JACKSON ET R KELLY PEUT-ON ENCORE ECOUTER LES PERVERS DU ROCK ?

R KellyQue ce soit Michael Jackson, accusé d’avoir abusé de jeunes garçons, R Kelly, qui s’est fait une spécialité de trousser des filles mineures et autres golden showers ou Bertrand Cantat, dont deux compagnes ont trouvé la mort, dont une directement sous ses coups, on doit se poser la question : peut on encore écouter leur musique, car elle est bonne, en l’isolant de leur personnalité perverse ou au contraire faut-il les vouer à toutes les gémonies eux, leur art, leur génie, leurs chansons et les balancer comme on jette le bébé avec l’eau du bain  ? Question délicate, question douloureuse, tout spécialement dans cette période after #Metoo.

Michael Jackson and ETDocteurs Jekill et messieurs Hyde, artistes géniaux le jour et prédateurs sexuels la nuit. Héros dans la lumière et démons dans les ténèbres, c’est vrai chaque homme a droit à sa part d’ombre, mais à la seule condition de ne pas blesser son (a) prochain(e). Mais les chansons…quid facerit ? Devons-nous les considérer comme des œuvres indépendantes de leur créateur et continuer à les diffuser, à les écouter, à les aimer ? Ou alors il parait impossible de les dissocier de leurs géniteurs et par conséquent les bannir sans états d’âme ? Dans les sixties, après la déclaration provocatrice de John Lennon, osant affirmer que « les Beatles étaient plus célèbres que Jésus Christ », aux USA dans les États les plus conservateurs on s’est carrément livré à des autodafés, jetant pèle mêle au bucher singles, couvertures de magazines et autres artefacts de la Beatlemania.  Aujourd’hui la question posée est simple : faut-il renoncer à écouter, voir à incinérer le « Thriller » de Michael Jackson, le double « R » de 98 de R Kelly ou le « Tostaky » de Noir Désir puisqu’on considère qu’ils ont gravement fauté ? Choix cornélien sonique et qui peut se révéler injuste, notamment pour leurs frères et compagnons d’armes. Les 4 autres Jackson 5 et les autres Noir Désir doivent-ils payer pour d’autres ? En droit français il n’existe pas de « punition collective », alors pourquoi l’imposer dans la musique. Terrible dilemme.

R Kelly and AaliyahSi toutes ces accusations se vérifient, on ne peut qu’être révulsé pour les victimes. D’un autre coté, si ces trois cas sont tout aussi choquants l’un que l’autre, leur unique point commun peut être est ce dérangeant sentiment de relative impunité : je peux commettre ces actes, car je suis moi et moi je suis au-dessus de la mêlée. C’est tout le problème de R Kelly. Non content de coucher avec des mineures, il se filme aussi pour l’«immortaliser », comme cette pauvre gamine golden showerisée d’il y a quelques années sur une horrible et triste sex tape qui avait déjà fuité. Le problème avec les images c’est qu’elles ressurgissent un jour ou l’autre. C’est justement ce qui s’est produit une nouvelle fois avec R Kelly avec la découverte de VHS compromettantes qui surgissent sans crier gare. Pourtant, déjà au siècle dernier, il avait épousé sa protégée, la (très) jeune Aaliyah qui avait alors 15 ans en affirmant qu’elle en avait alors 18, lorsque lui-même avait déjà près de 30 ans. Le tout premier album de la jeune chanteuse de Brooklyn était cyniquement intitulé « Age Ain’t Nothing But a Number ». Trois ans plus tard, la jeune chanteuse parvient à faire annuler le mariage en arguant qu’elle n’avait justement pas à l’époque l’âge de consentement. Plus récemment, les frasques sexuelles de Robert Sylvester Kelly l’ont vraiment entrainé au fond de la piscine. Et notre rythmeur blueseur ne semble pas vraiment devoir remonter pour le moment. D’abord il y a ces jeunes femmes, un « harem », voire un culte qu’il maintiendrait contre leur volonté sous sa domination exclusive. Arrestation du R, mise en prison, libération sous caution et entretien exclusif à la télé où il sort de ses gonds affirmant, pour unique défense, en larmes et au sujet de ces allégations « you re killing me » ( on me tue). Retour à la case prison pour défaut de pension alimentaire puis re-caution, on est en plein feuilleton judiciaire.aaliyah-age-aint-nothing-but-a-number-

Pourtant, dans les années 90, R Kelly était un géant. Et pas seulement physiquement. Je suis allé moi-même l’applaudir à Bercy avec mon pote Freddie Hausser et c’était génial, une voix incroyable, un feeling soul rarement atteint depuis la disparition de Marvin Gaye. « I Believe I Can Fly », les pieds de R Kelly ne pouvaient alors toucher terre. Vingt ans plus tard, c’est lui qui est à terre. Et, du coup, ses « baby baby » sonnent soudain étrangement faux, même si sa voix reste toujours aussi juste. Pour autant, je ne suis pas prêt à balancer tous mes CD de R Kelly et de mettre à la corbeille ses 238 MP3 figurant sur ma discothèque I Tunes.

