DOLLY PARTON « Rockstar »
Quand Dolly penche vers le rock, on peut affirmer qu’elle en fait des tonnes…. cette Parton… sur ce double CD massif de 30 titres et plus si affinités, avec un maximum de reprises pépites et un carnet de bal qui nous donne le vertige où moult invités hallucinants donnent la réplique à la native de Pittman Center dans le Tennessee, à l’instar de Paul McCartney, Ringo Starr, Peter Frampton et Mick Fleetwood qui l’accompagnent sur le monument « Let It Be ». Ou Debbie Harry sur le « Heart Of Glass » de Blondie, tout comme Elton John sur son « Don’t Let the Sun Go Down on Me ». C’est du lourd. Du très très lourd, et à l’écoute de son ambitieux « Rockstar » on ne regrette pas une seconde que Dolly ait troqué son costume de cow-girl pour le cuir tanné du perfecto de la rockeuse.
Gonzomusic vous l’avait annoncé en mai dernier (voir sur Gonzomusic Dolly Parton la nouvelle Rockstar ), après toutes ces années à porter sa couronne de Country Queen, Dolly Parton s’imaginait en rock and roll girl pour reprendre, si possible avec ses créateurs, ses titres favoris de la rock culture, ou en imaginer de nouveaux à partager avec ses guitar heroes favoris, à l’instar de ce « Rockstar » qui ouvre le double CD, façon métal version BD. Comme on n’est jamais si bien servi que par soi-même ce titre composé par Parton Dolly est boosté de toutes les testostérones du guitariste Richie Sambora, un peu à la manière d’Eddie Van Halen sur le « Beat it » de Michael Jackson. « Rockstar » est un pari gagné sur l’éclectisme et Dolly le prouve à nouveau, en reprenant l’emblématique « Every Breathe You Take » de Police et avec Sting. Passage obligé vers le rock FM avec ce titre grandiloquent de Journey de 81 « Open Arms » , un truc si sucré qu’un message d’alerte devrait être accolé pour les personnes diabétiques, interprété avec Steve Perry à ses côtés. De Heart, je connaissais « Barracuda » et le puissant « Crazy On You », mais ce « Magic Man » vocalisé avec Ann, une de sœurs Wilson et en présence d’Howard Leese, le guitariste historique de Heart constitue une agréable surprise. Hit massif de Creedence, Dolly a choisi l’immense « Long As i Can See the Light » de et avec son géniteur John Fogerty, et l’alchimie entre les deux, dans une version hantée par le blues, se révèle juste parfaite. Bo,n on peut s’affranchir de la compo de Dolly « Either Or » interprété avec cet âne bâté et de surcroit facho de Kid Rock, on se ditque ça doit être sans doute un bon pote. Heureusement, on reprend courage avec « Purple Rain » de Prince, revisité avec toute la passion rock de notre country star. Mais c’est avec la cool « Baby I Love Your Way » de et avec Peter Frampton que mamie rock achève de nous emballer. Un peu de girl power avec Joan Jett en reprenant son « I Hate Myself for Loving You » de 1988 et même combat avec « Wrecking Ball » de et avec Miley Cyrus, avant que l’infatigable Dolly n’attaque le « Night Moves » de Bob Seger, mais en duo avec son collègue country star Chris Stapleton et c’est ma foi plutôt convaincante. Bon, « Satisfaction » avec Jagger et Richards, on peut dire que ça aurait eu de la gueule, à la place on a Pink et Brandi Carlile et on reste tout de même un peu sur sa faim, même si version est achetable et qu’elle me rappelle le hit d’Eurythmics « Sisters Are Doing it For Themselves ».
Après le « Keep on Loving You » REO Speedwagon avec Kevin Cronin, le chanteur guitariste du groupe de Champaign, Illinois Dolly s’associe à Debbie ( Harry) pour revisiter le brillant « Heart of Glass » de Blondie. On se souvient du live colossal entre Elton et George Michael, qui entonaient de concert la superbe « Don’t Let the Sun Go Down on Me » ; cette fois Dolly a pris la place de l’ex-Wham décédé pour donner la réplique à Sir Elton, ce qui constitue un des grands moments de bravoure de ce « Rockstar » . Et comme il ne faut pas jeter la baby rocker avec l’eau du bain, certaines compos de Dolly Parton tiennent très largement la distance, à l’image de ce couillu « Tried to Rock Ann Roll », vocalisé, volcanisé même, avec l’incandescente Mellissa Etheridge. Plus surprenant, sa reprise de l’iconique « Stairway to Heaven » ne se pratique ni avec Robert Plant, ni même Jimmy Page… mais de façon plutôt spectaculaire avec la R&B massive Lizzo. Quant au medley de Queen « We Are the Champions/ We Will Rock You » sans aucun guest, c’est bien la preuve que la Parton n’a besoin de personne pour frapper de rock et d’estoc ! Autre surprise de taille, sa propre reprise de son tube de 72, la balade « Blue Tears » aux côtés du Duran Duran Simon Le Bon, dans l’écho d’un véritable festival de guitares. La force de ce vaste projet est aussi de nous faire redécouvrir quelques rocks obscurs et à ce titre « What’s Up », en duo avec sa créatrice Linda Perry, la chanteuse de 4 Non Blondess est particulièrement réussi. Linda Ronstadt en avait fait un méga hit au milieu des 70’s, « You’re No Good », la compo de Clint Ballard Jr est ici reprise à trois voix avec Emmylou Harris et Sheryl Crow, et inutile de vous dire que ce gang de filles fait bien des prodiges. Cet hommage au rock and roll et à ses filles n’aurait pu être complet sans une reprise de Pat Benatar AVEC Pat Benatar, mais j’aurais plutôt parié sur « Love Is a Battlefield » ou « Hit Me With Your Best Shot », mais c’est finalement l’incendiaire « Heartbreaker » de 79, extrait du tout premier LP de la Benatar qui réunit les deux chanteuses. Mention particulière à la composition de Parton inédite « i Dreamed About Elvis », un hommage de la Queen of country to the King of rock and roll avec la complicité du side band de Presley les historiques Jordanaires et le résultat est assez bluffant ; je vous en ai parlé dans le chapô, le cover le plus ambitieux de « Rockstar » c’est bien « Let it Be » des Beatles avec Macca et Starr, sans oublier Peter Frampton et le batteur Mick Fleetwood en cerises sur le gâteau rock. Enfin, ce massif double CD s’achève en bouquet final sur les fameuses envolées de « Free Bird » de et avec Lynyrd Skynyrd. Sauf que pour les véritables amoureux de la Parton, six titres supplémentaires sont disponibles sur diverses plateformes, comme sa propre « Jolene » enregistrée avec les jeunots de Måneskin ou encore « Hit Me With Your Best Shot ». Et après tous ces efforts, je crois que nul n’osera contester le droit de Dolly Parton de troquer sa couronne de reine de la country pour celle du royaume du rock… même si sa vision du rock est bien plus rock FM US que métal fondu. Pas de Metallica ni d’AC/DC ici ni même de Black Sabbath ou de Motorhead et on ne peut tout de même que le déplorer.