L’hommage de JP Rykiel à Djeli Moussa Kouyaté
Un grand nom de la guitare Guinéennes s’en est allé ce matin. Mon frère et ami DJELI Moussa Kouyaté s’est éteint à la suite d’une longue maladie.
La musique Mandingue toute entière est en deuil ce soir.
Je ne peux même pas compter le nombre d’enregistrement qu’il a fait chez moi en compagnie de nombreux chanteurs et chanteuses, et les concerts que nous avons fait ensemble. Il était à l’aise dans tous les styles du continent.
RIP Djeli Moussa Kouyaté, par Jean Philippe Rykiel.
Frère de Kemo Kouyaté,multi instrumentiste, jouant harpe, kora, guitare et clavier, et ayant accompagné entre autre Myriam Makeba, Djeli Moussa Kouyaté était fait du même bois que son frère. Lui s’était concentré sur la guitare, et je l’ai rencontré dans les années 80, lorsque j’ai commencé à fréquenter le milieu de la musique mandingue, introduit par Salif Keita. Il a participé à tant et tant d’enregistrements chez moi, en compagnie de chanteuses et de chanteurs que peu connaissent ici, toujours avec le même sourire aux lèvres, le même ton plaisantin, et une incroyable précision rythmique. C’est de cela que se souvient surtout mon ami Mokhtar Samba, qui a souvent joué avec lui. « Tu lui mets une boîte à rythme, elle a peur de lui », disait-il si justement. De mon côté, je ne compte pas le nombre d’enregistrement, concerts, et même de mariages ou de baptêmes, qui nous ont réuni dans des circonstances très diverses.
Ces hommes de l’ombre de la musique
Nous nous retrouvions souvent en compagnie de Mamany Keita, dont il était très proche, et qui était souvent choisie comme choriste dans les projets auxquels Djeli participait. Djeli Moussa avait un peu d’embonpoint, une voix douce de baryton, et jouait de la guitare un peu comme il parlait, avec une grande douceur. C’était un véritable « accompagnateur », un de ces musiciens qui constitue le squelette d’une chanson, un de ceux qu’on ne remarque pas toujours, mais qui manque bizarrement lorsqu’on coupe sa piste à la console. Il faisait partie de ces hommes de l’ombre de la musique, ceux que seuls les musiciens connaissent et admirent Sans doute pour leur capacité à dérouler un boulevard sur lequel l’artiste vedette peut s’exprimer en toute quiétude. Il était tout simplement, au service et c’était tout à son honneur. Adieu mon ami.
Jean Philippe RYKIEL