COBI L’ÉTOILE MONTANTE DU ROCK DE LA
Né à Grand Marais, au cœur du Minnesota, entre le Duluth de Bob Dylan et le Minneapolis de Prince, avec son look de jeune Chris Isaak, Cobi est aussi un brillant égonaute qui écrit, compose, interprète seul tous les instruments, arrange et produit seul toute sa musique. Son EP cinq titres comme son concert parisien ont su largement nous captiver, rencontre avec l’étoile montante du rock de LA.
Stevie Wonder, Prince, Vangelis O Papathanassiou, Stevie Winwood, Jean Philippe Rykiel, Anderson. Paak et quelques autres appartiennent à cette race de musicos que j’avais surnommé les « égonautes » ( Voir sur Gonzomusic COBI « Sugar Man » ). Désormais ce club très privé de musiciens compte un nouveau membre en la personne de Cobi, 37 ans dont la prestation scénique parisienne entre Jeff Buckley, Asaf Avidan et Jim Morrison s’était révélée juste incroyable. Dans la foulée de la publication de son EP 5 titres, j’ai tendu mon micro à Cobi…
« D’où viens ton nom Cobi ?
C’est un diminutif de mon prénom qui est Jacobi. La plupart de mes amis et de mes relations chez moi ont pris l’habitude de m’appeler Cobi. Tout vient donc de là.
Okay … allez commençons par une question stupide car j’aime aussi les questions stupides : est-ce ce que Cobi connait Colbie ? ( Voir sur Gonzomusic COLBIE CAILLAT « Along the Way » ) ?
(temps d’arrêt de Cobi interloqué) … hein ?
Colbie Caillat ?
Non.
Tu ne la connais pas ? Tu n’as jamais entendu parler d’elle ?
Non
C ‘est la fille de Ken Caillat, le fameux producteur de Fleetwood Mac et elle est de Los Angeles où publie ses albums California cool depuis 2007. Et après avoir interviewé Colbie… voici que j’interviewe Cobi…
(rires)
Tu es originaire de Grand Marais, une petite ville du Minnesota dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. C’est loin de Minneapolis ?
À peu près cinq heures de route en allant vers le nord-est en direction du Lac Supérieur vers le nord de l’État. Près d’une petite ville qui s’appelle Duluth qui est à deux heures de là et à un jet de pierre de la frontière canadienne avec l’Ontario. Si j’avais besoin d’acheter un disque chez le disquaire, d’aller au cinéma, voir un film ou même d’aller donner un concert, tout cela se passait à Duluth.
Cela doit être un superbe endroit car déjà autour de Minneapolis j’ai découvert quelques lacs remarquables.
C’est effectivement très beau. Et tu es sur le rivage du Lac Supérieur qui est vaste comme un océan, tu ne vois pas l’autre rive tant elle est distante.
Donc tu es né en 1986, quel est ton tout premier souvenir musical ?
Pour moi c’est de découvrir Bob Dylan et Prince. Et tous ces groupes de Hüsker Dü aux Replacements, il y avait tant de musique à découvrir. J’ai appris la musique en utilisant mes oreilles, à écouter encore et encore tous mes disques favoris. J’ai commencé à écouter pas mal d’artistes de blues, beaucoup de rock aussi pour apprendre par moi-même à partir de mes 9 ans en prenant une guitare.
Tes parents sont musiciens ?
Ma mère, chantait en s’accompagnant à la guitare quand j’étais gamin. Elle n’était pas professionnelle, mais elle aimait la musique et m’a ainsi transmis sa passion. Sa guitare était rangée dans un placard, j’ai donc commencé à la sortir pour m’en servir.
Et ton père avait une collection de disques ?
Non, pas vraiment. Mais il adorait Bob Marley et je me souviens qu’on écoutait un maximum de Marley, mais aussi de Creedence Clearwater Revival ou Elvis et plein de vieux trucs.
Comme tous les musiciens qui démarrent seuls dans leur coin, tu as fini par rejoindre un groupe, non ?
Oui, avec mon frangin.
Ton grand frère ?
Oui. Nous avons commencé à jouer ensemble, à échafauder des idées de chansons. Il me montrait des choses et j’en faisais autant de mon côté, nous échangions des idées. Il jouait de la guitare et composait des chansons. Nous avions un petit enregistreur quatre pistes sur lequel on construisait des chansons. Ensuite nous avons monté des groupes ensemble au fur et à mesure que nous grandissions. On a formé un groupe de blues avec des gens plus âgés de ma bourgade. Tu imagines j’avais douze ans et je jouais dans les bars et les clubs de ma petite ville ?
Et tu jouais dans des bars où tu n’étais pas autorisé à boire, puisque tu n’avais pas 21 ans ?
