GEORGE CLINTON « Computer Games »
Voici 42 ans dans BEST GBD ne pouvait guère résister au super-pouvoir de la funkitude agitée, en chroniquant le tout premier 33 tours solo de son héros George Clinton, deux ans après sa rencontre avec le lider maximo de Funkadelic/ Parliament à Los Angeles. Propulsé par son single « Atomic Dog » aussi furibard que provoc, ce futuriste « Computer Games », allait marquer un tournant décisif dans la carrière du fameux natif de Kannapolis, en Caroline du Nord. Flashback…
Il faut rendre à César… car sans doute sans les influences conjuguées de Sly Stone, de Miles Davis et de George Clinton, jamais Prince ne serait devenu Prince ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Prince ). Car depuis l’aube des 70’s, avec son complice de toujours Bootsy Collins, George Clinton inventait un funk inédit à des années-lumière de ses collègues Earth, Wind & Fire ou encore Kool and the Gang. La seule exception black and crazy étant sans doute son ex-collègue des années Motown ; Rick James ( Voir sur Gonzomusic RICK JAMES « Street Songs » ). Sur scène, le grand show Clinton est un joyeux bordel de musicos aussi exercés que fantasques, vêtus de couches culottes ou travestis en sheikhs arabes à paillettes. Un véritable délire. Cependant, au tournant de ces années 80, notre lider maximo de Funkadelic/Parliament se débattait dans d’intenses problèmes juridiques de copyright pour avoir signé simultanément sur plusieurs labels à la fois. Cette fois, promis juré avec Capitol ce serait la bonne. Le label hollywoodien venait tout juste de publier le dernier Funkadelic « The Elecric Spanking of War Babies » et s’apprêtait à sortir le tout premier 33 tours solo de Clinton. J’avais donc interviewé George Clinton dans son motel de LA pour le BEST N° 160 de nov 81 ( Voir sur Gonzomusic MA PREMIÈRE RENCONTRE AVEC GEORGE CLINTON )… sauf qu’il faudra presque deux ans à ce premier album solo pour enfin voir le jour. Cependant, il faut avouer que cette patience a su nous récompenser, fort d’au moins trois hits ce « Computer Games » est un pari très largement gagné sur le groove.
Publié dans le numéro 177 de BEST
Brother Funk revient fort comme un direct du droit : George Clinton, le docteur Funkenstein, grand maitre du Funkadelic, se projette, après des galères diverses, bien en avant de la scène funk actuelle. Alors Docteur, quoi de neuf ?
« Allons, un peu de mémoire, ha ha ha (sardonic funk), après mon ultime interview dans le BEST N° 160 de nov 81 je me suis fait bêtement coffrer par les stups avec mon copain Sly (c’est le cas de le dire) Stone(d) ; ça, c’était pour le fun. Mais le pire, Brothers et sisters, c’est qu’à cause de mes histoires avec Warner, mes disques ne sont plus sortis dans votre pays comme hélas partout ailleurs Crac !… du jour au lendemain, c’est comme si l’on m’avait rayé du Who’s Who il était temps de reprendre la barre. Dans un premier temps, je me suis offert une arcade entière de jeux vidéo électroniques et hé hé hé, ça m’a donné des idées. Je suis allé frapper chez Capitol. Capitol a capitulé, mon funk les a rendus amok, il agira de même sur vous.
Comment faut-il procéder ?
Rien de plus simple glissez une pièce dans la fente en haut à droite, au dos de ma pochette, le jeu va démarrer. « Computer Garmes » vous entrainera au-delà de l’imaginaire, là où le fun et le psychédélisme s’unissent à la technologie de pointe pour stigmatiser votre délire. Avant tout, il faut mentionner le titre choc de l’album, « Loopzilla », un monster rock performant à 110 ou 120 %. Testé dans des conditions réelles — piste de danse du Lift (Londres) ou à l’antenne de mon émission sur Nova « Loopzilla », est un véritable stroboscope pour les tympans, une onde télékinétique pour les jambes les plus lasses : i-rré-sis-tible dans une forme proche du « Message » de Grand Master Flash. D’autres titres comme « Computer Games » ou « Atomic Dog » ont autant de pèche que d’esprit. Clinton produit un des funk les plus intelligents du monde en se jouant du sérieux comme un bateleur de foire. « Computer Games » est un LP qui aurait très bien pu s’intituler « Tron 2 » , il suffit de poser le disque sur la platine et les images ne tardent pas à s’animer. Une séquence, une autre encore, peu à peu, s’opère l’osmose avec la machine. Lorsqu’on le comprend, il est déjà trop tard, on fait déjà corps avec elle : fait comme un rat, je me retrouve alpagué dans le damné vortex de ce « Computer Games ».
Publié dans le numéro 177 de BEST daté d’ avril 1983