ELTON JOHN « Jump Up »
Voici 41 ans dans BEST, GBD recherchait l’Elton de ses 18 printemps, ce Capt’ain Fantastic qui savait si bien nous émerveiller de sa pop bulles de savon multicolore et si addictive et qui avait disparu depuis plus de six ans. Mais avec « Jump Up », le 16ème épisode de ses aventures, notre héros Reginald Kenneth Dwight renouait avec son parolier, le génial Bernie Taupin et tentait ainsi de réinventer la magie retrouvée de ses hits des 70’s. Hélas malgré le lumineux « Empty Garden » et le crooner « Blue Eyes », ce « Jump Up » nous fît… faux-bond.
Publié dans le numéro 167 de BEST
Dans la discographie d’Elton, il y a un grand trou noir, plus glacé encore que le vide de l’espace. Souvenez-vous, Captain Fantastic était parti pour une croisière de reconnaissance du côté de Béta du Centaure. Lorsque son dernier message nous est parvenu, c’était en juillet 76. L’Amérique fêtait son bi-centenaire, c’était Star Wars en feux d’artifices. Le Captain lançait son appel, « Don’t go Breaking My Heart », avant de disparaître. Dommage pour l’Elton que j’aimais bien, celui de « Crocodile Rock » et de quelques hits magiques qui m’ont laissé un arrière-goût de Chuppa Chup : « Your Song », « Goodbye Yellow Brick Road », « Rocket Man »… En fait, « Blue Moves » marque la frontière, le précipice où s’est volontairement jeté Elton. Je me fiche pas mal de son côté diva qui roule du cul. Il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais, dans le rock, d’opposition possible à la « gaytitude ». Pourtant, j’ai bien fini par coincer pour enfin exorciser le phénomène Elton. C’est affreux à écrire, mais tout ce qu’il a pu faire depuis 76 me fait à peu près le même effet que le plat de mon chat lorsqu’il n’est pas changé assez tôt. Puant ? Surtout insupportable de voir une rock star métamorphosée en Julio Iglesias soupard. Je crois bien avoir haï Elton avec autant de violence que j’aie pu parfois l’apprécier.
J’ai bien l’impression que le départ de Bernie, son co-writer et alter ego, ne fut pas étranger à la décadence du John. Mais Elton n’est pas un crétin, il s’est enfin décidé à retrouver Bernie Taupin. Ce retour du Captain Fantastic n’est peut-être pas complètement ingénu, mais je n’ai pas l’impression qu’il soit motivé exclusivement par l’appât des dollars et autres liquidités. Il paraît qu’un soir de cauchemar à Paris, l’esprit du rock and roll lui est apparu pour lui chatouiller les pieds. Peu importe, « Jump Up », sa nouvelle pizza, est plutôt jolie, elle est saupoudrée de racines solides et nerveuses qui ont la couleur de l’huile pimentée. « Nous étions accrochés par ces choses romantiques/Touchées par l’amour et qui savaient nous faire pleurer/Qui savaient faire voler nos cœurs sans aile/Alors quelqu’un pourrait-il me dire/Où sont donc passés les jours heureux ? » (« Where have all the good times gone »). Nous raconteras-tu un jour, Elton, l’Odyssée du Captain Fantastic de 76 à 82 ?
Publié dans le numéro 167 de BEST daté de juin 1982