JOHNNY CASH « Bear’s Sonic Journals : Live At the Carousel Ballroom »
Pour réveiller le cow-boy qui sommeille en nous, il suffit de poser ce live incroyable sur la platine et de se laisser porter par cette collection de joyaux du fameux « the man in black », décédé depuis déjà 18 ans. Comme un John Ford, un Don Siegel ou un John Sturges, Johnny Cash de sa légendaire voix rauque, aux côtés de sa nouvelle femme June Carter, sait mieux que quiconque projeter ces paysages de western imaginaires dans nos cœurs. Si vous ne deviez posséder qu’un seul live du cavalier de Kingsland, Arkansas c’est bien celui-là « Bear’s Sonic Journals : Live At the Carousel Ballroom ».
Ambiance chauffée à blanc, présence magnétique, voix inimitable, track-list de folie pour une émotion de pure country exacerbée, tous ces ingrédients font de ce « Bear’s Sonic Journals : Live At the Carousel Ballroom » une incroyable réussite. Flashback… nous sommes à San Francisco, au soir du 24 avril 1968. Le vieux Ballroom est toujours le Ballroom, il ne deviendra le Fillmore West que quelques mois plus tard sous l’égide de Bill Graham. L’Homme en Noir est dans la place et à ses côtés la splendide June Carter. La chanteuse issue de la fameuse Carter Family est de trois ans son ainée, elle en a 39. Lui en a 36 ans. Ils sont mariés depuis quatre mois seulement et la présence de sa femme donne- au sens figuré, bien sûr- la trique à notre cow-boy ombrageux. Johnny est entouré de ses musiciens fétiches, les fameux Tennessee Three le guitariste Luther Perkins, le bassiste Marshall Grant et le batteur W.S Holland. Tout démarre sur « Cocaine Blues » entonné de sa voix cavernale, c’est comme un western sonic avec Shérif, courses poursuites et coup de feux. C’est dans cette chanson-là qu’il chante : Quand j’ai été arrêté, j’étais vêtu de noir / Ils m’ont mis dans un train et m’ont ramené. ( When I was arrested I was dressed in black/ They put me on a train and they took me back… » Trois ans plus tard, pour l’album du même titre il composera son légendaire « Man in Black » peut-être en hommage à cette chanson de T.J Amall. Puis il enchaine les standards de Danny Dill ( « Long Black Veil ») ou de Ervin T Rouse ( « Orange Blossom Special ») … salués par des « wooo wooo » du public, avant de se lancer dans sa propre composition la « Going To Memphis » fantastique chevauchée portée par son incroyable appendice.
Cash tchatche et alterne ainsi ses compositions avec celles des autres, il reprend même du jeune Dylan « One Too Many Mornings » ( qui ressemble étrangement à sa cousine la chanson-titre « The Times They Are A-Changin’ »… sur le même 33 tours ! ). Cependant avec Cash elle endosse Stetson, bolo tie et boots. Et si l’on pouvait encore en douter, il enchaine un sublime « Don’t Think Twice… » comme si le Zim’ avait toujours rêvé d’être un garçon-vacher. Cavalier certes mais aussi crooner séducteur avec la délicate « Green Green Grass of Home », mais aussi parfois humoriste et tellement drôle avec ses bruitages sur la truculente « Bad News » de John D. Loudermilk. L’amour est aussi une histoire concession, savoir s’effacer pour l’autre… Johnny Cash laisse ainsi le micro à sa femme, June Carter qui dresse le portrait d’un « Tall Lover Man » qui ressemble étrangement à notre man in black, puis elle enchaine un medley de compositions de son groupe avec son père A.P Carter, le patriarche de la Carter Family , la légère « Wilwood Flower » ou l’épique « Wabash Cannonball » qu’il suffit d’écouter pour visiualiser le square- dance qui l’accompagne. Duo incroyable du couple avec « Long Legged Guitar Pickin’ Man » et c’est un des musts de l’album l’emblématique « Ring of Fire » composée par la dame et qui a pour thème… prosaïque… les hémorroïdes. Enfin ce très grand show s’achève sur le hit ultime de Cash qui nous offre un « I Walk the Line » rythmé par les applaus d’un public hystérique. Capturé par le génial ingé son du Grateful Dead ( et responsable de la fab de leurs LSD, tout de même) Owley « Bear « Stanley vous l’aurez compris, son « journal sonique » en public de l’homme en noir est plus précieux que l’or… noir !