PETER GABRIEL À BERCY
L’ami Zen Smith était à l’ex-POPB désormais renommée la Bidule Arena pour assister au grand retour parisien de notre archange rock favori, mister Peter Gabriel pour son premier grand show depuis plus d’une décennie. Vingt deux titres enchainés dont les emblématiques « Sledgehammer » , « Don’t Give Up », « Red Rain », « Big Time », « Solsbury Hill » ou encore « Biko »… et comme d’hab, pas UN seul de Genesis, le pourtant vocaliste de « Foxtrot » « The Lamb Lies Down on Broadway » et autres entouré des fidèles Mau Kache, Tony Levin et David Rhodes à 73 printemps a mouillé la chemise comme jamais. Rock report….
Par Zen SMITH ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Zen+SMITH++ )
2023 marque enfin le grand retour de MONSIEUR Peter GABRIEL… Si l’on occulte la tournée commune avec Sting aux US en 2016, sa dernière tournée remonte à 11 ans, la tournée « Back To Front » fêtant l’anniversaire de l’album culte « SO », rejoué en intégralité (avec même des inédits). Et si l’on excepte la non moins fabuleuse tournée orchestrale, cela remonte quand même à 20 ans qu’il n’avait pas tourné pour un « vrai » nouvel album. Oh, ce n’est pas que l’artiste ai chômé ses dernières années. Plus d’une quinzaine de titres sortis en collaboration (avec One Republic, Angelique Kidjo, The Worldbeaters, Ava Bowers et d’autres), en solo, ou pour des BO de films (Wall-e), le projet orchestral « Scratch My Back / I’ll Scratch Yours »… Toutefois, un nouvel album, et surtout, dans l’univers de Pet’ Gab, un projet, une vision, un concept… était fortement espéré. « I/O » attendu depuis 2004 (sur productif pendant les sessions de « Up », il déclarait avoir 130 titres et vouloir sortir « I/O » en 2004, puis 2013, 2014, 2015…) fut annoncé l’an dernier et arrive donc enfin. Si l’album ne sortira que pour la fin de l’année, déjà 5 singles ont été diffusés sur les plateformes (chaque fois en 2 versions, « The Bright Side » et « The Dark Side »), et d’autres inédits étaient promis sur la tournée ayant débuté la semaine dernière. On va occulter le sujet qui fâche tout de suite : le prix des places. Fidèle des tournées de Peter Gabriel depuis 1988 et le Amnesty Tour (réunir Sting, Bruce Springsteen, Peter Gabriel, Tracy Chapman et Youssou N’Dour pour la modique somme de 180 francs, soit 28€, ce qui relève de la science-fiction de nos jours, à l’annonce des tarifs, je décidais de passer mon tour. Pour un artiste qui ne cesse de chanter sur la pauvreté, la dignité et les droits de l’Homme, des places à 150€ minimum, non merci. Il s’est fallu un concours de circonstances extraordinaire pour qu’à la dernière minute j’ai la chance incroyable d’être invité. Et j’avoue que pendant les 2h20 d’un concert absolument exceptionnel je n’ai cessé de penser : « Mais quelle tristesse que cette beauté, ce talent, que l’accès à cette culture, ne soient réservés maintenant plus qu’à une élite – ou à des fans au prix de sacrifices énormes ». Et quelle ironie, que des artistes « engagés » (on peut ajouter le « Boss » Springsteen, patron de la classe ouvrière à 200 balles la place ou Depeche Mode et ses posters à 35€ se voit tomber dans le racket Ticket Masters / Live Nation… Bref, c’est dit, c’est fait… passons maintenant au show et à la musique Comme d’habitude avec Gabriel, la présence de l’armée de techniciens est identifiable par leurs combinaisons orange. Tout le monde s’affaire aux derniers préparatifs tandis qu’en ombre chinoise, un de ces techniciens peint le compte à rebours sur une immense horloge surplombant la scène.
