JJ CALE « Stay Around »

JJ Cale by Stephane Sednaoui

JJ Cale by Stephane Sednaoui

C’est comme retrouver un vieux pote, un chemin familier mille fois arpenté. Cette guitare si caractéristique, cette signature vocale inimitable, qui sonne si claire et si forte, malgré toute sa délicatesse exacerbée. Il nous a quittés, à 74 ans, ce funeste jour de juillet 2013, et pourtant, avec ce sublime « Stay Around » posthume, jamais JJ Cale n’aura semblé aussi vivant. Et à l’écoute de ses quinze compositions inédites, on ne peut que s’exclamer : welcome back JJ avec ce putain d’album !!!

STAY AROUNDIntemporel. C’est toute la force du style du légendaire guitariste de Tulsa, Oklahoma. Et ce 15éme album, sorti d’outre-tombe grâce à Christine Lakeland,  alias madame Cale et à Mike Kappus, son fidèle manager historique, ne le démentira pas. 15 éme album et 15 chansons pour fêter son 80éme anniversaire, puisque le 5 décembre dernier, l’immense John Weldon Cale aurait soufflé ses 80 bougies. On aurait pu s’attendre ici aux fameux « fonds de tiroir », mais il n’en est rien. Car, de suite, on est conquis par la fraicheur et l’émotion que dégagent toutes ces compositions originales. « Lights Down Low » ouvre le feu avec une coolitude exacerbée, dans ce qu’elle a de plus précieux. Mid tempo légèrement sautillant, dans le feeling de « Call Me The Breeze » c’est un petit bijou d’à peine deux minutes, comme d’ailleurs la majorité des titres que compte l’album.  Premier single, « Chasing You » est une joyeuse et espiègle ballade amoureuse aux accents trainants du Sud, en version campagnarde, dans le plus pur style JJ. Toute aussi country, « Winter Snow », avec son harmonica à des accents cousins du « Graceland » de Paul Simon avec un « je ne sais quoi » des accords de la fin de l’« Ouverture » de Tommy. Et, tout cela, à la pure sauce Cale. Comme un lever du soleil, « Stay Around », la chanson-titre lumineuse est belle, comme une chanson de Neil Young. Absolument émotionnelle, elle se montre amoureuse et puissante. La force tranquille prend ici son plein sens, comme un éloge de la lenteur. Et toujours cette guitare qui n’appartient qu’à lui. Elle est s ans doute la plus belle composition de ce projet.

JJ by Stephane SednaouiAvec « Tell You ‘Bout Her » on se dit que chez JJ c’est simple comme bonjour et pourtant… Sous ses faux airs de « Cajun Moon » elle incarne la parfaite love song, à l’instar de sa collègue « Oh My My » simplissime guitare voix et c’est magique. C’est une ode dédiée à une femme, comme si souvent dans ses chansons. Il y évoque ses jambes, son style et son sourire. Superbe. 2 mn de pur bonheur. Mais JJ Cale est aussi sensible à la force du blues et il le prouve avec la bien nommée…« My Baby Blues » et son blues up tempo. Ou encore avec “Girl Of Mine”, pur blues également, qui sent bon le sud, acoustique et débordant de mélancolie. Comme une rivière en crue.Sur « Go Downtown » on découvre une guitare nonchalamment Knopflerienne…elle-même inspirée par JJ, donc retour à l’envoyeur. On y retrouve bien des réminiscences de « Down To Memphis ». Simple comme bonjour et pourtant si puissante, « If He Try » offre sa sublime émotion, de folk blues irrésistible, sans aucun artifice… Et on retrouve toujours ce solo aux notes cristallines et pures comme une source, griffe du style JJ. Beaucoup plus swing jazz, « Tell Daddy » entre piano guitare, est porté par une superbe mélodie empreinte d’une inconsolable et romantique tristesse pour une incontestable. Avec « Wish You Were here » on n’est pas du tout du côté de Pink Floyd, mais à la campagne, où l’on se laisse entrainer par une balade radieuse au soleil de l’été. Simple carte postale sonique, qui fait juste battre nos cœurs un peu plus vite. Si « Long About Sundown » partage le même ADN, ce fameux beat sautillant, que “They Call Me the Breeze” , “Maria” nous fait passer le Rio Grande, nous rappelant que son Oklahoma natal se situe au nord du Texas… lequel est lui-même se trouve au nord du Mexique…et cela s’entend en l’écoutant. Enfin, cet album inespéré s’achève sur la mélancolique « Don’t Call Me Joe » qui nous ramène dans les années 30, en voyage à travers le temps avec sa jolie mélodie au cool picking sur la guitare. Là où il est JJ Cale nous sourit à chaque instant à travers cet album ; disparu et pourtant il continue néanmoins de nous prodiguer toutes ses good vibes.

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1 réponse

  1. DENIS GARNIER dit :

    validé

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