MUMFORD AND SONS « Rushmere »
Six ans et demi après « Delta », voici enfin le nouvel album de Mumford and Sons. Certes, le « Self Titled » solo de Marcus Mumford était sorti en 2022, mais ce 5éme projet du groupe de Londres aura su tenir en haleine les aficionados de ce folk-rock post-atomique si unique. Riche de 10 radieuses compositions, ce « Rushmere » a été capturé entre Nashville et leur studio perso à Devon, et l’on peut dire que le résultat est à la hauteur de l’attente, prouvant si l’on pouvait encore en douter que ce groupe compte sans doute parmi les plus attachants issus du Royaume-Uni ces dernières années.
« Rushmere »… comme là où tout a commencé pour les Mumford and Sons ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Mumford+and+Sons ) fin 2007 à l’ouest de Londres lorsque Marcus Mumford, Ted Dwane et Ben Lovett se rencontrent dans un pub situé dans le quartier Wimbledon Common à Londres pour constituer leur groupe. Et ce pub était justement baptisé le « « Rushmere ». En optant pour ce titre, le trio a voulu ainsi montrer son désir de revenir aux sources, en entrainant leur public sur un tel mode intime, comme un secret à partager entre initiés, telle une ode peut-être à cette innocence retrouvée. Car si ce 5ème CD était aussi attendu, c’est que six ans et demi s’étaient écoulés depuis l’album précédent. Entre temps, certes Marcus avait publié son projet solo ( Voir sur Gonzomusic MARCUS MUMFORD « Self Titled » ) et un EP live du groupe pour faire patienter son public, mais l’on comprend aisément pourquoi cet album-studio-là était tant attendu. Et c’est donc avec « Malibu », aux paroles intimistes et à la délicatesse exacerbée ( « You are all I want : oiu are all u need… » que tout démarre : guitare acoustique et la voix de Marcus comme une complainte si émotionnelle, avant l’apothéose qui monte finalement au firmament au bout de 2 minutes et trente secondes. Puis la cool balade country-folk « Caroline » nous offre son folk intemporel qui oscille entre Woody Guthrie, Tim Buckley et les Eagles, sans doute un des titres les plus catchy de ce projet. Quant à la chanson-titre « Rushmere », d’abord publiée en single annonciateur, elle se révèle aussi cool qu’intense, délicatement touchée par la soul et donc forcément par la Grâce…
Pure et délicate, en toute simplicité organique, « Monochrome » captive par sa mélodie limpide comme une source claire. Et certes dans un genre différent, mais quoi que… elle me fait songer au « Cymbaline » du « More » de Pink Floyd… en 69 ! Sans doute, il compte parmi ceux qui déménagent le plus, voici l’intense « Truth », porté par une puissance bien plus électrique que ce à quoi le Munfordisme nous avait accoutumés jusqu’alors… avec un je ne sais quoi par moment du fameux « Hey Gip » de Donovan, pour un des points culminants de ce « Rushmere ». Il y a des love songs mais il y a aussi des « sorry songs » et à ce titre la cool et poétique « The Anchor » fait qu’on en demande…encore ! Si l’on devait illustrer la parfaite composition de Mumford and Sons, la troublante « Surrender » ferait office de mètre-étalon avec son départ simple et intime, puis cette émotion qui ne cesse de peu à peu monter en puissance jusqu’à son apothéose, avant de trouver enfin sa quiétude. Enfin, c’est avec l’ensoleillée « Carry On » aux éblouissantes harmonies dorées façon sunset que s’achève en beauté ce 5ème épisode des aventures de nos folky héros. Pour vous la faire courte, et vous simplifier les choses, on peut dire que Mumford and Sons sont un peu les Cat Stevens de nos années technologiques, soit un peu de douceur dans un tel monde de brutes.