COLBIE CAILLAT « Along the Way »

Déjà 38 ans, un bel age pour publier son 7^ème album, Colbie Caillat, la fille du fameux producteur de Fleetwood Mac, Ken Caillat, forcément biberonnée à la musique dès sa naissance nous revient enfin. Lorsque je l’avais interviewée pour Rolling Stone, la jolie Californienne avait à peine 24 ans. 14 années plus tard, et 9 ans après son dernier album, Colbie, désormais devenue une Southern Belle, s’est installée à Nashville et sa pop insouciante s’est très largement teintée de cette country-music, dans laquelle elle a choisi de plonger, comme le prouve cet « Along the Way » à la fois si insouciant et pourtant puissant comme le bourbon, idéal pour se réconforter pour se distraire de cette période troublée.

Lorsque je l’avais rencontrée à Paris en 2009, dans la foulée de la publication de son second opus, le bien nommé « Breakthrough », je lui avais dit :

« Tu n’as que 24 ans, pourtant ta musique est intemporelle, elle pourrait être la musique de ton père ? Tes chansons ont un coté Joni Mitchell qui est assez âgée pour être ta grand-mère tout comme Linda Ronstadt ou même Sheryl Crow, qui pourrait être ta mère ? Ce sont des chansons estivales à écouter dans un cabriolet sous le soleil… ». Et Colbie avait alors répliqué en riant:

« C’est totalement ça. Lorsque tu écoutes des tas de choses, elles finissent par déteindre sur toi. Alors c’est vrai, j’ai grandi en écoutant Joni Mitchell, James Taylor, Fleetwood Mac, Bob Marley, Lauryn Hill, John Mayer, Sheryl Crow …j’aime ces différentes musiques. Je crois que l’alchimie se trouve dans l’équilibre entre tes influences, ton environnement et aussi toutes les expériences que tu peux vivre. Tout se mélange et s’associe pour devenir des mélodies échafaudées dans ta tête. Mes chansons portent en elles toute cette expérience lumineuse. ».

14 années plus tard, sur ce nouvel album, la voilà qui vocalise justement en duo avec Sheryl Crow… qui pourrait effectivement « être sa mère », comme je lui suggérais alors. Intitulée « I’ll Be Here », c’est une superbe balade acoustique en forme de « Love Song » ensoleillée, enregistrée avec Sheryl, qui est désormais sa voisine, à moins de dix minutes de sa maison de Nashville et par le pouvoir de leurs voix conjuguées, c’est superbe.  Certes, ces chansons sont bien plus matures et moins « fleurs bleue » pop que celles des premiers albums teles que « Bubly » ou « Breaktrough », mais c’est comme si l’on découvrait une nouvelle Colbie, adulte et bien dans sa peau, dès le premier titre, ce « Wide Open » mélancolique et lyrique, portée par sa pedal-steel guitar et sa mélodie catchy, quelque part entre Sheryl Crow et Emylou Harris. Puis notre cow-girl poursuit sa chevauchée, achevant de nous convaincre, avec « Pretend » et sa guitare entre « Lying Eyes » et « Easy Feeling » des Eagles et son petit côté « Love Is A Rose » de Linda Ronstadt, avant la mélancolique love-song  entêtante « Worth It », impeccable tube  aux légères réminiscences de son « Fallin’ For You ». Simple acoustique et voix, « Sometimes You Need A Change » semble incroyablement autobiographique et explique peut-être pourquoi notre Colbie a décidé de quitter Malibu pour aller vivre à Nashville.  Après la romantique « For Someone », puis la délicate « Meant For Me », on succombe immédiatement à l’irrésistible « Still Gonna Miss You », véritable hit en slow-motion qui sera sands doute son nouveau « Bubly ». Il faut saluer le sens inné pour la mélodie de Colbie et elle le prouve à nouveau avec « Blue » qui s’empare de votre esprit comme le lasso sur le bronco. Presque une comptine enfantine, « Two Birds » se laisse porter par sa slide joyeuse… à la Byrds et l’album s’achève sur la chaleureuse « The Other Side » à la country soul dorée neo-Jamestayloresque bien plus Memphis que Nashville. Bref, si notre California girl s’est muée en country queen, je crois que nous serons nombreux à suivre son nouveau et sonic rodéo en criant…  yeeehaaa !