CESARIA EVORA LA DIVA AUX PIEDS NUS

Cesaria Evora by Alain Gardinier

Cesaria Evora by Alain Gardinier

Mais quelle émotion de découvrir ces images souvent inédites où le sourire de Cesaria Evora s’affiche en grand écran, grâce au merveilleux film de la réalisatrice portugaise Ana Sofia Fonseca. Dans ce portrait intimiste, intitulé CESARIA EVORA LA DIVA AUX PIEDS NUS, l’icône de la morna cap-verdienne se raconte à la première personne du singulier, entourée de ses proches et de ses musiciens. Chez elle à Mindelo, sur l’ile de Sao Vicente, ou en tournée sur les scènes planétaires les plus prestigieuses, dans ce film documentaire aussi remarquable que captivant Cesaria n’aura jamais été aussi vivante.

Cesaria EvoraDès le toutes premières images du film d’Ana Sofia Fonseca, je sens les larmes monter aux yeux. Normal, car ces images sont les miennes. En 1992, avec une poignée de confrères dont Alain Gardinier ( dont la photo illustre cet article)  Bouziane Daoudi, je débarquais au Cap Vert pour rencontrer Cesaria Evora. Mais sa villa était à des années-lumière du luxe showbiz auquel j’étais habitué L’escalier de bois qui menait au premier étage était branlant et le balcon en fer forgé menaçait de s’écrouler. J’avais filmé Cesaria avec ma caméra Hi 8 familiale et elle était juste bouleversante. Pourtant ici à Mindelo, Cesaria était déjà une star. Dès qu’elle apparaissait dans un bar pour chanter, la clameur du public l’accompagnait invariablement. Mais les tenanciers exploitaient sa douceur et son immense talent, en ponctionnant tous les pourboires que le public lui lâchait lui facturant à pris d’or tout le whisky que la chanteuse engloutissait. Fort heureusement pour elle, un cheminot parisien d’origine cap-verdienne, Jose Da Silva, va tomber follement amoureux de son art et financer non seulement ses premiers voyages à Paris, mais aussi l’enregistrement de ses albums dans des studios professionnels. Ce jour -là, lorsque j’ai rencontré notre Diva, elle avait tout juste 51 ans.  Mais la vie ne l’avait guère épargnée, en la serrant dans mes bras j’avais l’impression de câliner ma grand-mère, pourtant elle avait à peine 15 ans de plus que moi. En la découvrant ainsi, comment ne pas avoir un pincement au cœur ?

José Da Silva et Cesaria Evora by Janete Evora

José Da Silva et Cesaria Evora by Janete Evora

Dans les yeux de Cesaria il y avait toute la tristesse du monde, tristesse d’avoir toute sa vie été abusée par des hommes qui se servaient d’elle et qui l’exploitaient.  Heureusement, grâce à mes confrères journalistes et aussi tout l’acharnement de José, l’immense talent de la Diva aux pieds nus est enfin reconnu. Riche d’incroyable documents, le film dépeint cette irrésistible ascension de Cesaria, d’abord avec le soutien des différentes diasporas cap-verdiennes, puis s’imposant à un public world music de Lisbonne à Paris en passant par Londres et New York, qui succombe à cet irrésistible blues cap-verdien. On suit Cesaria chez elle, en famille, on la suit en tournée, l’accompagnant jusqu’à dans sa loge. Mais on partage aussi ses doutes, ses faiblesses, tout comme son immense chagrin, ce dépit amoureux qui l’entrainait invariablement par le fond. A force d’avoir eu le cœur brisé, Cesaria décède d’une crise cardiaque à seulement 70 ans.

Cesaria Evora by Eric Mulet

Cesaria Evora by Eric Mulet

Riche en émotions, riche de cette culture de la morna, ce blues créole cap-verdien qu’elle incarnait, un peu à la manière du reggae de Bob Marley pour la Jamaïque, CESARIA EVORA LA DIVA AUX PIEDS NUS lui rend l’hommage qu’elle mérite. Courrez le découvrir en salle dès sa sortie demain mercredi 29 novembre car nul ne voudrait rater un tel évènement.

 

 

 

 

 

 

 

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