SOUL QUI PEUT 90
Voici 31 ans dans BEST, GBD analysait la blue-eyed soul made in Great-Britain du moment en compagnie des Wet Wet Wet, ABC, Shakespears Sister, Carmel, Hipsway, sans oublier Liza Minnelli remodelée par the Pet Shop Boys dans le rôle des Pygmalions et, forcément, on y retrouvait à la fois à boire et à manger. Trois décennies plus tard que reste-t-il de cette musique de l’âme qui a fondu comme neige au soleil. Flashback….
Publié dans le numéro 258 de BEST sous le titre
BLUE EYED SOUL EXPRESS
Souleurs poppers invétérés, je craquais depuis longtemps sur les glaswegiens Wet Wet Wet et Ieur Motown Sound si délicatement caramélisé. Hélas, trois fois hélas, ce second album auto-produit avec une indulgence ostentatoire est aussi coloré et indigeste qu’une pâtisserie british overdosée de sucreries kitchs. Arrangements qui patinent dans la semoule, adrénaline diluée, tempo uniforme de crooner, Marti Pellow joue sans confidence la panne d’oreiller. L’absence totale de recul dans la réalisation de leur LP coule les Wets dans leur feeling mouillé mouillé mouillé, too bad !
Inversement, Martin Fry parvient avec talent à cumuler son smoking élégant de Mr Loyal, sur la piste aux étoiles du grand cirque ABC, et la casquette du producteur derrière ses manettes. Notre dandy fétiche de Sheffield prouve qu’il a sû assimiler toutes les leçons inculquées par Trevor Horn depuis le « Lexicon Of Love ». Techno funk futuriste pour une irrésistible invitation à la danse « Up » mérite largement son titre en culminant sans peine au-dessus des ténors actuels du genre que sont Holly Johnson ou les Blow Monkeys. ABC pulse Ia fièvre des cuivres et c’est rageusement contagieux.
Preuve qu’on ne fait pas d’Hamlet sans casser d’œufs (ha ha ha ), Siobhan l’ex-Bananarama et actuelle Madame Dave Stewart technofunke avec mollesse sous le pseudo de Shakespears Sister, bof bof bof !
Quatrième volet de ses soul aventures et Carmel n’a rien perdu de ses super-pouvoirs de vocaliste, même si elle continue à exploiter le filon. Miss McCourt est loin d’être à court d’émotions et elle le prouve dans la démesure de quelques chansons comme « Take It For Granted » produite par Eno, « Onward » et sa lenteur caline, « You Can Have Him » et sa négrospiritualité ou le single salsa bluesé en VO/VF «I Have Fallen In Love » (Je suis Tombée Amoureuse) ». Et si « Set Me Free » ne fait pas tout le tabac que mérite son job émotionnel de haut-vol, je veux bien rentrer au couvent des Carmel-hits.
Dé(ca)pité par le départ de John McElhone pour Texas, Hipsway est à l’image de ces poulets qui continuent à courir vaille que vaille. Loin d’égaler le premier LP, ce « Scratch The Surface » se traine en soul anémiée sur la plupart des titres à l’exception du seul soul 45tours « Your Love » et c’est bien peu.
Welcome to the blue eyed soul club à Liza Minnelli qui a su se donner corps et âme aux scalpels des re-lifteurs du son-choc, les Pet Shop Boys. Baptisée « Résults » la galette est croquante à souhait dans un univers pulsé qui glisse comme une Phantom IV dans la campagne anglaise. Machine à rêve pour glamour boys and girls, le ménage à trois Liza, Neil et Chris n’a pas fini de défrayer nos chroniques en s’agitant sur un merveilleux lit de synthès et de boites à rythmes dans une sensualité grisante, mais désincarnée. Cabaret futuriste, Liza sera-t-elle la Blondie brunette des 90’s, une Barbarella pop soul ou une mutante en technico-transes ? Réponse de l’autre côté du miroir des 90’s.
Publié dans le numéro 258 de BEST daté de janvier 1990