JOHNNY HALLYDAY « Zenith 85 » et « Fête de l’Huma 1991 »
JJohnny Hallyday est décédé dans la nuit du 5 au 6 décembre à l’âge de 74 ans, après avoir lutté des mois contre un cancer des poumons. Depuis ses débuts en 1959, Johnny est devenu l’artiste le plus populaire de l’Hexagone. Avec plus de mille chansons enregistrées et 60 millions d’albums vendus, on ne compte plus parmi la pléiade de tubes, de succès qui ont accompagné la vie des Français durant un demi-siècle. Pour ses fans, il continue de vivre à travers ses chansons. Sélection de deux live inédits publiés ces jours-ci qui revisitent les albums « Hallyday 84 » produit par Pierre Billon, « Cadillac » (1989) et des titres écrits par Jean Jacques Goldman et Michel Berger. La collec’ Johnny Archives Live propose donc cette fois de se replonger dans deux live inédits capturés au Zénith en 85 et à la Fête de l’Huma en 91.
Par Jean-Christophe MARY
« Zénith 85 »
Le 8 janvier 1985, Johnny Hallyday s’écroule sur la scène du Zénith où il s’est installé depuis la fin octobre. Malgré sa volonté, il lui est impossible de remonter sur les planches : sa tension est bien trop basse. Une reprise des concerts est annoncée le 19 janvier, puis une seconde le 26, mais c’est finalement le 31 janvier seulement que Johnny Hallyday retrouve son public pour une série de trois dates. Mis en difficulté, ces trois soirs sonnent comme une revanche pour Johnny qui revient gonfler à bloc. Cette dernière nuit captée au Zénith est un feu d’artifice où le public retrouve le chanteur pour plus de 2h30 d’un show total aussi spectaculaire que festif. Magique dès le premier titre, « Poing Coeur » il nous transporte grâce à son incroyable voix et sa présence animale. La machine Hallyday est lancée tel un bolide sur un autoroute 100% rock n roll boosté par Je sais que tu ne peux pas trouver mieux ailleurs ». Puis on remonte dans le temps aux accords de « J’ai oublié de Vivre », « Toute la musique que j’aime », « Gabrielle » ou « Le Pénitencier ». Le chanteur et son gang de 20 musiciens et choristes, dirigés de main de fer par Eric Bouad récoltent les faveurs du public sur les 30 titres joués ce 02 février 1985: « Entre Violence et violons», «Quand un homme devient fou» « La Garce», « Le cœur du Rock’n’roll», « Toi, tais toi», « Rien à personne » ou encore « Je me sens si seul». Au milieu du set, le groupe dévoile un medley rock’n’roll avec les inoxydables « Je suis né dans la rue,elle est terrible, la fille de l’été dernier, souvenirs souvenirs, O Carole Johnny Reviens, Blue Suede Shoes, Tutti Frutti » titres d’une autre époque qui réussissent à nous rendre nostalgique. Au milieu des 80’s, l’idole des Jeunes vit ses chansons plus intensément que jamais, pousse sa voix sur ce « Ma Gueule » d’anthologie ou vocifère sur cette cinglante reprise du « Hey Joe ».
Ce que l’album ne montre pas ce sont les images gravées dans la tête de ceux qui ont pu assister à ce dernier show, parmi lesquels Jean-François Brieu, maître de conférences à l’IUT Michel de Montaigne, Bordeaux 3 et auteur de plusieurs ouvrages consacrés à Johnny : « Le noir se fait dans la salle. La scène est striée par des douches lumineuses tombant du plafond qui font comme un rideau. Ce que l’on saura plus tard c’est que pour Johnny cet instant est le pire moment de la soirée. Tendu mal à l’aise, le chanteur se glisse dans un immense gant en simili cuir (plus de 5 mètres de large sur un rail de 15 mètres! ) et prend place dans un siège façon voiture de sport. Quand la main s’ouvre, le public découvre un Johnny en costume scintillant mince, nerveux pressé d’en découdre. On en a juste le souffle coupé et beaucoup de salive dans la bouche ». Belle surprise aussi que cette reprise du « Ne me quitte pas » de Jacques Brel avec un Johnny à genoux qui inonde le plancher du zénith de sa sueur, brûlé vif par les projecteurs. En guise de rappel, Hallyday entonne « Mon Ptit Loup » en duo avec Sheila « That’s All Right Mama », « Dégage », « Be Bop A Lula » avec Eddy Mitchell et « Whole Lotta Shakin’Goin’ On ». Après un peu plus de deux heures trente d’un show sans faute, on imagine le visage des fans, émus et conquis.
« Live à la Fête de l’humain, 15 septembre 1991 »
Après la sortie de « Cadillac » (1989) produit par Etienne Roda-Gil, Johnny enchaîne avec une tournée triomphale d’une trentaine de dates qui l’amène à la Fête de l’Huma en septembre. Son tour de chant égrène les standards de 40 ans de carrière et les derniers hits de Berger, Goldman et Roda-Gil. Cette nouvelle décennie lui offre une nouvelle popularité toutes générations confondues ! Au tournant des années 90, Johnny passe un nouveau cap : Michel Berger. Jean-Jacques Goldman. Etienne Roday lui ont signé une nouvelle série de standards qui renouvellent son public. Sur scène, son tour de chant survole 40 ans de carrière, ces musiciens forment une équipe aguerrie et soudée, et surtout, l’artiste est au sommet de sa carrière. Sur scène Johnny est chez lui : qu’il chante face à un partenaire de gens fortunés au Sporting club de Monte-Carlo, ou bien devant la foule immense de la plaine de la Courneuve, Johnny fédère et embrasse les générations, les tendances, les catégories sociales. Ce concert, totalement inédit, témoigne de sa popularité, qui ne cesse de grandir au fil de cette décennie qui le verra, enchaîner les Bercy, puis le parc des princes, le Stade de France… Un nouvel éclairage qui ravira les fans de notre rocker national.