Et c’est à 20h10 que Mr Gabriel, accompagné du fidèle bassiste Tony Levin, entre en scène pour un « Wishing The Water » acoustique, en mode veillée autour du feu (littéralement un feu de bois – factice bien sur – est au milieu de la scène) et un a un le groupe se joint à ce fabuleux titre de l’album « Us ». S’en suit une version toujours acoustique de « Growing Up » (extrait de « Up »). La voix demeure toujours magistrale, chargée d’émotion et la relecture presque Tribale du titre, avec l’apport d’une Muted Trumpet jazzy, élève ce titre aux couleurs indus d’origine dans une autre dimension. Le tout accompagné par une magnifique lune projeté sur l’un des écrans (le sphérique surplombant la scène). Comme à son habitude, et il en sera ainsi pendant tout le concert, l’artiste s’adresse au public dans sa langue, en l’occurrence en Français (une habitude que son ancien collègue Phil Collins a également). L’introduction faite, on peut attaquer la série de 3 des 5 singles : « Panaticom » tout d’abord, introduit par un éloge de l’Intelligence Artificielle. On comprend l’attrait de cet artiste de génie, férue des nouvelles technologies depuis des décennies, pour l’IA… mais une telle naïveté à l’endroit de l’IA (et surtout des humains qui l’utilisent) serait touchante si l’histoire ne nous avait pas enseigné comment l’être humain utilise les nouvelles invention (Internet devenu le théâtre de la haine et de la désinformation, l’informatique utilisée pour augmenter la productivité de l’être humain..). Nous n’en sommes qu’à l’aube de l’IA et on peut déjà voir ce que ça donne. Skynet approche… 😱 Bref, le titre n’en demeure pas moins sublime. Un doux mélange de diverses sonorités rappelant autant les expérimentations électroniques que l’attrait World Music avec cette douce mélodie celtique et ces guitares acoustiques sorties de « Solsburry Hill » et un une dernière partie de titre assez rythmée. Four Kinds Of Horses », le tout nouveau single, révèle des orchestrations de chordes (Violoncelle et violon accompagnent le titre) et chœurs magnifiques. L’expérience « Scratch My Back » n’a pas servi que de tiroir-caisse pour les mauvaises langues, mais de terrain expérimental pour préparer l’avenir et accomplir la fusion organique / électronique rêvée. « I/o » (joué lors du « Back To Front » tour sous le titre « Dady Mong Legs »), autre single sorti en Avril est certainement le plus tubesque du lot avec son « Stuff coming out, stuff coming in » et ses chœurs enjouées instantanément mémorisables. S’en suit un « Digging In The DIrt » dantesque. La touche indus est appuyée et Manu Katché sort le grand jeu. Une frappe millimétrique et d’une puissance magistrale. Katché joue à domicile et a bien l’intention de marquer son territoire. C’est cette fois l’écran arrière, composé de 9 pièces qui se soudent et dessoudent selon les tableaux, qui embrase la scène et alterne rappels au clip et portraits grimaçants de Gabriel. Retour au nouvel album avec 3 nouveaux titres : l’émouvant « Praying for Time », le 3ème single révélé en Mars dernier, porté par de somptueux arrangements de cordes, le tubesque « Olive In Tree » (guitare cristalline et cuivres rappelant la période « So »), et « This Is Home », la scène transformée par différent décors que l’on devine inspirés de la maison « Real World » (bibliothèque somptueuse et autres) … là encore, on reste dans l’univers « So ».
