ELTON JOHN « Honky Château »

Elton- by Barrie-Wentzell

Elton- by Barrie-Wentzell-

C’est le 5ème LP de Reggie Dwight et il est sorti l’année de mes 16 ans…soit en 1972. Capturé au mythique studio d’Hérouville et si judicieusement baptisé « Honky Château », littéralement « le château des culs blancs » d’Elton John ressort enfin aujourd’hui en version double album remastérisé- en 2017- MAIS boosté de lives historiques et de demos intimistes inédites. Bref, 50 ans plus tard, voici de l’Elton grand luxe en version châtelain plus haut qu’au sommet de son donjon… là, carrément au firmament.

Elton JohnCelui-là était d’une toute autre trempe que son brillant prédécesseur, « Madman Across the Water » pourtant propulsé par la cute « Tiny Dancer », publié en 72 un an plus tard « Honky Château » ouvre la trilogie magnifique du natif de  – cela ne s’invente pas- Pinner dans le… Middlesex avec le flamboyant « Don’t Shoot Me » (73)  et son « White Album » à lui, le sublime « Goodbye Yellow Brick Road » (73… aussi ). Capturé chez nous à Hérouville, mentionné dans nos colonnes par de nombreux artistes qui ont enregistré et séjourné dans ce château rock de Christine McVie de Fleetwood Mac à Patrick Coutin en passant par Louis Bertignac ou les Bee Gees ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=h%C3%A9rouville ) , « Honky Château » est incontestablement l’album pivot  qui fera véritablement décoller la carrière d’Elton  qui va enfin durablement percuter le mur du son avec un réel impact planétaire. Et comment en serait autrement ? Entouré de musiciens exceptionnels qui l’accompagnaient déjà sur scène tels que Dee Murray à la basse, Nigel Olsson à la batterie et l’Ecossais Davey Johnstone aux guitares, Elton investit Hérouville un glacial mois de janvier 1972. Qu’importe, l’album n’en sera que plus chaleureux. C’est d’ailleurs par la moiteur d’une Nouvelles Orléans mythique vue par le prisme de Dr John que l’album s’ouvre sur la sautillante « Honky Cat », suivie de la soul-blanche aveuglante de la  tubesque « Mellow ». Plus surprenante, la sarcastique « I Think I’m Going To Kill Myself » tourne en dérision -quoi que ? – le mal-être des adolescents qui peut jusqu’à les conduire au suicide, un mal être qu’Elton a bien connu lui même. Malgré sa grave thématique, Elton en fait un truc swinguant, aussi irrésistible que guilleret entre le piano rag time et le « Martha My Dear » des Beatles. Parfaitement balancée blues, la romantique « Susie (Dramas) » ne manque pas de charmes, mais elle parait bien pale face au joyau ultime de cet  « « Honky Chateau », la fulgurante « Rocket Man » si cruciale qu’elle offrira près d’un demi-siècle plus tard son titre au biopic à succès de Dexter Fletcher en 2019 ( Voir sur Gonzomusic ROCKETMAN  ).

Elton JohnAvec « Rocket Man », Elton s’arrache au sens littéral à l’attraction terrestre : slow parfait des 70’s  de l’envergure d’un « Whiter Shade Of Pale » ou un « Let It Be » cet « homme fusée » était aussi la réponse d’Elton au « Space Oddity » de Bowie, la saga d’un humain qui s’envole à jamais vers les étoiles, perpétuant ainsi le mythe du cowboy spatial solitaire. Après un tel enchaînement de hits sur la face A, pas facile de construire un face B aussi solide. Et pourtant, même si celui-ci se révèle moins populaire, sa track-list  révèle quelques surprises de poids dont la première la mélancolique et black, jolie prière quasi-religieuse  « Salvation », la surprenante country « Slave », la jazzy « Amy », la francophile « Mona Lisas And the Mad Hatters » pour finir sur l’autobiographique doo wop néo-50’s « Hercules » – en fait le deuxième prénom qu’il s’est choisi lorsqu’il a légalement changé son nom pour officiellement devenir Elton Hercules John le 7 janvier 1972… soit juste avant de débarque à Hérouville pour enregistrer cet « Honky Château »-  portée par le piano d’Elton et qui préfigure déjà son « Crocodile Rock » à venir. Restent à découvrir la série de demos et là aussi cela se révèle sérieux: « Salvation » qui s’ouvre sur les dialogues des musiciens entre eux en studio plus dépouillée et forcément plus soul, subjuguante « Rocket Man » où Elton piano Steinway & Sons / voix accentue l’effet chair de poule, tout comme « Mellow » si simple et pourtant si émotionnelle qui démarre… avant de s’interrompre pour quelques dialogues et de repartir à nouveau cette fois sur la bonne voie… et quelle voie , hallucinante version accélérée de « Slave »  totalement boogie, un « Honky Cat » bien fun en version laid-back… bref, on découvre la quasi-totalité de l’album en version demo et l’effet est assez renversant. De surcroit, huit titres de ce luxueux « Honky Château » sont également interprétés dans un live capturé au Royal Festival Hall de Londres cette même et glorieuse année 1972, et franchement ce 5éme album en version étendue, voire très étendue, se révèle juste indispensable à tout Eltonophile qui se respecte.

 

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