Oui j’en avais 12 ! Mais tous les musiciens du groupe étaient plus agés et tant que j’étais avec eux, je n’avais pas de problème.
Mais légalement tu n’avais même pas le droit de rentrer dans le lieu où tu étais censé venir jouer ?
Exactement, c’est tout le paradoxe.
Tu as conservé de vrais souvenirs de ces débuts ?
Effectivement, c’était génial de démarrer ainsi, encadré par des anciens. Ils sont toujours chers à mon cœur.
Mais, tu ne faisais que jouer à l’époque ?
Non, en fait j’ai commencé à chanter sensiblement au même moment. On faisait des covers, j’ai donc appris à interpréter beaucoup de chansons des autres. Mais petit à petit je me suis mis à faire mes propres chansons.
Te souviens-tu de la toute première chanson que tu aies écrite ?
Je ne sais pas au juste sans doute une chanson de teen-ager amoureux et ou un truc du genre (rires).
Tu avais le cœur brisé à cause d’une petite amie ?
Je ne sais pas… ou peut être que je craquais sur cette fille mais sans jamais pouvoir le lui avouer, alors j’ai dû probablement le faire en chanson pour finalement la séduire.
Et quand as-tu réalisé que tu allais bâtir toute ton existence sur cette guitare, sur cette voix, sur ces chansons ?
Immédiatement. J’ai toujours su que je voulais être musicien, sans aucune hésitation. On jouait d’un bar à l’autre, à peu près toute la nuit de 9h du soir à 1 heure du matin. Avec seulement quelques pauses, tout de même. Puis je rentrais à la maison avec 200, 300 dollars en poche et je me disais que je pouvais envisager de vivre de ma musique. À partir de ce moment-là, je n’ai jamais envisagé de faire quoi que ce soit d’autre de ma vie.
Mais pas à faire des covers. Dès le début tu voulais être un Artiste avec un A majuscule ?
Évidemment ! Je n’ai de cesse d’étudier la musique, de me lancer dans différents projets avec des gens différents, d’essayer différents styles de musique, avec différents groupes. C’est un périple et encore aujourd’hui je me considère comme un apprenti de la musique.
La plupart des gens de ta génération ont un groupe et toi, exactement comme Prince ou quelques autres comme Todd Rundgren tu as choisi de tout faire tout seul.
Oui, en studio.
Tu joues de tous les instruments, tu écris, tu composes, tu arranges, tu produis, c’est simple tu fais tout et même le café.
(rires)
Quand as-tu décidé que tu te débrouillais bien mieux tout seul à créer ta musique qu’entouré d’autres musiciens. ?
J’ignore s’il y a réellement eu un moment où j’ai réalisé que je m’en sortirai mieux seul mais je crois surtout que cela s’est un peu fait tout seul par nécessité …
… quoi le batteur était toujours en retard ?
(Rires) Mais bien entendu, c’est encore de la faute au batteur ! Non sérieusement, j’ai fait partie de nombreux groupes et chacun y met son grain de sel, c’est une grande idée collective, mais j’ai surtout une vision très précise de ce que je veux faire. Et des chansons que j’ai envie d’écrire. Donc, j’ai appris à faire les choses par moi-même pour ne dépendre de personne.
Être un artiste indépendant est essentiel pour toi ?
C’est essentiel d’apprendre tout ce que tu peux sur tout le processus d’écriture des chansons, de les produire. J’ai eu la chance d’avoir pas mal d’expérience, d’avoir travaillé avec beaucoup de producteurs, comme avec de très grands artistes auprès desquels j’ai énormément appris. C’est la somme de cette expérience qui alimente tout ce que je fais maintenant.
Pourtant ce n’est pas toujours aisé d’être à la fois le batteur mais aussi le bassiste mais aussi le guitariste etc…. Et les claviers tu les fais aux pédales d’effet à la guitare puisque c’est ton instrument de base ?
Non je joue rèellement des claviers et des synthés. Quant à la batterie, tu peux en jouer de tas de manières de nos jours comme programmer une boucle. Franchement sur ce terrain-là il y a de tas de belles manières d’être créatif. Et de nos jours, encore plus que jamais, il est somme toute aisé d’être ton propre producteur.
Oui, technologiquement, c’est plus facile pour toi aujourd’hui que cela pouvait l’être pour Prince au crépuscule des 70’s. Savais-tu que Stevie Wonder a dû patienter jusqu’à ses vingt et un ans, soit l’âge légal aux USA pour avoir enfin le droit de faire sa musique tout seul ?
Oui et cela parait juste incroyable aujourd’hui.
Donc on peut dire tu es un mec chanceux d’être né bien plus tard. Car avant eux ce n’était pas particulièrement accepté de laisser un artiste faire ses disques tout seul.
