JOHN BELUSHI THE BEST NECRO

John Belushi

Voici 41 ans dans BEST, GBD en fan absolu avait la lourde tâche de rédiger la nécro d’un des acteurs les plus mythiques, les plus dingues et forcément les plus rock d’Hollywood en la personne de John Belushi, soudainement terrassé par un fucking speedball au légendaire Château Marmont, en ce mois de mars 1982 à seulement 33 ans, et après le succès fracassant des « Blues Brothers » et le semi-flop de cette dinguerie de « 1941 ». Flashback…

John Belushi by Annie Leibowitz

Publié dans le numéro 166 de BEST sous le titre :

1949 – 1941 – 1982 JOHN BELUSHI

Lorsque le HP du transistor a crashé la nouvelle, j’ai dû tourner trois ou quatre fois tout autour de la pièce pour encaisser le choc : John Belushi est mort. Les mots résonnent dans ma tête et j’entends en phasing : Los Angeles… Speedball… Arrêt cardiaque… 33 ans. Il n’y a pas d’âge pour l’overdose à 50% d’héro et 50 % de coke. Lorsqu’était sorti “ 1941 – dans lequel Belushi campait un pilote jeté- le film avait fait un tel flop aux States que ses copains s’étaient amusés à lui faire une blague morbide. Belushi s’était vu offrir un badge avec’ 1949 (l’année de sa naissance) -1941 » Enterré ? Pas vraiment, en fait les choses marchaient plutôt bien en ce début 82 : Belushi étalait sa grosse bouille et sa barbe de trois jours sur la couv ‘ de Rolling Stone avec ce titre : « John Belushi. More than a pretty face » (Plus qu’une jolie gueule). Dans son récent film, « Continental Divide », le bon-gros-drôle démontre que derrière le sourire se planquait le cerveau, l’engrenage des méninges. « Continental Divide » permettait à Belushi d’échapper de justesse au stéréotype funny guy  hérité des années Saturday Night Live parce qu’il y jouait un éditorialiste avec beaucoup de sérieux. Ce personnage est inspiré d’un véritable rédacteur aux dents dures from Chicago, Mike Royco. « Dans ce film, je suis un être humain qui lit, qui écrit et qui vit des choses avec les gens contrairement aux personnages de bandes dessinées caricaturaux que j’ai joués jusqu’à présent. D’ailleurs, je pense que ma vie va évoluer aussi dans ce sens », racontait le nouveau Belushi.

«Continental… » lui offrait sa première scène d’amour au cinéma. Sérieux ! Le clown avait troqué son nez rouge pour une place dans un padoque et un paquet de sentiments. Dur d’échapper à un personnage qu’on a su imposer depuis des années. Pour ce rejeton d’une famille d’immigrés albanais, tout a vraiment démarré grâce à la télé et le show qu’il animait, Saturday Night Live, du café-théâtre à l’échelle américaine où Belushi et ses copains laissaient libre cours à leur sens aigu du délire. Lorsqu’il atteint le top, John Belushi a le courage de décrocher de la TV pour se lancer à l’attaque du grand écran sur les films du National Lampoon. John a su parier et gagner: « Animal House » fait un malheur aux States, ce qui lui permet d’enchaîner film sur film jusqu’aux « Blues Brothers ». Belushi a grandi à Chicago, baigné dans une culture rock. Il joue d’un certain nombre d’instruments. Aussi quand on lui propose d’aller sauver le blues, il se métamorphose en Rockin’ Belushi sans aucun effort. Mais dans la mythologie du rock, la défonce tient une place importante : John le fêtard avait la réputation d’abuser de certaines substances : « Prendre du coke… moi ? Heu… pas plus que quand j’avais dix-huit ans, sauf que l’on me remarque plus. Pourtant je n’en prends pas plus en public que n’importe quel schmuck. Et.., heu… j’en prenais parce que j’aime bien ça. Mais on évolue.

A vingt ans, tu te sens littéralement indestructible, tu penses que rien ne pourra te tuer, tu ries au nez de la mort. Hé, essaie donc un peu de m’avoir ! Tu fonces, tu passes des nuits blanches et tu essaies de faire le plus de choses possibles. Mais un jour, tu arrives à la trentaine et tu te dis, peut-être que je vais vivre plus longtemps que je n’aurais jamais cru. Je crois que dorénavant je prendrai plus soin de ma santé. » Belushi avait décidé de jeter l’éponge défonce et pistes nocturnes pour donner une chance au nouveau Belushi. Un mois après ces résolutions, le médecin légiste du comté de Los Angeles signe le certificat de décès avec la mention « overdose ». Le Coroner » Thomas T Noguchi, célébrité de LA, a déjà autopsié Bob Kennedy, Sharon Tate et Natalie Wood. Or, en décembre dernier, le LA Times a publié un papier mettant directement en doute sa compétence. Depuis qu’il a délivré le permis d’inhumer John Belushi, sa femme Judy a réclamé une contre-autopsie tandis que cinq fonctionnaires du comté exigeaient sa démission pour irrégularités diverses. Noguchi aurait diagnostiqué un jour une blessure par balles comme ayant été infligée par… un talon aiguille. Surdose ou pas, peu importe, ça ne fera pas revivre Belushi. John Belushi n’avait pas besoin d’une fin de rock star, il était déjà Belushi.

Publié dans le numéro 166 de BEST daté de mai 1982