ALTERED CARBON
Dans exactement 350 ans, les gars, vous vivrez plus de 350 ans, grâce à ce disque dur interne d’origine extra-terrestre, transférable d’un corps à l’autre, comme on peut cloner son nouveau Mac à partir de l’ancien, tel est le pitch de base de cette excellentissime ALTERED CARBON dont l’intégrale des dix épisodes de la saison 01 est déjà proposée depuis trois semaines sur Netflix perpétuant ainsi leur légendaire offre de « binge watching ».
L’érudit rock que je suis les a bien connus, je veux parler des Altered Image, ce groupe de Glasgow formé en 79, qui a publié entre 81 et 83 trois LP d’une pop improbable. Leur tout premier hit obscur portait le titre troublant de « Dead Rock Star », mais les charts ne les avaient vraiment découverts qu’avec leur fracassant « Happy Birthday » de 81. Trois petits tours et puis s’en vont…comme c’était la coutume dans ces accélérantes années 80 ? Pas tout à fait puis que l’âme d’Altered Image, le guitariste Johnny McElhone, tel le Phénix renaissant de ses cendres va fonder Texas en 89 avec Sharleen Spiteri et Ali McArlaine…sachant qu’Altered Image avait déjà une chanteuse preuve que notre Johnny avait passablement de la suite dans les idées. Quel rapport avec ALTERED CARBON me direz-vous ? Absolument aucun, rassurez-vous, juste le plaisir de parler de groupes de rock dont personne ne parle. Cependant Richard K ; Morgan, l’auteur du roman qui a inspiré la série de SF n’est pas si loin de l’Écosse…puisqu’il est Anglais. C’est lui qui a créé la trilogie où évolue le personnage de Takeshi Kovacs (Joel Kinnaman), sorte de détective privé aussi taciturne qu’antihéros qui évolue dans cet univers futuriste où l’âme n’est dans le fond qu’une clé USB qu’il suffit de brancher sur une autre « enveloppe », c’est d’ailleurs l’expression utilisée pour parler des corps humains où l’on change de peau presque aussi facilement que de vêtements. À condition de payer, naturellement. La force d’ALTERED CARBON c’est qu’au-delà de la simple énigme policière projetée dans le futur, la série pose bon nombre de questions que l’on doit se poser face à toutes ces avancées scientifiques sur le corps humain qui sont à double tranchant. D’ailleurs le fameux « disque dur interne transférable » n’est pas d’origine terrienne, mais extra-terrestre et « adaptée » à l’homo sapiens.
Ce cocktail Asie-LA- futur-pluie qui faisait toute la marque du film de Ridley Scott
Le clonage, l’autogreffe, la greffe sous toutes ses formes de la poudre d’os à diverses spare-parts, la congélation des ovules, la GPA, la PMA, sont déjà d’actualité, le pari gagné d’ALTERED CARBON c’est qu’elle nous projette en avant pour mieux s’interroger sur la bio-éthique. Cyber punk romancier Morgan crée également des jeux vidéo. On peut noter également qu’il a du être inspiré de « Bladerunner » car on retrouve dans le graphisme du premier épisode ce cocktail Asie-LA- futur-pluie qui faisait toute la marque du film de Ridley Scott. Takeshi, ex-mercenaire d’élite se réveille 250 ans après que sa dernière enveloppe n’ait été détruite. Il a le choix entre moisir ad vitam aeternam dans une prison, ou accepter un job : résoudre l’énigme de la « chambre jaune » du futur, celui du Tycoon Laurens Bancroft (James Purefoy), découvert dans ROME, qui a pu se réincarner, mais sans aucun souvenir de ce qui s’est produit puisque la sauvegarde quotidienne sur son « cloud » perso n’avait pas pu être achevée. Sachant que Bancroft était enfermé chez lui avec sa tendre épouse laquelle, bien entendu, est innocente comme l’agnelle qui vient de bêler pour la première fois. Certains critiques reprochent néanmoins au show de s’autoriser une certaine dose de violence aussi gratuite que graphique, cela ne nous a pas choqué autre mesure. Franchement, le résultat est particulièrement bluffant, même si ces radins de Rotten Tomatoes ne lui accordent un satisfecit que seulement 65%. Sachant que Drake a encore les deux autres romans de la trilogie disponibles, on peut parier sur une saison 02, non ?
Diffusée depuis le 2 fèvrier 2018 sur Netflix