QUAND BRIAN ENO N’ETAIT PAS ENCORE ANTISÉMITE

Brian EnoVoici 41 ans dans BEST, GBD rencontrait alors celui qui figurait encore dans son Panthéon perso du rock, auréolé de ses incroyables performances au synthétiseur, à l’aube dorée de Roxy Music. Mais en ce temps-là, Brian Eno n’était pas encore l’antisémite, la passionaria du BDS arc-boutée dans sa détestation primaire d’Israël tel qu’il est aujourd’hui. Au contraire, il rentrait du Ghana en explorateur éclairé, après avoir produit le high life résolument funky d’Edikanfo et achevé son propre projet discographique « On Land » qu’il avouait avoir mis quatre années à concrétiser. Flashback…

Brian Eno by Jean Yves Legras

Brian Eno by Jean Yves Legras

 

Quand Brian Eno n’était pas encore antisémite, je n’avais aucune réticence à lui tendre mon micro. Bien au contraire, avec ses longs cheveux blonds et son maquillage androgyne, Eno ressemblait un peu à un elfe du seigneur des anneaux. Mais c’est surtout sa musique qui me subjuguait, avec ses incroyables envolées de synthé, découvertes par l’ado ébahi que j’étais sur la scène du Bataclan, aux cotés de Bryan Ferry, lors du tout premier show hexagonal de Roxy Music pour l’émission Pop 2. Hélas, après une carrière perso confidentielle, riche de tous ses albums solos instrumentaux d’ambient music que d’aucuns jugent intellos, ou ses productions rock de John Cale à U2 en passant par les Talking Heads, David Bowie, Ultravox, ou encore Coldplay, Eno s’est forgé une culture politique empreinte d’islamo-gauchisme, nourrie  par le poison de sa détestation d’Israël, adoptant tous les poncifs antisémites, jouant à fond l’ambiguïté de l’antisionisme, véritable cache-sexe de la haine du juif. Au vu des tragiques évènements du 7 octobre et le massacre de 1400 israéliens civils ( Voir sur Gonzomusic LE SABLE D’ISRAËL ) on voit où cela mène. Mais désormais Eno n’en a cure et est devenu non seulement une figure culturelle de premier plan du mouvement BDS aux côtés du triste sire Roger Waters Closet ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Roger+waters ), mais surtout un personnage dont la haine d’Israël est telle qu’il a comparé les colons juifs au Ku Klux Klan et accusé l’État hébreu de s’engager dans la barbarie en menaçant dixit les « réalisations civilisationnelles du siècle des Lumières ». Car non seulement Brian Eno ignore complètement le racisme antijuif endémique dans la société palestinienne et, comme des études l’ont démontré, représenté de manière disproportionnée dans le mouvement pro-palestinien occidental dont il fait partie, mais il suggère que ce sont les Juifs israéliens qui sont coupables de ne pas avoir tiré les leçons de « Plus jamais ça », en vertu de leur prétendu « nettoyage ethnique » des Palestiniens. Bref aujourd’hui je n’aurais sans doute pas grand-chose à dire à Brian Eno, mais il y a quatre décennies, c’était un tout autre homme. Triste flashback….

 

Publié dans le numéro 167 de BEST sous le titre :

 

L’EXPLORATEUR

Edikanfo

Edikanfo

 

Janvier 82, mon copain batteur Ghanéen choisit le pire moment pour rentrer au pays avec une montagne d’instruments. Il rêve de monter un groupe à Accra. Pendant ce temps, en Afrique, le bouillant lieutenant Jerry Rollins s’imagine un Ghana lavé de toute sa corruption. Jerry avait déjà pris le pouvoir, quelques années auparavant, et pour la première fois dans les annales putschistes, avait rendu le pouvoir aux civils trois mois plus tard. Deux jours après l’arrivée de mon batteur, Jerry déclenche son second coup d’état et instaure le couvre-feu. Essayez un peu de donner des concerts dans des boîtes, le matin ou l’après-midi, lorsque les réunions de plus de cinq personnes sont interdites. Jerry a beau être un libérateur, il fiche tous mes plans à l’eau. Au Ghana, il y avait un groupe que je voulais interviewer Edikanfo, des blacks d’enfer qui oscillent entre le high lite et le funk. Comme le groupe était produit par Brian Eno, j’ai passé un petit coup de fil à New-York… Alto EG Productions… can I speak to Brian ?

