QUAND STEPHAN EICHER TOURNAIT « TWO PEOPLE IN A ROOM »

STEPHAN EICHER

Son 3éme album intitulé « I Tell This Night » venait tout juste de sortir et le premier single « Two People in a Room » était la puissante locomotive ( Suisse à crémaillère) qui propulsait Stephan Eicher jusqu’à la cime des charts. Et voici 30 ans lorsqu’un label aimait son artiste, il ne comptait pas pour lui offrir le clip de ses rêves. Ou presque. Logique que GBD l’envoyé spécial vidéaste de BEST soit sur le coup. Flash-back…ferroviaire !

Dans le Barclay de Philippe Constantin – avant l’ère Pascal Nègre, donc !- on aimait les artistes pour ce qu’il savaient être de mieux…des artistes. Constantin avait une véritable vision artistique. Et il était sans doute le plus grand « talent-scout » , découvreur de talents depuis Eddy Barclay. N’avait il pas révélé les Higelin, Telephone, Starshooter avant de nous offrir Bashung, Noir Désir, Mory Kante, Salif Keita, Khaled…ou justement Stephan Eicher. Révélé aux Transmusicales, notre Bruce Springsteen helvète était aussi une sorte de Brian Eno pop, en parfaite symbiose avec sa guitare et ses machines qu’il contrôlait alors seul sur scène pour inventer son rock si attachant. Pour Stephan, si « I Tell This Night » devient l’album de LA révélation auprès du public français, le détonateur de ce succès naissant sera incontestablement cette entêtante et romantique rengaine que pouvait être « Two People in a Room ». Et ce clip tourné l’hiver 1986 contribuera largement à cette Eichermania naissante.

Publié dans le numéro 220 de BEST sous le titre :

lVRY-ZURICH

Eicher by Jean-Yves Legras

Eicher by Jean-Yves Legras

Vous imaginez le décor: Stephan et la Belle, couchés dans le foin, mimant bucoliquement les sonnets de  « Two People ln A Room ». Scène intérieur nuit : plan serré sur le lit à baldaquin, draps épars sur le couple et les anges porteurs de flambeaux qui s’animent soudain pour reprendre a l’unisson «  for you… for you… ». Pour son tout premier clip, notre égonaute helvète se devait d’imposer une image forte qui lui ressemble. Héros des temps modernes dans le genre vacher solitaire a la Johnny Guitar, Stéphan Eicher est en train de gagner son pari européen. De la Scandinavie au sud de l’Italie, les territoires rock tombent l’un après l’autre et l’album « I Tell This Night » déboule en pressages indigènes. Bref c’est le moment ou jamais de faire intervenir l’ubiquiste Docteur Vidéo pour permettre à Stephan de vraiment décoller dans les hit-parades. D’ailleurs, quelques semaines auparavant, dans le Boeing qui les ramenait de Tokyo, Stephan Eicher et son alter ego de manager, Merlin Hess, traçaient  déjà la trame du story-board de « Two People in a Room » : des images en noir et blanc pour l’atmosphère, une gare, des trains et cette fille-là… À côté de son commissariat, la gare d’Ivry-sur-Seine ressemble à un décor de train électrique. Garée devant la sortie, la camionnette de la production Première Heure déborde de matos. Sur le quai, je retrouve Stephan, Martin et leur équipe.

 » Aucun des réalisateurs que nous avions contactés ne collait avec ce que nous souhaitions pour le premier clip de Stephan. On a décidé de se débrouiller seul, nous en avons l’habitude », raconte avec son accent des alpages, notre Martin qui se retrouve bombardé réalisateur…. »Mais avec Stephan, nous marchons toujours au feeling », continue le manager polyvalent. Le feeling, c’est aussi savoir s’entourer de pros bourrés de talent, comme Carlo Varini, le directeur de la photo du film « Subway ».

Two+People+in+a+Room+Stephan+Eicher0

« Avec Stephan nous adorions ses images. Lorsque nous avons essayé de contacter Carlo, nous nous sommes aperçus qu’il vivait dans le même petit village que moi en Suisse italienne, drôle de coïncidence. » Sur le quai de gare de banlieue, on maquille la Belle. Corinne Dacla, mèches brunes dans le vent, incarne l’égérie d’Eicher. Juché sur sa grue, Varini tourne des plans plongeants dans l’inlassable succession des trains qui filent vers la capitale. « Moi je viens d’un endroit près de Zurich qui ressemble beaucoup a lvry », m’explique Stephan, Je ne suis pas né près de la gare de Lyon ou de la gare du Nord, voilà pourquoi nous avons choisi de venir tourner ici. Et puis, ici c’est une si jolie petite gare. »

« Two People… » n’est pas une superproduction a la Gainsbarre et mise plutôt sur le romantisme. Les scènes en gare d’lvry alternent avec celles où Stephan se retrouve seul dans un appartement. L’homme face à la machine, tel Stephan seul sur les planches avec son ordinateur qui pilote claviers, synthès et boîtes à rythmes. Dons le passage souterrain, l’équipe installe un rail pour le travelling ; les badauds observent médusés, c’est comme au cinéma. « Oh, c’est Stephan Eicher » braille une petite nana. « Silence. Moteur. On tourne », lance l’assistant tandis que Corinne D court à perdre haleine, en remontant l’escalier vers Stephan : ah l’amour l

Publié dans le numéro 220 de BEST daté de Novembre 1986

BEST 220

Sorry impossible de trouver le clip original sur le web… mais pour vous consoler voici néanmoins le remix de la chanson 😉

 

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