ADÈLE CASTILLON « Plaisir Risque Dépendance »
Jusqu’à vendredi dernier, j’avoue n’avoir jamais entendu parler d’Adèle Castillon, cependant la découvrir en live sur la scène de l’émission Quotidien fut une mini révélation sonique. Son single « Sensations », petit bijou d’électro-pop et sa performance face au public se révèlent juste addictives, avec ce subjuguant feeling de baby doll, quelque part entre France Gall, Lio, Vanessa Paradis et Adé. Par conséquent, on ne résiste pas longtemps à l’envie de succomber voire de devenir accro à son tout premier album solo, après son aventure Vidéoclub. Intitulé « Plaisir Risque Dépendance », ses textes introspectifs et autobiographiques, sont aussi lourds de sens que sa musique contraste en mode pop légère et insouciante, façon bulles de savon.
Influenceuse sur YouTube à 13 ans, puis star d’Instagram aux milliers d’abonnés avant de fonder le joli duo pop Vidéoclub, vu mon âge « respectable », je ne suis guère a priori la cible de la jeune Adèle Castillon. Et pourtant… dans le style pop-rock-funky-teen-ager j’avais déjà bien craqué sur Thérapie Taxi ( Voir sur Gonzomusic THÉRAPIE TAXI « Hit Sale » et aussi THERAPIE TAXI « Rupture de merde » )puis Adé, 28 ans, en solo après l’atomisation de son groupe ( Voir sur Gonzomusic ADÉ « Et alors? » ), du haut de ses 21 printemps, Adèle Castillon semble décidément bien partie pour suivre la voie du succès de son ainée. Avec son titre inspiré de sa dépendance aux opiacés, après sa rupture amoureuse, qui a sonné la fin de son duo Vidéoclub, « Plaisir Risque Dépendance » joue et gagne au jeu des contrastes entre textes souvent graves et musique électro-pop aérienne aussi sucrée qu’insouciante. C’est ainsi qu’Adèle s’inscrit dans le sillage de ses ainées France Gall, Lio ou encore Vanessa Paradis. Ce premier album est riche de 14 compositions aussi speed qu’efficaces, souvent en moins de trois minutes, pour nous séduire de toute sa fraicheur. Et c’est ainsi qu’après une courte intro, où s’enchainent les messages personnels capturés sur sa boite vocale, Adèle attaque fort avec le hit entêtant « Sensations », petit bijou de pop-music qui vous vrille bien le cerveau, sur ses nappes synthétiques rythmées, quelque part entre OMD et Billie Eilich. Puis c’est au tour du mid-tempo mélodique « Gabrielle » de nous faire craquer par son insouciante naïveté. Publié l’an passé en single, « Alabama » rappelle un peu le beat du « Johnny And Mary » si tubesque de Robert Palmer. Puis, c’est au tour de la balade éthérée « Doliprane », jolie et paradoxale ode aux cachetons, de nous séduire.
Retour au dance-floor avec la percutante « Promis », qui pulse de toute son énergie positive avant de découvrir ce « Souvenirs » si mélancolique et tendre comme un journal intime. Autre single avant-coureur de l’album, « Impala » sur le thème de la rupture sentimentale groove d’une rare efficacité pour un hit imparable à la fausse légèreté, incontestablement l’un des compositions les plus accrocheuses de l’album. C’est sûr qu’avec un titre tel que « Novembre » on ne s’attend pas à un carnaval de Rio, mais même avec son thème grave sur le gâchis de la vie, la jeune Adèle parvient toujours sortir le Joker de la séduction. « Dans mon cœur il fait tout noir… » chante la jeune femme sur « PRD » et nul ne peut rester indifférent à ces mots empreints de tristesse, scandés sur un beat néo-twist années 60 revisitées, dopé aux synthés du second millénaire. De même, avec « Partir », sous son groove léger, se cache toute la peine du monde. Puis c’est au tour de la funky love-song « Je t’aime » de s’imposer, avant de laisser Adèle partager ses songes en mode hit-record à danser sur « Rêve », mini « Banana Split » du 21ème siècle. Enfin, après la sombre « Petite fille », et malgré son titre, « C’est drole » n’est bien entendu pas drôle du tout, mais tellement triste et c’est bien tout le paradoxe que cultive notre miss Castillon. Lolita techno pop en puissant vecteur de séduction ? Sans doute, mais la belle Adèle a surtout fait le bon choix quant à l’intitulé de son disque car si le plaisir y est incontestable, le risque de dépendance parait particulièrement élevé pour l’auditeur. Et c’est bien tout le but du jeu…