Oui ils ont absolument ouvert la voie pour l’émergence d’artistes dans mon genre.
J’ai assisté à ton concert donné à Paris la semaine dernière et j’étais assez surpris par ce que j’ai vu et entendu, car cela sonnait très différent des cinq chansons qui composent ton mini album. D‘abord, ce ne sont pas les mêmes instruments, comme ce piano que tu joues sur plusieurs chansons du disque. Alors qu’en live, tu n’as que ta guitare et tes pédales d’effets. Les cinq chansons du disque sont superbement bien produites, presque pop par certains aspects, lorsque le live était bien plus sauvage, bien plus bluesy. Tu me faisais plus penser à un Keziah Jones, un Asaf Avidan et surtout un Jeff Buckley. Alors qu’une des chansons du disque évoque carrément Elton John pour moi. Donc ma question est simple : es-tu un artiste schizophrène à la double personnalité artistique ?
La raison est essentiellement technique ; c’est juste plus facile pour moi d’interpréter mes chansons sur scène juste avec ma guitare acoustique, car cela couterait tellement d’argent de tourner avec tout un groupe pour assurer toute la prod que j’aurais envie d’y apporter. Alors qu’au contraire en studio j’ai les coudées franches, pour concrétiser tout ce que j’ai dans la tête. Mais le live c’est plus compliqué, car je me refuse à utiliser des backing tracks ; surtout vu le style de musique qui est le mien, où j’ai besoin d’avoir la liberté de pouvoir improviser. Voilà pourquoi mes concerts sont une extrapolation de mes chansons interprétées à la guitare. Mais cela n’a pas toujours été le cas, j’ai tourné avec des groupes et de grosses productions, et j’y reviendrai sans doute à un moment, mais ma formule actuelle est la plus simple et la plus économique…
Et aussi la plus sauvage !
Oui, j’ai pas mal de blues rock dans mon catalogue. Mais le EP n’est en aucun cas « sur-produit », il y a très peu d’over-dubs.
Ta chanson « Good Morning » a un côté très Jack Johnson cool laid back feeling. Et « Where We Belong » serait un mix de James Blunt , Jeff Buckley et Lenny Kravitz…
Okay… c’est plutôt pas mal, non ?
Quant à « Sugar man », qui n’est pas la chanson de Sixto Rodriguez mais un titre homonyme est une cool balade et une super mélodie qui me rappelle Elton John, sans doute à cause du piano. Mais ma favorite est incontestablement « Another Lover » pour son feeling latin , mais c’est une jolie chanson pp, presque du Justin Timberlake…
Non je ne le crois pas.
Et pour ce qui concerne « Angel » qui n’est ni la chanson de Rod Stewart ni celle de Robbie William, elle s est doté d’un incroyable solo de guitare. J’ai assisté au premier et unique showcase de Jeff Buckley à paris et tu me faisais vraiment penser à lui.
On me l’a déjà dit parfois.
Pourquoi nous aura-t-il fallu toutes ces années pour enfin découvrir Cobi ?
C’est sans doute un tour du destin. Il m’aura fallu attendre tout ce temps avant de venir en Europe. Et que je commence à m’y produire. Je n’en sais rien. C’est à toi de me le dire.
Peut-être que les labels de LA ne bossent pas suffisamment ? Pourquoi Capitol, MCA ou Mercury n’ont pas fait leur job ?
En fait, en 2016 j’avais été signé par un gros label 300 qui appartient à Warner lorsque ma chanson « Don’t You Cry For Me » est sortie. C’est Lior Cohen qui m’avait signé. Et il a sorti mon single. Mais juste un an après m’avoir signé, Lior a quitté le label et tout a changé du jour au lendemain pour moi. Rien ne sortait et j’étais toujours prisonnier de mon contrat chez eux.
Toujours la même histoire, le mec qui ne t’a pas signé te déteste car tu incarnes ce passé qu’il est venu remplacer, c’est un grand classique du showbiz.
C’est comme cela que je suis devenu un artiste indépendant. Et si j’ai perdu en puissance commerciale j’ai beaucoup gagné en liberté.
Tu vis désormais à LA, dans quel quartier es-tu ?
Je vis à Sherman Oaks, tu connais ?
Oui c’est dans la vallée, entre Woodland Hills et Encino.
Correct.
Où aimes-tu jouer à LA ?
Je joue beaucoup à l’Hotel Café à Hollywood. Le Troubadour aussi. Plein de salles qui ont fermé depuis le COVID comme le Satellite ou the Echoplex, à Silver Lake.
Tu n’as jamais joué au Whisky ?
Non mais j’ai joué au Roxy et au Viper Room !
Waw… ce sont des salles mythiques. Bravo. »