DRAKE « Care Package »
Hélas, ce n’est pas un nouveau et 6 éme opus de Drake, mais une compilation de titres rares, bonus et autres compositions promos publiés entre 2010 et 2016. Néanmoins, cela reste du Drake et à ce titre d’un niveau tel que bien des agitateurs hip hoppeurs devraient en prendre de la graine. D’ailleurs, comme son nom l’indique ce « Care Package » (trousse de soins) pourrait en cette fin d’été réparer tous les bleus au cœur de la rentrée.
Drake c’est un peu Superman et sa légendaire vision à rayons X : voici dix jours le rapper canadien était parvenu à démasquer la manipulation d’un fan qui avait lancé une vraie fausse pétition en ligne en forme de compte Instagram pour que Drake vienne ( dixit !) « chanter à son mariage ». Ce dernier avait répliqué, en lui disant : « Tout d’abord, félicitations pour le mariage ! Et ok si tu as 1 million de likes et 100 000 followers. Bonne chance. » Mais le compte Insta du The Drake Wedding Guy grossit bientôt à 1,2 million de likes et génère plus de 250.000 followers. Mais il y avait un hic…
Car peu de temps après, Drake a posté une capture d’écran sur son propre Instagram, montrant des messages de panique du fameux The Drake Wedding Guy…qui n’était qu’un gamin de 16 ans qui n’allait absolument pas convoler en justes noces. Tout ça, c’était juste pour faire le buzz. Notre Instagrameur a dû publier le mea culpa suivant « Désolé que ça ait foiré de la sorte, en fait j’ai 16 ans, je viens de San Antonio et je n’ai jamais voulu que ça dégénère comme ça. Je suis un grand fan de toi. Tu peux avoir mon compte si tu veux, car ne sais pas quoi en faire. » Cute ! Plus sérieusement, ce nouvel album qui n’en est pas un est plus une collec’ de jolis titres égrénés par le fameux agitateur sonique de Toronto entre ses 24 ans et ses 30 ans. Déclinées de manière spatio-temporelle voici les 17 chansons de ce « Care Package » forcément…salvateur !
Aérienne, « I Get Lonely » sur son sample de « Fanmail » de TLC pulse dans l’évanescente et la légèreté. Entêtante balade amoureuse, elle a la candeur de ses 24 ans et c’est touchant comme un jeune Michael Jackson vocalisant « Ben ». De même, « Paris Morton Music », sort en 2010, juste après la publication de son premier album « Thank Me Later ». Voix haute panoramique, instru ultra simple où Drake chante et rappe avec fougue et naïveté lorsqu’il y évoque son speech aux Gramys. L’excellente « Dreams Money Can Buy » sort en 2011 avant le deuxième album studio « Take Care ». Avec son gimmick irrésistible, Drake y joue le poing d’acier dans le gant de velours dans ses lyrics électrochoqués et sa séquence aux chœurs angéliques, comme un tableau de Boticelli. Issu de la même veine, à l’instar de l’éthéré et planant « Trust Issues » qui sonne comme une prière profane, « Club Paradise » chanté et scandé, comme si souvent chez Drake, entre rire et larmes. Enfin, dans cette même cuvée, on se laisse également enivrer de son « Free Spirit » en collaboration avec Rick Ross, sur un sample chavirant du « I Will Be Your Friend » de Sade. C’est dans un laps de temps de deux ans, entre son second et son troisième album, que Drake sort coup sur coup « 5AM in Toronto », propulsé par son sample aussi discret qu’hypnotisant du légendaire « Ode to Billie Joe » de Bobby Gentry, au beat climatique et palpitant, bien entendu dédié à sa ville natale adorée, puis la fan et candide « Girls Love Beyoncé », reconnaissable à son échantillon imparable de « Say My Name » des Destiny Child, réinterprété pour l’occasion, et, enfin et toujours sur un mode nostalgique, « Jodeci Freestyle » avec J Cole rend un vibrant hommage à la formation R&B des 90’s.
Un autre titre qui date également de ces années 2011/2013, « The Motion », publié en bonus de l’édition internationale luxe de chez Best Buy de l’album « Nothing Was the Same ». Voix haute et mélodie infernale, super feeling, super flow c’est un des sommets de l’album. Et, côté cimes, Drake n’est pas avare d’exploits d’alpiniste et le prouve avec l’enivrant « Draft Day », propulsé dans la stratosphère par son célèbre sample de Lauryn Hill extrait de « Doo Wop (That Thing)”. Slow motion, comme notre Canadien sait si bien le pratiquer, « Days In The East » est une cool complainte mélancolique ; ces deux derniers titres étant publiés sur SoundCloud en avril 2014. Drake continue d’égrener ses inédits incendiaires, à l’image de cet émotionnel et sensuel « Heat of the Moment », mis en ligne cette même année. Le percutant et percuté “How About Now » et le planant codeiné « My Side » ont été inclus comme titres bonus dans l’édition physique de la mixtape « If You’re Reading This, It’s Too Late ». Forcément tubesque, puisque porté son coquin sample de Beyoncé, mis en ligne en 2015, « Can I » mérite très largement de prendre enfin la lumière. Puis, comme un final en bouquet de feu d’artifice, Drake nous la joue old school retour vers le futur du rap avec « 4PM in Calabasas », porté par son extrait du« You’re a Customer » d’EPMD. Ce titre, aussi cool que punchy, est le plus récent de cette festive collection, puisqu’il a été créé sur OVO Sound Radio, en juin 2016. À l’écoute de ces de 17 titres, on se dit que même les fonds de tiroir de Drake sont en or massif, alors le jour où il va nous livrer le successeur de son « Scorpion », sorti en 2018, cela risque e faire sacrément mal. En attendant et toujours infatigable, Drake a récemment sorti deux nouvelles inédites « Omerta » et « Money in the Grave » histoire de célébrer la victoire en NBA de son équipe, les Raptors de Toronto …deux compos qui alimenteront un jour sa future nouvelle compilation de joyaux inédits…sacré Aubrey Drake Graham 😉