MARGOT COTTEN « Third Time’s A Charm »
Parisienne d’origine British, aux sources musicales furieusement américaines, Margot Cotten publie son premier véritable album, même si certains d’entre vous la connaissent déjà pour ses fameux covers du dimanche, où elle reprend chaque semaine sur Youtube tous ses héros du rock des Stones à Tom Petty en passant par Dylan, Springsteen ou encore les Kinks. Mais avec ce « la troisième fois est la bonne » soit « Third Time’s A Charm », elle apparait telle une « Cowgirl in the Sand » dans une Terra cognita d’influences rock qui nous sont familières. Un Cotten Club auquel nous ne pouvons qu’adhérer.
J’ai souvent interviewé des artistes qui font tout, qui écrivent, jouent, arrangent, produisent tout leur disque seuls. Prince bien sûr, mais pas que, Stevie Wonder, Stevie Winwood, Todd Rundgren, Vangelis à qui j’ai eu le privilège rare de tendre mon micro (Voir sur Gonzomusic SOLO STUDIOS HEROES Épisode 1 et aussi SOLO STUDIOS HEROES Épisode 2 ). Je les avais surnommés les « egonautes » à l’époque, mais je n’en avais jamais rencontré au feminin et pratiquant en anglais un rock résolument west coast de surcroit. C’est pourtant le cas de Margot Cotten, qui a fait son disque seule de A à Z et je dois avoir que le résultat est assez bluffant. Certes moins teenager, plus mure, elle me rappelle pourtant Maya Hawke dont le neo-folk oxygène m’avait tant fait craquer voici un an ( Voir sur Gonzomusic MAYA HAWKE « Moss » ). Et cette belle aventure sonique démarre par l’aérienne « Precious Inner Light » aux guitare troublante à la Keith Richards de « Wild Horses » et des vocaux à la Emylou Harris. Puis « In The Garden In the setting Sun » offre un troublant écho adu nonchalant « San Tropez » de Pink Floyd débarquant chez un Harry Nilsson cool et résolument 70’s, joli programme ! Puis avec « Paris », des guitares mélancoliques à la Tom Petty dessinent notre capitale aux couleurs pastel des grands espaces américains et jamais semble-t-il le ciel de Paris n’aura semblé aussi vaste.
Loin du tumulte urbain, « Small Quiet Town » voit l’ombre des Poco, America, Firefall, Eagles et bien évidemment les Stones planer au-dessus de cette « petite ville tranquille ». Si « Afraid Of the Night » est sans doute ma préférée, car c’est la plus délicate, entre le « Come Down in Time » d’Elton sur « Tumbleweed Connection »… et le mythique « The Needle And the Damage Done » de Neil Young… bref, bon sang ne saurait mentir et Margot le prouve à nouveau avec cette balade juste intemporelle et forcément irrésistible. « Silver Soul » c’est un peu du Sheryl Crow cool et climatique, sensuelle et délicate pour un post-country hit sur une boucle très Doors comme un « Light My Fire » en slow-motion. Avec « An Elephant in the Deep Blue Sea », Margot assume son amour du Zim’ avec cette balade acoustique très Dylan, avec son Hammond en arrière-plan, mais en plus naïve, plus féminine, quelque part entre Carly Simon et Joni Mitchell, sans doute une des plus belles compositions de ce « Third Time’s A Charm ». Enfin l’album s’achève sur « Counting the Days » et on a un peu envie de dire à Margot… Tom Petty sort de ce corps… ou plutôt non vas-y… tu as raison d’y rester et d’en profiter, car il te va à merveille avec ce je ne sais quoi de « Learning To Fly ». Loin de la vulgaire copy-cat photo-copieuse, Margot ose assumer ses principales sources d’inspiration et comme elles nous inspirent aussi, on ne peut qu’y plonger avec elle en succombant à son manège enchanté.
Bonjour SUPERMARGOT ! POP STAR ou Non, réussir sa vie de jour comme de nuit, n’était -ce pas d’abord d’être aimé par ceux que l’on aime et que l’on apprécie ? Signé : « L’OURS »