Et c’est un « Sledgehammer » dynamité qui soulève une première fois le public et conclue la 1ère heure de set avant un entracte de 20 minutes. Dans quel bain de jouvence est donc tombé Gabriel pour afficher une telle pêche du haut de ses 73 ans ? Encadré par les fidèles Tony Levin (basse) et David Rhodes (guitare), le trio chevelu exécute, sous l’œil hilare de Katché, sa fameuse chorégraphie. Le classico-indus « Darkness » ouvre la 2nde partie. Un titre toujours aussi puissant et présente un 3ème écran, en front de scène avec un Peter Gabriel revêtu d’un chapeau en ombre chinoise démultiplié, et déformé sur les 8 « lamelles » de l’écran tandis que l’écran sphérique nous entraine dans les ténèbres d’une forêt… « The Deeper I Go, The Darker it gets ». On retrouve là le performer du Genesis des 70’s. Retour au nouvel album avec l’atmosphérique « Love Can Heal », un titre joué en 2016 à l’occasion du Tour avec Sting puis, certainement l’une des pièces principales de l’album à venir, le phénoménal « Road To Joy » à la double basse (electro + électrique), la mute trumpet et sa guitare funk. Le tout illustré par un crane métallique, entouré de part et d’autre de « fingers » provocateur. Le cultissime « Don’t Give Up » donne l’occasion à Ayanna Witter-Johnson (voix et violoncelle) de marcher dans les pas de Kate Bush. Si jamais personne n’égalera la performance de Kate Bush, elle n’aura pas à rougir de sa performance tout en délicatesse. Le morceau se conclura bien sûr par la participation active du public qui se lève enfin. Suivent « The Court », sorti en février dernier, le hit « Big Time », l’inédit « Live And Let Live » et ses chœurs gospels « uplifting » avant de conclure le set par l’indémodable « Solsburry Hill » qui verra Bercy se lever à l’unisson. Gabriel nous gratifiera de 2 rappels, 2 hymnes : « In Your Eyes » et la toujours terrible voix sortie d’outre-tombe de Levine, Katché qui donne tout sur ces toms… et là encore, notre trio Levine / Gabriel / Rhodes de nous ressortir leur classique chorégraphie… et bien sûr, « Biko » et sa puissante batterie. Et c’est ainsi que s’achèvent 2h20 de talent, d’émotion, de passion. Un voyage extraordinaire dans l’univers unique de l’un des plus grands talents de la musique. Incroyable de se dire que Gabriel, avec Macca, les Stones et quelques autres, et l’un des artistes qui est en activité depuis le plus longtemps ! Il donna ses premiers concerts en 1966 avec son premier groupe The Garden Wall… Bientôt 60 ans de scène… juste incroyable. Alors qu’il pourrait se contenter de tournées « Best Of » accompagnant des albums anecdotiques dont, au mieux 3 ou 4 titres figureraient à la setlist, c’est au contraire une démarche audacieuse, la même que The Cure qui présente son nouvel album en tournée depuis quelques mois et en ce moment même aux US, que de partir en tournée avec pas moins de nouveaux 11 titres. Cela demande au public aussi un effort il est vrai. Il serait tellement facile de se contenter de danser et chanter les éternels « Shock The Monkey », « Shakin The Tree » et autres « Games Without Frontiers ». Pendant plus de 2h, on se concentre, on découvre, on écoute, on est emporté. Nous n’assistons pas à un concert, nous sommes dans le concert, nous sommes le concert. Dommage que ces moments de magie et de bonheur ne soient plus démocratisés et accessibles à tous… mais Bercy tout de même pour ce moment mister Gabriel 😂
- Set 1
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(acoustic version)
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(acoustic version)
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- Set 2:
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- Encore:
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- Encore 2:
– Peter Gabriel (voix, claviers)
– Manu Katchè (batterie)
– David Rhodes (guitare)
– Tony Levin (basse)
– Don McLean (claviers)
– Richard Evans (guitare, flute, voce)
– Ayanna Witter-Johnson (cordes, choeurs)
– Marina Moore (cordes, choeur)
– Josh Shpak (cuivres, guitare).
Jamais vu autant de fautes d’orthographe et de titres de chansons mal épelées dans un article. Et puis le doute subsiste. L’auteur de cet article serait-il aussi louangeur s’il avait payé sa place ?
Bonjour Madame.
Désolé pour les fautes. L’empressement et un manque de relecture évident de notre part.
Pour le doute et les louanges par contre : je pense m’être exprimé très clairement sur le prix des places.
Je paie mes places de concert depuis 1986 et c’est la 5ème fois que je vois Peter Gabriel en 35 ans. Je suis capable de faire la différence et quand on écoute et vois un concert, on ne pense pas à chaque seconde au fait qu’on a payé ou pas… on est dans le spectacle…
Bien à vous