THE ROLLING STONES « On Air »
Baptisées « Saturday Club », « Yeah Yeah », « Blues in Rythm », « The Joe Loss Pop Show » ou encore … « Top Gear », toutes ces émissions radio de la BBC avaient un point commun : entre 1963 et 1965 elles ont toutes programmé en live et en performances studio un certain petit groupe de Dartford, Kent qui s’était tout simplement mis en tête de challenger les Beatles…les Rolling Stones ! Intitulé « On Air » ( littéralement « à l’antenne ») ce précieux double album regroupe quelques trésors cachés, des documents rares exhumés des archives des radios britanniques du service public. 50 années plus tard, c’est avec une émotion rare que nous retrouvons un Mick Jagger et un Keith Richards âgés de seulement vingt ans pour des performances soniques digne d’une équipée sauvage au sens Marlon Brando du terme.
Dés le premier titre, « Come One », on reste absolument sidéré par la jeunesse et la fougue des Stones, si différente, forcément, de leurs dernières et matures prestations d’octobre, pour inaugurer la U Arena de Nanterre. Cet « On Air » réunit- en version luxe- 34 titres, dont beaucoup de classiques tels que « Roll Over Beethoven », « Memphis Tennessee », et « Around and Around » de Chuck Berry, mais également le swinguant « Route 66 » de Bobby Troup, « Walking the Dog » de Rufus Thomas, « I Just Want To Make Love to You » de Willie Dixon ou l’insubmersible « Eveybody Needs Somebody To Love » de Solomon Burke et Jerry Wexler, bien avant la naissance des Blues Brothers. Cette bordée de hits incisifs nous rappelle qu’à l’époque les Stones faisaient énormément de reprises. Si le gang des Glimmer Twins s’était formé dès leur première rencontre sur le quai de la gare de Dartford, cependant Jagger et Richards ne devaient guère tarder à prendre leur envol d’auteurs-compositeurs surdoués au pays du rock. La preuve, par cette vaillante interprétation de leur polémique « (I Can’t Get No) Satisfaction » capturée le 18 septembre 65 pour l’émission Saturday Club ou « The Last Time » qui sera reprise par le Grateful Dead, les Who et même adapté par notre Ronnie Bird national. Mais les interprétations blues sont ici très largement majoritaires/ « Crackin’ Up » de Bo Diddley côtoie le « I Can’t Be Satisfied » de Muddy Waters et le « You Better Move On » d’Arthur Alexander. Incontournable document, tout le pouvoir de cet « On Air » est de parvenir à nous faire revivre une époque que l’écrasante majorité d’entre nous n’a pas eu le privilège de connaitre, celle des Rolling Stones avant qu’ils ne deviennent « le plus grand groupe de rock du monde ». Avec toute la fougue et l’impétuosité de sa jeunesse « On Air » se révèle comme le plus vivifiant des voyages à remonter le temps.