BATTERSEA POWER STATION BACK FROM THE FUTURE

De Pink Floyd au jeu GTA, en passant par Hitchcock, les Beatles, the Jam, the Cure, mais aussi, excusez du peu, Superman et Batman, elle les a tous connus. Elle, c’est la Battersea Power Station dont la mythique silhouette apparait sur la pochette du LP « Animals » de Pink Floyd et dans tant de longs métrages au cinéma. Désaffectée depuis trois décennies, la « belle endormie », dont la silhouette se découpe le long de la Tamise, dopée par l’arrivée de la toute nouvelle ambassade US toute proche, se réveille enfin et c’est un choc futuriste.

Par Karina DABROWSKI

AnimalsMenacée de destruction depuis 30 ans, après sa fermeture en 1983, la centrale électrique de Battersea est restée une friche industrielle à l’abandon, jusqu’à ce qu’un projet immobilier colossal voit enfin le jour grâce à un consortium d’investisseurs malaisiens qui rachète, en 2012, le site de 17 hectares pour la somme de 512 millions d’euros.  L’ancienne centrale électrique, chef d’œuvre d’art déco et gloire industrielle de l’Angleterre du XXème siècle est en train de renaître et de connaître une fantastique réhabilitation . D’ici à 2020, le bâtiment de 27 000m2 , si vaste qu’il pourrait abriter la cathédrale St Paul,  sera métamorphosé en un luxueux complexe immobilier, commercial et culturel, avec bars , restaurants, salle de spectacle, cinémas, salles de sports ainsi que les bureaux de Apple UK avec ses 1400 employés.  Au pied de l’ancienne centrale, un fantastique terrain de jeux pour architectes, dont les célèbres Frank Gehry et Norman Foster, se transforme, le long de la Tamise, où travaillent en permanence 3000 ouvriers. Huit immeubles vont être construits au total. Le projet prévoit 43% de commerces et 57% de bâtiments résidentiels avec un total de 8 immeubles qui y seront construits .

battersea 2

On peut déjà s’y promener, boire et manger, admirer les façades futuristes de Prospect Place, Circus West, Battersea Roof gardens, prendre un verre sur le Coaling Jetty , qui était autrefois le quai de livraison de la matière première principale de la centrale, le charbon . Avec un peu de chance, apercevoir Sting ou Bear Grylls, l’aventurier de « Man vs Wild », heureux propriétaires d’appartements avec vue sur la Tamise et le pont de Chelsea. Sans doute emprunteront-ils l’ascenseur de verre qui sera installé dans une des cheminées , flâneront-ils le long de la promenade piétonne de 4,5km  en bord du fleuve et pour rentrer chez eux, ils pourront prendre le métro et descendre à la nouvelle station de métro de Battersea Power Station, sur la Northern Line , à moins qu’ils ne préfèrent arriver en bateau-taxi. Après avoir éliminé les milliers de pigeons qui y avaient élu domicile et retardé le démarrage de chantier pour reloger une famille de faucons pèlerins , l’ancienne centrale est maintenant un impressionnant bloc vide, où seront sauvegardées les caractéristiques d’origine du design des années 30, avec sa salle des turbines, ses sols en marbre, ses parquets cirés  et ses poignées en bronze doré,ses mosaïques et ses colonnades. Ce chef-d’oeuvre d’architecture industrielle, dont la construction avait débuté en 1929, alimentait en électricité une grande partie de la capitale, don’t Buckingham Palace. Le projet initial avait été mal accueilli  par les habitants du quartier, le qualifiant d’ horreur et craignant que la pollution au charbon, qui était la matière première principale, ne dégrade les oeuvres d’art hébergées au musée de la Tate Britain, située non loin sur la rive opposée de la Tamise. L’architecte finalement retenu, Sir Giles Gilbert Scott, fort de son succès avec ses cabines téléphoniques rouges, avait finalement séduit avec son projet au  look de cathédrale en briques.  C’est aussi lui qui avait conçu la centrale située à Bankside et qui est devenu la Tate modern, magnifique musée d’art contemporain.

salle des machines

Bâtiment classé au patrimoine, repère pour les aviateurs pendant la Seconde Guerre mondiale grâce à ses 4 cheminées de 100m de haut, c’est aussi et surtout grâce à Pink Floyd et leur album « Animals », sorti en 1977, alors que la centrale éléctrique était encore en activité, que la silhouette légendaire de cet énorme bloc constitué de 6 millions de briques rouges est reconnue dans le monde entier. C’est Roger Waters, qui habitait alors à Clapham, quartier proche, qui en avait eu l’idée. Pour le cochon volant, c’était lui aussi. Ce cochon gonflable, fabriqué par les industries Zeppelin pour illustrer la pochette de l’album avait été amarré à une cheminée, mais s’était malencontreusement envolé et avait créé le chaos en dérivant dans les couloirs aériens de l’aéroport d’Heathrow. Jusqu’à ce qu’il échoue dans un champ du Kent!

Battersea 4Dans le monde de la musique, d’autres artistes ont également utilisé le décor de Battersea, quelques exemples: The Jam, Tori Amos, Texas, Take That, The Cure, The Who, pour l’album « Quadrophenia », Morrisey, Muse et même Petula Clark ! Côté cinéma, les plus grands ont commencé tôt à exploiter les angles et vues dramatiques du site: Alfred Hitchcock en 1936, pour son film « Sabotage ». Ont suivi, et pour n’en citer que quelques-uns: les Beatles , dans leur film « Help » en 1965, « Superman III », avec Christopher Reeve en 1983,  les Monty Python avec ‘’The Meaning of Life’’ en 1983, la série de la BBC, « Dr Who », « Batman the Dark Knight » de Christopher Nolan en 2008, « Children of Men » d’Alfonso Cuaron en 2007. Sans oublier une fameuse scène dans « Le discours d’un roi », de Tom Hooper en 2011, tourné dans la superbe salle des machines, servant de décor à la reproduction du studio de la BBC d’où le roi George VI prononçait son discours. Même dans le monde des jeux vidéo Battersea aura laissé sa marque dans GTA London 1969 (1999) ou Colin McRae : Dirt 2 (2009). En revanche, pas de James Bond tourné à Battersea, hélas, la scène où le méchant Blofeld est précipité dans une cheminée d’usine dans ‘’Rien que pour vos yeux ‘’ (1981)  a été tournée sur le site de Beckton gas works. À s’y méprendre…Battersea 3

Néanmoins, tout le monde n’apprécie pas la modernité de Battersea et son nouveau paysage audacieux. À quelques rues de là, la nouvelle ambassade des États-Unis a élu domicile dans un splendide cube de verre étincelant. Celui qui devait venir l’inaugurer en juillet 2018 n’est pas venu. Donald Trump n’aimant pas du tout ce quartier ….lousy….horrible…off. Peu importe, Giles, Gilbert et Scott, les 3 faucons pèlerins nés dans les vestiges de la centrale, ne sont sans doute pas d’accord, tout comme le cochon volant du Floyd 😉

 

 

 

Textes et photos by Karina DABROWSKI

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1 réponse

  1. DENIS GARNIER dit :

    tres cool cet article

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