( Can’t Let You Go) » que nos Spinners renouent avec l’art de l’imparable ritournelle. Et c’est avec la cool « Angel Love » que s’achève cette belle et paradoxalement triste histoire, preuve s’il en est que les Spinners n’ont pas fini de nous faire tourner la tête… même pour une ultime fois. On peut dire qu’Henry Fambrough aura tiré sa révérence en toute beauté et ce n’est pas donné à tous.