MURDER MOUNTAIN
À des années-lumière du stéréotype du hippie baba cool fumeur de spliffs, MURDER MOUNTAIN offre sa vision terrifiante de non-droit chez les cultivateurs de marijuana dans les montagnes de Californie, au nord de San Francisco : vols, agressions, saccages, enlèvements, meurtres et disparitions sont au menu de ce documentaire incroyable diffusé sur Netflix qui éclaire le coté western sans foi ni loi qui règne dans les parages de Humboltd County.
C’est l’histoire d’une passionnante enquête sur la disparition d’un garçon de 29 ans, Garret Rodriguez, attiré comme tant d’autres jeunes par les mirages de la beu dans la hélas trop bien nommée MURDER MOUNTAIN ( la montagne aux meurtres). Du jour au lendemain, Garret a cessé de communiquer avec son père qu’il appelait pourtant chaque semaine. Depuis qu’il avait commencé à bosser dans l’industrie de la weed, à chaque fois qu’il rentrait chez lui à San Diego, le « cultivateur » arrosait tous ses potes de matos. Mais Garret a disparu du jour au lendemain… et sa famille n’a de cesse de le rechercher.
Humboldt county au nord de San Francisco, bourgade d’Alderpoint
Paysage de carcasses de bagnole, de forêts inquiétantes de hauts séquoias , de trop nombreuses affichettes de disparitions d’hommes ou de femmes placardées sur les poteaux électriques, liasses d’argent, dollar échangés… dès le générique, le climat anxiogène de MURDER MOUNTAIN est posé. Argent facile, miroir aux alouettes, isolement, tailleuses de weed trop souvent sexuellement exploitées… voire pire, le documentaire en six épisodes nous éclaire sur les dessous du bizness de la marijuana. D’abord un peu d’historique avec les premiers arrivants, les hippies en rupture de la guerre du Vietnam qui rapportent les premières graines d’herbe du Mexique pour les planter ici. Non pas parce que la terre y était plus favorable à la culture de la marijuana, juste parce que ces montagnes aux chemins de terre aussi escarpés que défoncés si difficiles d’accès offraient justement une relative sécurité limitant les risques de vor sa récolte découverte par les autorités. Peace and love, vivant souvent nus, nos hippies ne vont pas tarder à être dépassés. Mais auparavant, il faut améliorer la qualité du produit : l’herbe mexicaine était de piètre qualité, aussi un de nos babas cools s’envole pour les montagnes du nord Pakistan, soit précisément à la même latitude qu’Humboldt County, pour rapportes des semences bien plus qualitatives. C’est ainsi que démarre l’industrie californienne de la marijuana qui ne va pas tarder à arroser tout le pays. Mais, en se développant le bizness de la beu se criminalise. Et dans ces montagnes immenses, où les autorités ne mettent jamais les pieds, règne la loi de la jungle, c’est le retour au far-west des chercheurs d’or et de l’extrême violence qui y règne. Beaucoup de « cultivateurs » volent ou trahissent leurs voisins tandis que d’autres squattent les fermes et saccagent tout sur leur passage.
C’est dans ce climat de « non-droit » que se produisent toutes ces disparitions dans la région. Des jeunes gens attirés par l’argent facile et la perspective d’une ivresse cannabique open-bar sont recrutés dans des fermes isolées loin de tout et se retrouvent à la merci de leur employeur. De même, chaque « bud » ( tête) de weed doit être nettoyée à la main des feuilles inutiles pour ne conserver que les fleurs. C’est un boulot manuel qui demande de la précision et qui est souvent occupé par des jeunes filles, or dans ce contexte aussi rude qu’isolé il n’est pas rare qu’elles se retrouvent victimes de sévices sexuels. Pourtant, en 2018 une réforme de la loi californienne légalise la marijuana, mais, effet pervers, les cultivateurs se retrouvent noyés sous les impots et autres taxes comme par la lourdeur administrative des règlements imposés bien loin de l’esprit hippie alternatif des débuts. Dans cet état des lieux de MURDER MOUNTAIN, la disparition de Garret Rodriguez, l’étudiant de 28 ans va servir de fil rouge aux différents épisodes de la palpitante série documentaire. « Faut être costaud pour vivre ici, si tu n’as pas d’ami tu es mort », confesse un cultivateur. Et on veut bien le croire. Décidément, MURDER MOUNTAIN porte vraiment bien son nom !
Diffusé sur Netflix
https://www.facebook.com/fusiontv/videos/598910900511734