DE 9 BELOW ZERO À GEORGE THOROGOOD PARIS AVAIT LE BLUES
Voici 40 ans dans BEST GBD encaissait le blues forcément glacé des 9 Below Zero dans la foulée de leur second et explosif album « Don’t Point Your Finger ». Dans le même temps l’envoyé spécial de la rue d’Antin tendait aussi son micro du côté du Palace au yankee George Thorogood en concert avec ses Destroyers. Puissant revival de part et d’autre de l’Atlantique porté par de jeunes « working class heroes », c’est un flashback en blues majeur !
Après la New Wave… la Blues Wave, au tournant des 80’s sous l’impulsion de jeunes groupes tels que les Inmates ou de justement 9 Below Zero en Angleterre et aux USA avec les Blues Brothers ou encore George Thorogood and the Destroyers, le bon vieux blues irradie à nouveau nos scènes hexagonales de son ancestrale énergie. Emportés par leur harmoniciste juste diabolique Mark Feltham, j’avais immédiatement flashé sur les 9BZ découverts durant un concert au gibus, juste après la publication de leur album inaugural, le bien nommé « Live At the Marquee ». Mais c’est avec ce tout premier LP studio capturé en seulement 12 petits jours au fameux Olympic studio que le quatuor de Londres va durablement marquer les consciences. Quant à George Thorogood and the Destroyers, ils n’avaient pas encore publié ce qui allait devenir leur titre le plus légendaire, le hargneux « Bad to the Bone » de 82 néanmoins le groupe du Delaware avec déjà quatre 33 tours à son compteur jouaient déjà dans la catégorie « vétérans ». Vous l’aurez compris à l’aube des années 80, le rock n’était pas prêt de renier ses racines noires du blues éternel.
Publié dans le numéro 155 de BEST sous le titre :
PRINTEMPS BLUES
Blues de printemps à Paris ! Dans les salles sombres et enfumées les feutres et I’harmonica, les voix sur-timbrées et acides, et les échos d’accords de blues ont fait à nouveau leur apparition. À nouveau ? Enfin presque le blues revival, le come-back ou le choc en retour, date de la fin 1978, début 1979. Cette nouvelle vague blouzante nous a déjà donné l’occasion de s’accrocher aux Inmates, au Blues Band et à 9 Below Zero. Ces derniers, justement, avaient investi le vieux Bus pour deux soirs-étapes d’une tournée française. J’avais bien aimé leur concert de I’an passé au Gibus : j’avais été complètement bluffé par le jeu accéléré de I’harmonica, Mark Feltham et son feutre à larges bords. Après le gig de ce soir je suis toujours aussi impressionné par leur new blues blanc et britannique, bien que l’ensemble reste parfois un peu détaché. Les quatre 9BZ jouent avec une précision remarquable pour des jeunes mecs. Mais comme le dit Dennis Greaves, le chanteur/guitariste :
« Si on ne s’impose pas dès le début un haut niveau, on devient vite trop indulgent avec soi. Pour un groupe, c’est pareil ! »
9 BZ tourne depuis un peu plus d’un an. Leur manager Mickey Modern a flashé sur eux alors qu’ils jouaient, un soir, au fond d’un pub déserté face à une fête foraine.
« Mickey ne pouvait pas nous faire signer dans une grosse boite comme A & M parce que nous sortions de notre garage : on n’avait pas l’expérience. » Et Denis de raconter comment A & M a financé leur premier 45 tours tiré 4 30 000 exemplaires sur M & L un label créé pour la circonstance par I’imaginatif ( Et au nom sacrément prédestiné si ce n’est pas un pseudo : NDR) Modern. Lorsqu’enfin A& M signe 9 BZ beaucoup d’encre a coulé sur eux dans la rock press anglaise et leur musique est déjà connue des DJ’s de radio.
Dennis me parle de blues revival, il n’est pas seul au club. Depuis un an les Inmates, Lew Lewis et quelques groupes anglais de la post New Wave génération s’adonnentn au rhythm’n’ blues avec succès. En 1964, les Stones, les Yardbirds, les Kinks et quelques dizaines d’autres jouent du R and B. Les années 70 marquent le recul du blues, sa décadence avec la fin Ten Years After et l’arrivée du power pop à la Glitter. Le seul qui s’accroche au blues des seventies c’est le bon docteur, Doctor Feelgood. Ne riez pas, mais si le Rand B de 9 Below Zero est ce qu’il est c’est grâce à la New Wave, le coté compositions éclairs qui s’enchainent, par exemple Rhythm and Rock, New Blues, Mod Blues… ça fait décidément beaucoup d’étiquettes.
Another blues, another planet… George Thorogood était au Palace avec les Destroyers et son accent du Delaware à couper au couteau. « Je suis content d’être avec vous ce soir» et « Les femmes qui sont ici sont les plus jolies » c’est tout ce qu’il sait dire en français, mais ça suffit. Coïncidence ou blues- parallèle, George et son band ont débuté aux USA la même année, que nos 9BZ et leur background familial de fils d’ouvrier sonne sensiblement pareil des deux côtés de l’Atlantique. George et Dennis ont un autre point commun: leur perception du happy blues. Mais la musique de Thorogood est plus chaleureuse, elle pencherait presque vers le rock and roll. Pour lui ça n’est que du « noise with a beat» (un bruit rythmé), du « schlep rock » comme il dit. En fait, on assiste à un retour en stéréo: come back Rockabilly/ Blues, avec d’une part Stray Cats, Polecats et autres cats, et d’autre part les 9 BZ et les Thorogood, comme si les kids tentaient a travers les sons de trouver le beat à remonter le temps… attention accrochez-vous bien, le rideau va s’ouvrir. Nous sommes au Marquee, à London town et le calendrier du DJ marque 1964. On oublie tout, même la crise…
Publié dans le numéro 155 de BEST daté de Juin 1981