LES EXCELLENTS AU CAFÉ DE LA DANSE 2025
C’était mardi et mercredi derniers au Café de la Danse, où Ramon Pipin et sa bande de joyeux drilles musicos virtuosos ont largement prouvé qu’ils méritaient enfin tous ces Prix d’Excellence, dont ils avaient été privé durant toute leur scolarité. Et comme on ne change pas une recette qui gagne, les Excellents ont, cette fois comme à l’accoutumée, froidement exécuté 37 chef d’œuvres du rock, passés à la moulinette de JC Averty, d’une adaptation tour à tour rebelle, caustique, potache mais surtout résolument frenchie but chic et donc assumée. Avec en prime de très nombreuses et salutaires occasions d’exercer les zygomatiques … car dans ces temps troublés, comme lorsque le T percute le NT, le double effet conjugué du rock et du rire se révèle comme la plus vitale des vitamines.
Ce n’est certes pas mon premier concert des Excellents (Voir sur Gonzomusic VRAIMENT EXCELLENTS LES EXCELLENTS , UNE EXCELLENTE ANNÉE AVEC LES EXCELLENTS EN LIVE et aussi LES EXCELLENTS AU CAFÉ DE LA DANSE ), ni même la première fois que je vous bassine avec Ramon Pipin (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=ramon+pipin ), mais cette fois… comment dire, cette fois c’était différent. Comme les très rares fois où j’ ai l’occasion d’enclencher le petit bouton poussoir de l’overdrive sur le V8 la Stag. Ou pour faire plus simple en version pinard, si tu préfères, on est sur du grand cru classé. Je vous redonne le pitch des Excellents : des classiques du rock, adaptés… on pourrait même dire Frankensteinisés en français, sur le mode le plus loufoque, interprétés au ukulélé par d’excellents musiciens, boostés par un puissant quatuor à cordes, des cuivres dorés et un trio de vocalistes show-men & women. Or on peut dire que cette fois ils ont franchement tout donné avec un spectacle de plus de deux heures et 37 reprises, dont une inestimable et bluffante collec’ de chansons des Beatles. En clair, vous additionnez tout ça et plus besoin de s’enquiller l’humoriste inconnu de la semaine de chez Quotidien, le nième cover band déguisé en Beatles et un bon concert de rock, les Excellents c’est tout ça à la fois et en même temps… Et franchement se marrer en écoutant du bon son, en ce moment c’est précieux. Bien entendu, on a retrouvé quelques vieilles connaissances des shows précédents, aux textes soude caustique dont l’ineffable « Galope salope » ( « Get Up Stand Up ») ( Galope, salope/ Je t’ai jouée au tiercé/ Je suis ratissé/ Tu ferais mieux de gagner/ Sinon je suis ruiné) et cet « Hotel Formule 1 » ( « Hotel California ») bien loin de Beverly Hills ( Bienvenue à l’Hôtel Formule 1/ Le petit dej est compris/ Et y a des punaises de lit). De même, Tears For Fears n’y aurait jamais pensé mais Pipin l’a fait avec « Chatte » ( Shout » (Chatte Chatte nourris la chatte/ Donn’ lui ses croquettes moi j’pars en vacances aux Comores/ Je pars en vacances aux Comores).
Chaque reprise est une occasion de jouer la carte de la dérision et le jeu se révèle gagnant comme avec « Elle bêle » (« Hells Bells ») et surtout « Bourg la Reine » (« Purple Rain » qui fait chanter la salle. Cotés vocaux, Ramon Pipin, Jérôme Sétian, Eric Massot ou Simone Grégoire se succèdent tour à tour et la ressemblance avec les versions originales est particulièrement bluffante, à l’instar de ce « Les temps sont en train de changer » du Zim’, interprété façon #metoo par Simone. Costumes accessoires et surtout un brillant quatuor à cordes, le bien nommé quatuor Chlamydia d’Anne Gravoin, sans oublier le souffle puissant des cuivres des Levallois Horns, deux atouts indispensables tout au long du concert, mais surtout pour les hallucinantes et inédites reprises des Beatles, d’une décoiffante fidélité sonique carrément digne des Analogue, qui démarrent en trombe avec « Rue Quincampoix » (« Penny Lane ») ( Rue Quincampoix, t’y vas une fois, tu l’oublies pas !). Vous l’aurez compris si les Excellents excellent autant, c’est qu’ils ont beaucoup travaillé sur leur ukulélés… et aussi qu’ils ne respectent vraiment rien. Ainsi, la magnifique « Eleanor Rigby » devient un « Elle aime le rugby », l’histoire un peu pathétique d’une groupie de l’ovalie, diantre ! Quant à la mythique « I’m the Walrus », Pipin en fait un hymne politique anti-Poutine « Je suis le roi russe » ( « Je suis pyromane et mégalomane/ Je suis le roi russe./ Coucou, en joue, coucou cou en joue. ») suivi d’un hélas contemporain « Hitler et les dictatures militaires » ( « Here There and Everywhere ». Après les Beatles, clin d’œil cinématographique avec le « Porque te vas » de Jeannette, devenu pour la circonstance « Pour qui ces vases ? ». Et un hommage appuyé est aussi fait aux Who avec le « Baba O’Riley » culinairement relifté en « Baba ou riz au lait ? ». On est plié en deux, tout comme avec « YMCA », bucheronné en « Moi j’aime scier ». Chez les Excellents tout est dans nuance, ici on passe du « Papa Was a Rolling Stone », à « Papa était un Rolling Stone » soit l’histoire du fils caché de Charlie Watts qui n’est plus là pour se défendre et c’est bien pratique. Enfin, cette fantasque farandole s’achève en beauté pur funk sur un « Les fripes, c’est cheap » ( « Le Freak ») furieusement endiablé, mais l’on voudrait pourtant encore que cet addictif juke-box ne s’arrête jamais. Mais après un dernier salut au public, les Excellents exitent ce Café de la Danse, sous la clameur d’un public conscient d’avoir assisté à un des meilleurs concerts de cette formation.