THE ROLLING STONES « Totally Stripped Paris Olympia 1995 »
Par Jean Christophe MARY
Les Rolling Stones exhument leurs archives personnelles avec le concert intégral du show donné à l’Olympia, Paris en juin 1995. Lors de la tournée mondiale « Voodoo Lounge » jouée dans des stades gigantesques entre 1994 et 95, les Rolling Stones décident de donner une poignée de concerts intimes et dépouillés dans de petites salles pour y donner des sets à l’esprit « unplugged » de l’époque. C’est ce show que l’on découvre aujourd’hui à travers des images et une bande son entièrement remixée et re-mastérisée.
Les Stones complètement à poil ! Les Rolling Stones qui venaient d’effectuer leur grand retour sur scène en 1989 avec le « Steel Wheels Tour », leur plus longue tournée à l’époque (et la dernière avec le bassiste Bill Wyman. !) étaient à nouveau à la faveur de leur tout nouveau tout chaud « Voodoo Lounge ». Dans la foulée de deux concerts géants à l’Hippodrome de Longchamp, face à 50.000 fans, Mick Keith, Ron et Charlie donnaient un show intimiste à l’Olympia, devant un peu moins de 2000 privilégiés. Après plusieurs années d’errance, de tensions entre Mick Jagger et Keith Richard dans les 80’s, les Stones se remettent à faire du vrai rock’n’roll, du rock traditionnel marqué par un retour aux racines du folk anglais, du blues et de la country. Dès les premiers accords de « Honky Tonk Women », la foule s’enflamme face à un Jagger en forme olympique. On y découvre un groupe soudé, complice et brillant, soit 22 titres compacts, où les Stones nous offrent leurs plus beaux morceaux de bravoure. Ce soir-là, les Stones jouent soudés et vont à l’essentiel.
Les guitares de Ron Wood font toujours leur petit effet, notamment à quand il passe à la slide guitar et la pedal steel, ce qui apporte une couleur particulière aux chansons, comme le faisait Brian Jones à son époque. Si Keith Richard et Ron Wood font des étincelles sur l’ensemble du set, on garde en mémoire des versions brûlantes tel ce « Midnight Rambler » d’anthologie qui fait trembler les murs de l’Olympia. Le groupe s’amuse à puiser dans ses meilleure titres, notamment certaines jamais ou rarement jouées sur scène comme « Down In The Bottom » d’Howlin’ Wolf (où la slide guitar de Ron Wood fait des étincelles !), « Shine A Light », « Like A Rolling Stone » de Bob Dylan pour la première fois en public ou ce « Rip This Joint » sous haute tension électrique. Sur ces hits, on jubile sur le son et le jeu de Charlie Watts. Comme l’explique si bien Keith Richards dans sa biographie Life : « La plupart des batteurs jouent les quatre temps sur la charleston, mais sur le deuxième et quatrième temps qui forment le backbeat un élément fondamental du rock’n’roll, Charlie s’arrête en position levée et il fait mine de le toucher et se retire. C’est donc la caisse claire qui domine à ce moment, au lieu de créer une interférence. Quand vous le regardez faire ça il y a de quoi chopper une arythmie cardiaque. On dirait qu’il suspend le tempo… ». On (re)découvre également des titres addictifs « Brown Sugar », porté par ce riff jouissif et immortel, où les guitares se marient à merveille à la voix de Jagger, le rythm ‘n’blues « You Got Me Rockin » où les guitares croisées de Keith Richard Ron Wood cisaillent et se fondent en totale osmose. On apprécie autant « It’s Only Rock’n’Roll » tout comme le prenant « Jumpin Jack Flash » ou encore le rutilant « Let It Bleed», deux titres attrape cœurs immortels eux aussi. Cerise sur le gâteau, on se délecte autant à l’écoute de « I Go Wild » que sur les balades attrapes cœur que sont « Beast Of Burden », « Angie » et « Wild Horses ». Cette excellente setlist complète et bien fournie permets de (re)découvrir les standards incontournables que les Rolling Stones ont enregistrés sur 4 décennies. Certains titres de l’Olympia avaient déjà été publiés en 2016 lors de la réédition du documentaire « Totally Stripped » mais mêlés à ceux du Paradiso d’Amsterdam et de la Brixton Academy de Londres, également enregistrés dans les mêmes conditions ( mais il existait déjà un pirate double CD assez qualitatif de ce show historique : NDREC). C’est donc la première fois que ce concert attendu par les fans est édité seul et en intégralité, en double CD et SD Blu-ray et en triple vinyle. Qu’on se le dise !