UNBURYING THE GEMS : SPOOKY TOOTH
Réputés pour leur rock étrange, biberonné à la fois au blues et au psychédélisme débridé et, moins d’une semaine après la triste disparition de Gary Wright, l’ami Ramon Pipin décide d’exhumer aujourd’hui le joyau planqué dans sa gangue que représentait Spooky Tooth, le groupe que le claviers américain a fondé en octobre 1967 sous l’impulsion d’un certain Chris Blackwell. De surcroit, il faut se souvenir que la formation originellement formée à Carlisle avait une attache toute particulière avec l’Hexagone puisque leur 3ème LP « Ceremony » est le fruit d’une surprenante collaboration avec le pionnier de la musique électronique et fameux officiant de « La messe pour le temps présent », Pierre Henry.
Par Ramon PIPIN
Suite à la disparition récente de Gary Wright (Voir sur Gonzomusic Gary Wright le tisseur de rêves décède à 80 ans ), je me suis replongé dans la discographie de Spooky Tooth, groupe qu’il avait rejoint en 67 à l’instigation de Chris Blackwell, fondateur du label Island et dont il fut l’un des piliers. Spooky Tooth, issu des cendres du groupe VIP’s, était composé de Mike Harrison, l’un des chanteurs — et pianiste — les plus soulful ayant creusé nos microsillons, Mike Kellie aux drums, Greg Ridley à la basse qui rejoindra Humble Pie, et Luther Grosvenor (futur Ariel Bender de Mott the Hoople). Après un premier album passé inaperçu, c’est « Spooky Two » qui leur ouvrira (un peu) les portes de la reconnaissance, avec entre autres cette chanson, « Waiting For the Wind ». L’opposition entre la voix rugueuse de Mike Harrison et celle de Gary Wright, beaucoup plus acrobatique, fait son office avec ce riff basiquement très efficace et le beat obsédant de Mike Kellie. Sur cet album figure également une reprise de « Tobacco road » ou Harrison fait des merveilles. En 69 sort l’ovniesque album « Ceremony ». J’ignore ce que consommait Gary Wright à l’époque qui, paraît-il, en eut l’initiative, à moins que ce ne fut Pierre Henry, le compositeur de musique électro-acoustique, tombé raide dingue du groupe, mais là, je suis plus dubitatif. La collaboration n’en fut évidemment pas une, Pierre Henry rajoutant ses blip-blip sur les titres a posteriori. Gary Wright, qui quitta le groupe tout de suite après, déclara : « Ça n’a rien à voir avec notre musique et ça va ruiner notre carrière. C’est exactement ce qui s’est passé ». J’éprouve une fascination morbide pour les vrais suicides musicaux, tel celui-là, ou « Bish Bosh » de Scott Walker et surtout l’incroyable mais superbe « Spirit of Eden » de Talk Talk, qui suivit « The Color Of Spring » avec le hit planétaire « Life’s What You Make It ». Cela mérite une étude poussée… Spooky Tooth renouèrent avec le succès (d’estime) pour leur excellente version de « I am the Walrus » sur l’album « The Last Puff ». Il y eut des réunions, des enregistrements mais jamais hélas ils ne retrouvèrent la magie de « Spooky Two ».