PETE TOWNSHEND « All the Best Cow-Boys Have Chinese Eyes »

Pete TownshendVoici 42 ans dans BEST GBD succombait au charme rock du 3ème LP studio du guitariste lead des Who, le bien nommé « All the Best Cow-Boys Have Chinese Eyes », produit à Londres par le fameux Chris Thomas et publié tout juste deux ans après son prédécesseur « Empty Glass » également chroniqué par le même dans le mensuel du rock de la rue d’Antin. pete Townshend 4 ever ! Flashback…

Pete TownshendAprès avoir chroniqué « Empty Glass »   et avant de rencontrer le légendaire guitariste pour son album suivant « White City » ( Voir sur Gonzomusic WHO ARE YOU (HOU HOU) MISTER TOWNSHEND ?  ) , porté par  son énergique single « Face Dances » et son titre en clin d’œil à Clint Eastwood « All the Best Cow-Boys Have Chinese Eyes »,ce trip solitaire du guitariste des Who était fort bien venu à une période où son groupe avec Daltrey et Entwisle ne traversait pas forcément une période particulièrement productive.

Publié dans le numéro 169 de BEST :

Accoudé à une rampe d’escalier du Ritz ou sous une applique rock o’co du Palace, l’homme vous fixe avec des yeux de fauve. Comme une pile électrique survoltée, Pete Townshend a toujours l’air de danser. Sur la pochette de « Empty Glass » il jouait au Saint avec une auréole et le pire c’est que l’image est loin d’être fausse. Il émane véritablement toute une gamme d’ondes énergétiques de ce personnage, un courant tourmenté à la Délivrance. On dit aussi des rapides. Toute la puissance de mégatonnes d’eau lancée, cataclop, à la vitesse d’un étalon au galop : ce « Chinese Eyes » est un heureux contraste face au négatif « Face Dances ». Braun S ou Philips trois têtes, le dernier LP des Who avait l’efficacité de ces engins « qui coupent le poil avant qu’il ne se rétracte ».

Pete TownshendComment expliquer cette contradic-tion flagrante entre Pete Townshend cavalier seul et Pete Townshend auteur attitré et quasi exclusif des Qui ? Sans jouer les vieux scrongnegneux du Muppet Show, il faut bien admettre que PT est capable de concevoir des albums brillants. « Empty Glass » illustrait parfaitement ce savoir-faire complètement maîtrisé. « Chinese Eyes », à la première écoute, paraît avoir raté l’objectif… Suspense, passe un ange chargé de ketchup. Mais Townshend restera sans tache ; rassurez-vous, son album est un de ceux que l’on n’oublie pas. Profond et impénétrable comme une fosse marine, il faut oser plonger dans ces yeux-là. L’intelligence, c’est tout ce qui différencie l’artiste du vulgaire hit maker ; je ne parle pas de roublardise mais de QI. Or Peter Townshend a la sensibilité exacerbée d’un vrai créateur. Le feeling déteint sur l’expérience au lieu de la banaliser. Townshend aurait pu glisser vers le middle of the road, ou pire la sensiblerie affectée. Sur un thème comme « The Sea Refuses No River » il évite adroitement les écueils pour produire une tendre ballade rock. « Face Dances » fort heureusement n’a rien à voir avec l’album du même nom. Notre cowboy se penche même avec humour sur son statut de star : « Stardom In Action » rappelle vaguement « I Can’t Explain » dix-sept ans plus tard. En une chanson, « Exquisitely Bored », il résume en la pastichant toute la décadence du son californien. Ces yeux chinois sont comme une boule à tango, des facettes projettent un éclair qui vous éblouit furtivement Mais au bout d’un moment la boule finit par tourner de plus en plus vite. Et l’ivresse achève une à une vos ultimes réticences.

Publié dans le numéro 169 de BEST  daté d’aout 1982BEST 169

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