STEVIE WINWOOD « Talking Back to the Night »
Voici 42 ans dans BEST, GBD ne semblait guère convaincu par le dernier opus de son héros égonaute. Et comment en serait-il autrement lorsque le troisième album solo du prodige Stevie Winwood et successeur de son « Ark Of A Diver » à succés paressait hélas si terne. Pourtant, l’ex Traffic y avait appliqué les mêmes recettes que sur son précédent 33 tours ? Certes pas désagréable, ce « Talking Back to the Night » ne sera jamais parvenu à nous faire vraiment vibrer.
Publié dans le numéro 170 de BEST
A quoi pouvait bien songer Stevie Winwood dans la solitude de son home studio, le Netherturkdonic ? Comme je n’ai pas la pochette entre les mains, j’ignore encore certains détails de ce « Talking Back… », comme les crédits. Nous allons donc ensemble jouer aux probabilités. Les compositions, ça va. Je parie mon poids en rééditions du Spencer Davis Group qu’elles sont toutes signées Stevie Winwood. Certains indices laissent entrevoir une collaboration avec Will Jenkins qui avait déjà pondu les textes de « While You See a Chance », « Night Train » et quelques autres sur « Arc of a Diver » ( Voir sur Gonzomusic STEVE WINWOOD “Arc of a Diver” ), le précédent LP. Winwood me l’avait dit ( Voir sur Gonzomusic STEVIE WINWOOD L’AUTRE MERVEILLEUX STEVIE W. et aussi STEVIE WINWOOD « Roll With It » ) : sa faiblesse, c’est les textes. Comme il ne se sent pas capable de les écrire, il doit bien faire appel à une aide extérieure. Pour les instruments, par contre, S.W. n’a strictement besoin de personne. Enfin… presque personne, puisque Nicole Winwood, qui partage sa vie, place ses cordes vocales dans la communauté de biens, l’espace de quelques chœurs. J’avoue que je suis toujours autant accroché aux climats que dessine la voix de Stevie. Tendre et enjôleuse, elle est comme un félin qui vient se lover dans vos oreilles. Winwood a un côté écorché vif qui sait être irrésistible. Les compositions de cet album se révèlent pourtant faibles en vitamines.
Avec ses synthés, ses sequencers et l’éternelle Linn Drum Machine omniprésente, Stevie esquisse de jolies mélodies ; dommage qu’il s’acharne inlassablement sur la même veine. Stevie se laisserait-il gagner par la facilité ? Son album est une reproduction décalée du précédent : tout aussi bien réalisé, mais sans aucune surprise. Avec son hyper sensibilité, il a le potentiel pour une soul blanche enflammée, comme un négatif de Stevie Wonder. On aurait tout aussi bien pu se passer de cette mièvrerie de « There’ s A River » qui était déjà sortie sous forme 45 tours, voilà quelques mois. Peu d’étincelles et quelques bonnes chansons comme « Talking Back to the Night » qui sert de titre à l’album, « Valérie » ou « While There’s A Candie Burning », Winwood a bien tort de tomber dans la gymnastique un an/un LP. Réponse à la question du début : de novembre 81 à juin 82, dans la solitude de son studio, en fait S.W. ne pensait à rien.
Publié dans le numéro 170 de BEST daté de septembre 1982