MUSE « Absolution XX Aniversary Edition »
« Stockholm Syndrome », « Time Is Running Out », « Hysteria », « Sing For Absolution », « Apocalypse Please », « Butterflies and Hurricanes »… des tubes rien que des tubes dans un album devenu forcément cultissime. 20 ans après sa publication on célèbre ce troisième album de la tonitruante formation de Teignmouth dans le Devon et JCM manifestement s’amuse de ce Muse somptueusement réédité.
Par Jean-Christophe MARY
Dans la foulée du mélancolique « Showbiz » (1999) suivi de la déferlante sonore d’« Origin of Symmetry » (2001), en 2003 Muse opère un virage à 180 degrés avec ce troisième album pop rock symphonique. Qui devient alors sa puissante marque de fabrique. « Absolution » n’est pas devenu culte par hasard. Ce bel équilibre entre guitares lourdes, nappes de synthés inquiétantes, mélodies hantées et réflexions métaphysiques va à sa sortie toucher autant les fans de Radiohead que les amateurs de hard rock. Matthew Bellamy (chant, guitare, piano), Christopher Wolstenholme (basse, harmonica, chant, chœurs) et Dominic Howard (batterie, percussions) font évoluer leur univers pop rock déjà bien perturbé au moyen de guitares lourdes plombées que de synthés aussi démonstratifs qu’inquiétants. On trouve ici une intensité émotionnelle dans la voix (proche de celle de Thom York Radiohead), dans ces refrains à glacer le sang, ces éclairs noirs telluriques qui surgissent des riffs de guitares à la Black Sabbath, une dramaturgie baroque qui rappelle Queen. Pour la réalisation d’ « Absolution », le producteur John Leckie a laissé les commandes à Rich Costey.
Et d’entrée l’ensemble sonne de manière plus raffinée, plus fluide que sur les précédents albums. Dès le premier titre, « Apocalypse Please », le ton est donné. Le chant s’étire en notes longues et douloureuses, le piano dissone sur une batterie martelée qui claque derrières un synthé répétitif et angoissant. De « Time Is Running Out » (et ses merveilleux passages en voix de tête !) à « Stockholm Syndrome » et « Butterflies and Hurricanes », le pathos se retrouve partout dans cette toile sonore alimentée par la peur de l’apocalypse, l’infidélité amoureuse, la mort. Refrain entêtant, construction en escalier avec ces parties musicales qui s’emboitent les unes aux autres, « Hysteria » est le condensé en 3’47 de ce qui fera désormais l’identité de Muse. Avec cette dimension théâtrale parfois proche de l’opéra rock, ces parties vocales tout en progressions harmoniques mineures, ce sens de la mélodie décomplexée, le trio devient un groupe vraiment à part. « Absolution » regorge de chansons tubesques qui se plantent au creux des oreilles pour ne plus en ressortir. L’univers mystérieux du trio se métamorphose en une sorte de psychédélisme : le son distordu des guitares fusionne aux basses et aux claviers pour se prendre dans une spirale vertigineuse dont il est impossible de sortir. Ce coffret Deluxe 3 vinyles et 2CD propose pour son 20ème anniversaire l’album en version remasterisée ainsi que des démos et des versions live inédites. En plus du livret 40 pages qui présente de magnifiques photos, on trouve une interview du groupe par Mark Beaumont sur la genèse et l’enregistrement de l’album paru à l’origine en 2003. À découvrir ou redécouvrir de toute urgence pour les fêtes de fin d’année et au-delà…