 

« Salut Brian. À quel moment as-tu été au Ghana ? Et pourquoi l’as-tu choisi ?

 

En janvier 81. En fait, c’est plutôt lui qui m’a choisi Dans une interview à un journal anglais, j’avais déclaré que la musique africaine m’intéressait. Un Ghanéen a lu cette interview et s’est débrouillé pour me faire inviter par le gouvernement pour un festival qui avait lieu à Sanané. J’ai accepté l’invitation. L’organisateur du festival était aussi le manager d’Edikanto, un Libanais d’origine, né au Ghana, du nom de Faisal Helwani. Faisal a été pendant dix ans le manager de Fela. Pendant mon séjour là-bas, c’est lui  qui m’a hébergé. J’ai passé tout mon temps au Ghana entre le groupe et lui, et c’est ainsi que j’ai décidé de produire Edikanfo .

 

Brian EnoIl y a beaucoup d’autres groupes là-bas ?

 

Il y a des choses à écouter qui ne sont pas obligatoirement des groupes, the Accra Children Cultural Troup, par exemple. Il faut aussi assister à un enterrement, parce qu’on y chante comme nulle part ailleurs. Il y a aussi les églises et les discothèques qui ne ressemblent en rien à ce que tu peux connaître.

 

Tu travailles sur un projet, actuellement, Brian ?

 

Je viens juste de finir mon nouveau disque, mais j’ai bien peur que la grande majorité des gens ne l’apprécie pas. Pour moi, c’est le meilleur que j’aie jamais fait, c’est ce qui me fait penser que personne d’autre ne l’aimera vraiment. C’est un Lp assez ténébreux, une ambiance aquatique sans action évidente ; je crois que le public ignorera cet album pour au moins quelques années, de toute façon, j’ai l’habitude, c’est ce qui se passe avec tous mes disques. Celui-ci s’appelle « On land » parce qu’il tente de recréer la musique des paysages. Lorsque j’étais au Ghana, j’avais pris l’habitude de m’asseoir dehors la nuit avec un micro stéréo placé sur le toit et un casque sur la tête. Le son était amplifié par un magnéto en position « enregistrement » et j’écoutais ainsi les sons de l’Afrique à des kilomètres à la ronde.

Brian_Eno_On_Land C’est drôle, parce que, pendant toutes ces années, j’ai tenté de créer une musique qui ressemblait étrangement à ce que j’ai entendu là-bas. En fait, ce disque est directement issu de mon séjour au Ghana, bien qu’il ne sonne pas du tout comme un disque de musique africaine. En fait, ça ne sonne pas non plus comme de la musique. Ce disque m’a pris quatre ans de ma vie. Bien sûr, j’ai bossé par intermittences, mais c’est dur de passer aussi longtemps sur un projet et de le voir démolir par un critique qui ne l’a écouté que quatre minutes ».

Eno est un peu amer. « On Land », c’est vrai ne sera jamais classé dans les charts, mais là n’est pas le but du jeu. Brian Eno est un créateur au sens strict, un découvreur d’espaces nouveaux, une sonde spatiale projetée dans la musique. Quelle importance si « On land » doit attendre le tournant du vingt et unième siècle pour une propagation de masse. Ceux qui l’écoutent aujourd’hui ont déjà sauté le pas vers le futur.

 

Publié dans le numéro 167 de BEST daté de juin 1982

Stones

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1 réponse

  1. CLAUDE CORTES dit :

    Et encore un de plus dans la collection des décérébrés .
    Après Waters , maintenant Eno ….
    Le premier fera mon chiotte , le second mon P.Q.
    Vraiment , la viellesse pour ces 2 guignols est un naufrage .
    Go ! UN COUP DE CHASSE D’EAU .

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