Michael-Jackson-Accusé levez-vous…voici venir Michael Jackson. Dire que le gentil Michael était surnommé Bambi et qu’on craquait sur son boa, son lama, son chimpanzé et toute sa ménagerie ! On se souvient même de ses selfies avec le gentil ET ! Aujourd’hui, avec le terrible documentaire « Leaving Neverland », on nous dit que Michael était un prédateur sexuel qui s’attaquait aux enfants qu’il parvenait à attirer dans son Disneyland perso baptisé Neverland, en hommage aux « lost boys » de Peter Pan. Lost boys…indeed !  Wade Robinson et James Safechuck détaillent aujourd’hui, face à la caméra de l’anglais Dan Reed qui réalise le doc, avec minutie les attouchements, les caresses et fellations subies lorsqu’ils avaient entre 7 et 10 ans. Et c’est choquant. Mais où étaient à ces moments-là leurs parents, supposés défendre leurs progénitures ? Ils étaient trop occupés à s’éclater avec les billets première classe, les limousines avec chauffeurs et les suites de palace offerts par Michael. Comment ces mêmes parents pouvaient-ils accepter de voir leur petit gars partager la chambre de la star ? Peut-être étaient-ils tout simplement  et carrément anesthésiés par la profusion de tous ces cadeaux ? Aujourd’hui adultes, ils demandent réparation en espèces sonnantes et trébuchantes. Face à ces terribles accusations, les frangins de Michael, les Jacksons font front pour défendre son héritage musical, tandis qu’au contraire certaines radios ont déjà banni le King of Pop de leur antenne. À Paris, Louis Vuitton a même supprimé certains modèles inspirés par Jackson de sa collection.

Stevie and MichaelInversement, Stevie Wonder qui l’a si bien connu élève la voix pour défendre son camarade de label : « Il est décédé, il est mort. Espérons simplement que nous pourrons continuer l’héritage d’inspiration qu’il a donné à tant d’enfants et à tant de gens. ». Tout comme Diana Ross, qui a publié sur son compte Twitter :

« Je suis certaine et j’ai l’entière confiance que Michael Jackson a été et demeure une incroyable et magnifique force pour moi et pour beaucoup d’autres. ARRÊTEZ-TOI AU NOM DE L’AMOUR. ». De son côté, Barbra Streisand rappelle l’enfance à la fois violente et volée vécue par la star entre tournées intensives et coups de ceinturon du paternel-manager, le fameux Joe Jackson. En conclusion, là aussi, perso, j’aurai du mal à dragguer et dropper l’intégralité des Jacksons et des LP solos de Michael dans la corbeille et appuyer sur la touche « enter ».

Même sentiment mitigé pour Bertrand Cantat, deux femmes décédées dans son sillage ou pour l’ex génial Phil Spector, bouclé depuis 2009 dans la même prison fédérale que le gourou sanguinaire Charles Manson, pour le meurtre de l’actrice actrice Lana Clarkson, qu’il avait vainement tenté de faire passer pour un suicide. Mais dans le sillage du mouvement  #Metoo, suite aux révélations sur les agressions sexuelles massives commises par Harvey Weinstein, adepte de la promotion canapé des comédiennes, le seuil de tolérance face à ces dérives a très largement shifté depuis les années 70 de la libération sexuelle. Autre temps, autres mœurs, mais devons rétroactivement effacer de notre histoire tous ceux qui ont commis ces crimes et délits ?

Bill Wyman and Mandy Smith

Bill Wyman and Mandy Smith

Imaginons que nous poussions notre démonstration à son paroxysme, pouvons-nous définitivement cesser de regarder « Annie Hall » ou « Manhattan » de Woody Allen qui a épousé sa fille adoptive bien plus jeune que lui, comme « Rosemary’s baby » ou encore « Le Pianiste » de Roman Polanski accusé de viol sur mineure. On peut même pousser le raisonnement à son paroxysme en boycottant également les films produits par le honni Harvey Weinstein. Exit tous les Miramax et autres chef-d’œuvres tels « Le discours d’un roi », « Django unchained » ou même « The Artist » puisqu’il a contribué à son Oscar en distribuant le film aux USA. En musique, c’est encore pire puisqu’il faudrait également exclure des géants du rock tels que Jerry Lee Lewis ou Bill Wyman qui ont respectivement « fautés » avec des mineures de 13 et 14 ans lorsqu’ils en avaient 50. Tragique dilemme. Et quid du Marquis de Sade ? Forcément sadique, faut-il lui aussi le jeter au bucher ? Compliqué  de dissocier l’artiste de son art même en ces années 2.0

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