Mick Jagger & Donald Sutherland VS Trump, Johnson & Bolsonaro
À peine bouclée la partie US de son « No Filter Tour », l’infatigable sir Mick Jagger s’est envolé pour Venise, où il participait à la Mostra, le fameux Festival de cinéma, pour son rôle de Joseph Cassidy dans le film « The Burnt Orange Heresy », là aux côtés de Donald Sutherland, ils en ont profité pour fustiger Trump, Johnson et Bolsonaro pour les ravages environnementaux causés par leurs politiques respectives.
La Mostra de Venise s’est achevée hier sur une véritable déflagration, lorsque Mick Jagger et Donald Sutherland, débarqués au Lido samedi pour promouvoir le film de clôture du réalisateur Giuseppe Capotondi intitulé « The Burnt Orange Heresy », se sont payé Trump, Johnson et Bolsonaro après une manifestation de militants qui dénonçaient la catastrophe écologique générée par leurs politiques. Durant la conférence de presse, les deux stars ont rapidement viré politiques, lorsqu’on leur a demandé de commenter une manifestation pacifique qui s’était carrément déroulée sur le tapis rouge, face au Palazzo del Cinema, le cinéma principal de Venise, un peu plus tôt dans la journée. En effet, des centaines de militants se sont rendus au festival pour protester contre le changement climatique, les politiques anti-immigration et les ravages causés par les bateaux de croisière à Venise. « Je suis tout à fait d’accord avec eux », a déclaré un Jagger sans équivoque au sujet de la manifestation. « Je suis content qu’ils le fassent, parce que ce sont eux qui vont hériter de la planète. »
Le Rolling Stone a fustigé Trump pour s’être retiré de l’Accord de Paris. « Nous sommes actuellement dans une situation très difficile, en particulier aux États-Unis, où tous les contrôles environnementaux mis en place – qui étaient à peu près adéquats – ont été tellement réduits à néant par l’administration actuelle qu’ils sont en train de disparaître. Or les États-Unis devraient être le leader mondial en matière de contrôle environnemental, mais ils ont maintenant décidé de faire le contraire », a déploré Jagger.
Son collègue comédien, Donald Sutherland, l’approuvait largement. « Mick a raison quand il juge que les réformes instituées sous l’administration Obama étaient à peine suffisantes, et que désormais elles sont réduites à néant. C’est le même problème au Brésil et ces mêmes accords (de Paris) seront aussi hélas caduques en Angleterre « , a déclaré M. Sutherland évoquant les gouvernements de Jair Bolsonaro et de Boris Johnson, » ils doivent se battre encore plus fort « , a déclaré M. Sutherland justifiant sa solidarité avec les manifestants du tapis rouge. « Et ils doivent obtenir autant de soutien que possible parmi vous tous. Quand on a mon âge, quand on a 85 ans et qu’on a des enfants et des petits-enfants, on ne leur laissera rien en héritage si on laisse le pouvoir entre les mains de ces types au Brésil, à Londres, à Washington. Ils ruinent la planète. Nous avons contribué à sa ruine, mais eux la garantissent. »
Interrogé au sujet de son jeu d’acteur comparé à ses tournées live, Jagger a répondu que bien qu’ils soient tous les deux des manières de jouer, il existait de vastes différences entre les deux. « D’abord, si vous faites une erreur sur scène, si vous vous ramassez, vous n’avez pas droit à une seconde chance. Si vous tombez dans le film, c’est sans conséquence », plaisante-t-il.
« C’est une partie différente de votre cerveau qui est activée, en jouant la comédie, ce que je fais très rarement « , a-t-il ajouté. « Mais j’adore interpréter un rôle. En tant qu’acteur, votre rôle est de mettre un masque. Vous pouvez même porter plusieurs masques. Ou bien vous pouvez les enlever et révéler une partie de vous-même. En tant que scénariste, vous voulez créer beaucoup d’illusions et beaucoup de personnages », souligne Jagger, précisant que ce qui l’a attiré dans son rôle dans « The Burnt Orange Heresy », où il campe un marchand d’art et collectionneur fabuleusement riche, était l’infime différence entre la vérité et le mensonge, car le public ne sait jamais vraiment qui ment. « C’est dû en grande partie à ce dialogue moderne « , a-t-il dit déplorant le mode de fonctionnement des politiciens actuels. » Nous vivons un moment très étrange. Et quand on vit à un moment étrange, on sait que c’est un moment étrange, mais on ne sait pas ce qui va se passer. Les valeurs sont différentes. Il y a plus de polarisation et beaucoup moins de courtoisie. »
Questionné sur la » courtoisie » en politique, il a déclaré : » Je ne suis pas sûr d’avoir toujours été contre la courtoisie, mais quand vous voyez maintenant l’absence totale de courtoisie que nous pouvons observer dans la vie politique de tant de pays, dont le mien, surtout la semaine dernière et dans d’autres pays, particulièrement aux États-Unis, quand vous observez cela, c’est un peu différent de ce à quoi vous aviez l’habitude, » en faisant allusion aux attaques publiques incessantes de Johnson et de Trump contre ceux qui osent les critiquer. « Je ne veux pas dire que les bonnes manières font tout dans la vie . Mais, la combinaison de toutes ces mauvaises pratiques va nous mener droit à la polarisation, à l’impolitesse et au mensonge ».
Sutherland, qui joue le peintre solitaire Jérôme Debney, baptisé Orange Heresy, juge que c’est « le meilleur scénario que j’ai lu en 20 ans ». Claes Bang incarne le rôle d’un critique d’art ultra-ambitieux engagé par Jagger, le collectionneur pour obtenir une toile de Debney, qui n’a montré son travail à personne depuis des décennies. Enfin, Jagger a également évoqué son propre rôle de marchand d’art et de collectionneur : « Il veut faire du buzz dans sa galerie. Le monde de l’art porte tout cela en lui, pas seulement les artistes, mais aussi les gens qui font tout le battage publicitaire et qui rendent leur art plus coté que celui des autres artistes. Comment cela fonctionne-t-il ? Bien souvent, c’est l’enthousiasme des marchands d’art qui fait la différence. Pourquoi pas ? Les artistes sont alors payés et tout le monde touche plus d’argent. » Cependant, la star du rock a avoué que ce n’était pas un rôle auquel il pouvait facilement s’identifier. « Je ne suis pas vraiment un collectionneur. Je jette plein de choses. J’achète des objets et je les perds. Je suis un piètre collectionneur. J’en suis même tout le contraire. »