CHIC It’s About Time

 

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« It’s About Time »…littéralement « il était grand temps », rarement album n’aura eu un titre aussi adapté aux circonstances, puisque son prédécesseur « Chic-ism » était sorti en 1992 soit…26 années auparavant. Nile Rodgers nous l’avait pourtant juré depuis longtemps : tel le retour du Phénix, Chic renaitrait de ses cendres. Aussi groovy que lumineux, « It’s About Time » va enfin pouvoir nous faire dire à tous : chic… enfin un nouveau Chic !

 

chic-its-about-timeComment oublier cet été 81 ? Pour mon premier voyage de presse, Warner et ses frères de WEA Filipacchi avaient fait les choses en grand, invitant tous les responsable variétés des radios et des télés à vivre une semaine de millionnaires à Los Angeles, enchainant limos et restaus de luxe. Jeune très jeune même journaliste de BEST, je n’étais à LA que pour un concert de Joe Walsh et une interview avec David Lindley. Et basta. Au bout de  deux jours, j’abandonnais les vieux croutons du showbiz pour aller manger un lox & baggel  à Venice Beach. Heureusement pour moi, Marc Exiga le cool boss français du label US était avec nous et lorsqu’il a compris que je me faisais chier comme un rat mort, il a immédiatement accepté ma demande de m’expédier à New York pour rencontrer un des groupes que je rêvais d’interviewer depuis mes débuts de journaliste musical. 18 mois auparavant, j’étais pigiste à Rock & Folk et ma toute première chronique était le LP « Spacer » de Sheila…produit par un certain tandem constitué de Nile Rodgers et de Bernard Edwards. En fait, à part quelques vocalises de la chanteuse de « L’heure de la récré » c’était un pur album de Chic. En juillet 81, le groupe était justement à NY en train de capturer « Take It Off », son 5éme album. Comment décrire cette émotion en débarquant au légendaire Power Station studio de Manhattan ? Après un entretien mémorable avec Nile et Bernard, fiers de parler à un journal de rock, lorsqu’aux US on voulait les cantonner à la sphère funky disco black. « Toute ma vie, j’ai voulu être un guitariste de rock », m’avait alors confié Nile, «  c’est pour cette raison que nous avons créé Chic ». Ce jour-là j’ai aussi rencontré le bassiste Carmine Rojas et le claviers Raymond Jones, qui m’introduiraient deux ans plus tard au studio SIR de Manhattan pour assister aux répètes du Serious Moonlight Tour de Bowie…où, dans la foulée de « Let’s Dance » Nile était justement aux commandes. C’est dire si j’ai quelques excellentes raisons de me réjouir de ce retour forcément mystic de Chic 😉

Le rythme « Good times » qui irradie de toutes ses ondes positivesTake It Off

Car justement tout démarre avec « Till the World Falls », qui rappelle un peu « Chic Mystic » prouvant la bonne vieille recette du mix funk et rock de Nile n’a pas pris une ride. Certes elle a été remise au gout du jour grâce aux Daft Punk. Puissant disco aussi cool qu’intemporel, débordant de good vibes , le titre évoque aussi Sister Sledge avec les voix conjuguées de Mura Masa, de Cosha et de Vic Mensa. On retrouve cet optimisme Chic en total groove avec son solo de percus, comme au bon vieux temps de Bohannon et tout ça…et toujours omniprésente cette infernale guitare « Let’s Dance » de l’ami Nile. Pour un premier single si festif de ce new album, on peut dire que le guitariste a mis dans le mille. Et sans perdre son souffle voici un « Boogie All Night » promis lui aussi à un avenir radieux. Total in the groove, porté par la voix acidulée d’ado sensuelle de Nao, comme une nouvelle Sister Sledge et toujours sur le rythme « Good times » qui irradie de toutes ses ondes positives. Nile n’a-t-il pas vaincu deux fois un putain de cancer ?  Cela donne, effectivement et même à un vieux con comme moi, la force de faire le boogie jusqu’au bout la nuit. Avec « Sober » on retrouve les voix de Craig David et Steflon Don…en total New Jack Swing au groove incendiaire. Super titre débordant d’énergie intemporel furieusement cool « Sober » joue la séduction comme la puissance d’une funkitude infinie. Et comme la cerise trone au top du gâteau, « Sober » se voit doublé d’un remix signé justement par le pape du New Jack Swing, Teddy Riley ,qui les a tous produits de Bobby Brown à Michael Jackson en passant par Keith Sweat, Heavy D, Doug E Fresh. So retro cool. Et le rythme ne faiblit jamais, il est vrai que Nile a pris le temps de se préparer à ce nouvel album, deux décennies, cela vous donne tout le temps de cogiter pour balancer les hits en rafale de mitraillette Uzi.

 Au sommet de la blackitude

Nile Rodgers & Bernard Edwards

Nile Rodgers & Bernard Edwards

Fils légitime de « Le Freak », « Do You Wanna Party » avec Lunch Money Lewis est un des must de cet album. Beat endiablé et imparable taillé pour les pistes de danse et toujours ce petit riff de guitare de Nile qui propulse le titre au sommet de la blackitude. Tout aussi festif, même s’il est moins tubesque, « Dance With Me » avec la comédienne Hailee Steinfeld est lui aussi taillé pour la danse, dans l’insouciance de l’hédonisme fun. Et toujours cette guitare, infernale comme une locomotive, pour entrainer ce party train. Et, comme si le temps avait suspendu son vol, 26 années après « Chic-ism », « I Dance My Dance »   incarne cette quintessence du style Chic, la guitare de Nile Rodgers en avant, comme au bon vieux temps avec voix de gonzesses et tout le cirque. On songe un peu « Stage Fright » pour un des atouts de cet album. Plus surprenant, l’instrumental nonchalant qui offre son titre à l’album « State of Mind (It’s About Time) »  sonne carrément jazz funk entre Quincy Jones et Weather Report…avec en guest star le Français multi-instrumentiste Philippe Saisse pour une compo super cool et virtuose au piano cocorico ! Encore plus incroyable, « Queen  », le superbe duo  entre Elton John et Emily Sandé est un pur slow mélodique et pulsé où les deux voix se fondent en parfaite harmonie…paradoxalement, on songe plus à Prince que Chic entre son « Free » et son « Another Lonely Xmas ». C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures confitures et tout s’achève par un cover de Chic, « I Want Your Love », qui agitait le second 33 tours « C’est chic » de 78.  Co signé Rodgers et Edwards, mais cette fois avec un featuring Lady Gaga. Taillé pour la danse, cette auto-reprise est boostée par la présence de la Gaga et également par l’ombre tutélaire de l’ami Bernard Edwards…miss U so much man ! Brillamment remis au gout du jour et électrisé par une touche d’electro et par l’éternel riff légendaire de Nile, « I Want Your Love » clôt cet album évènement qui n’a décidément pas fini d’agiter l’hiver qui approche. Comme le dit si bien Nile Rodgers, il était effectivement grand temps !

 

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