L’ARRANGEUR ARRANGÉ PAR FRANÇOIS BRÉANT

François BréantLe célèbre arrangeur François Bréant ouvre sa bibliothèque de souvenirs et nous livre ces meilleurs moments vécus :  sur scène, en tournée et entre les quatre murs insonorisés des studios d’enregistrement dans lesquels il a travaillé durant cinquante ans.  Un « livre souvenirs » bourré d’humour et de dérision dans lequel il raconte sa vie, l’accomplissement de ses rêves d’adolescent et qui a manifestement su éveiller tout l’intérêt de JCM.

François BréantPar Jean-Christophe MARY

« J’ai commencé la musique avec le projet adolescent de devenir aussi riche et célèbre que John Lennon ou Jésus et je ne suis devenu ni l’un, ni l’autre. Tant mieux, car tous les deux ont mal fini » écrit l’auteur dans l’épilogue de son livre. Mais il ajoute ensuite : Toute une vie de créations, de rencontres formidables, de voyages, de partages musicaux et humains, de petits et grands bonheurs ».

Depuis ses premiers groupes rock dans les années 70 à son dernier album solo « La Nuit des Lapins Géants » (2019), François Bréant s’est toujours trouvé là où il fallait être dans la sphère musicale. De Bernard Lavilliers à Jean Pierre Mader, d’Allain Leprest à Michel Fugain en passant par Enzo Enzo et Kent, sans oublier « l’African connection » avec  Salif Keïta,  Zao, Sékouba Bambino, Thione Seck, Idrissa Soumaoro, Ablaye Thiossane, Sia Tolno, Pierre Akendengué, Edou,  Kanjia Kouyaté ou Bako Dagnon, le musicien arrangeur passe au prisme de son kaléidoscope ses aventures et ses rencontres. Tout y est raconté, livré avec des détails croustillants qui jalonnent une longue carrière de 50 ans. Après une enfance privilégiée à Rouen entre un père est pianiste classique émérite et une mère costumière, il découvre à la fin des années 60 l’ambiance des boites de jazz et des casinos entre la Bretagne et la Normandie.

Aux  débuts des 70’s , il fonde le groupe Kapak avec Patrice Tison (guitare, chant), Pascal Arroyo (basse, chant) et Albert Marcoeur (batterie, chant). C’est l’époque de la funk music, du rock progressif et du jazz fusion marqué par des artistes comme Frank Zappa, Captain Beefheart, Pink Floyd, Yes ou Ten Years After. Quand le groupe se sépare, il s’exilera plusieurs mois aux Etats-Unis avec le guitariste Pascal Arroyo avant de revenir dans l’Hexagone fonder le groupe rock NEMO (1972) avec Pascal Arroyo (basse) et Marc Perru (guitare), Clément Bailly (batterie) et Manu Lacordaire (percussions, guitare). Ce groupe deviendra l’un des acteurs majeurs d’une scène « prog-rock » française très créative aux côtés de Magma, Gong, Weidorje, Zoo, Pulsar, Carpe Diem.

François BréantEn 1976, François Bréant devient claviériste d’un Bernard Lavilliers, encore inconnu du grand public. Pendant sept ans, il sera l’un principaux des acteurs de l’ascension de Bernard Lavilliers pour lequel il composera plusieurs titres des 8 albums de cette période. Cette biographie est très captivante aussi parce qu’elle restitue les événements dans le contexte de leur époque. On y apprend comment il croise Lavilliers sur un trottoir près des Champs Elysées et l’accompagnera pour un concert à la Fête de l’Huma en 76, ses parties de ping pong avec David Bowie qui enregistre « Pin-Ups » dans le studio voisin à Hérouville, son bref  passage dans l’orchestre de Michel Delpech, son job de road pour Mort Shuman, ses arrangements pour Jean Pierre Mader, sa collaboration avec Allain Leprest pour l’album « Nu », sa participation à l’album « Soleil Cherche Futur » d’Hubert Félix Thiéfaine mais aussi les bakchichs qu’il faut verser à la douane et aux flics en Côte d’Ivoire, la coloc babacool dans un pavillon près des Puces à St Ouen, une soirée passée dans un club échangiste ou encore ce « râteau » avec Susheela Raman…

Autant dire que nous avons à faire non seulement à un musicien, un professionnel du son, mais peut être avant tout un fan et un passionné surtout. Plus de cent cinquante-deux anecdotes tour à tour hilarantes, instructives, insolites, parfois émouvantes, illustrent cette biographie : extraits de lettres manuscrites adressées à ses parents durant son « Odyssée américaine », photos inédites avec Lavilliers, Jean Pierre Mader ou dans les rues de San Francisco. Pour aller plus loin, à noter ces QR codes qui permettent au lecteur d’entendre les musiques ou de voir des vidéos concernant chaque souvenir. Une lecture passionnante pour quiconque s’intéresse au dernier demi-siècle de la culture chanson rock française.

François BréantFrancois Bréant L’arrangeur arrangé

Editions Maïa. 448 pages

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