JAMES TAYLOR MISTER COOL À L’OLYMPIA
46 ans… c’est juste assez dingue pour y croire et pourtant… cela faisait 46 ans que je n’avais pas vu James Taylor sur scène, un laps de temps juste hallucinant pour un des héros de mon adolescence. Et franchement ce quasi-demi-siècle d’attente n’aura pas été vain. Hier soir James Vernon Taylor était éblouissant, faisant couler toute la délicatesse de son folk-blues-soul comme une rivière émotionnelle qui a submergé l’Olympia. Deux heures de show en forme de « Best of » pour 60 années de carrière et tout le monde debout à la fin pour applaudir notre cher Mister Cool !
C’était le 17 juillet 1976, au Robin Hood Dell Philadelphia, tout juste inauguré, après une chaleureuse première partie assurée par Loggins & Messina, James Taylor investit la méga scène en plein air face à 14.0000 spectateurs chauds comme le vent d’été, et c’est un show inoubliable qui se déroule devant moi. Il venait tout juste de publier « In the Pocket » son 7éme LP, porté par le hit chaleureux « Shower the People ». Cependant, c’est cinq années auparavant que j’avais totalement succombé à la blackitude folk albatre de James Taylor en dansant le tout premier slow de ma vie sur sa sublime adaptation du « You’ve Got A Friend » de Carole King. Vous l’aurez compris, mon rapport à James Taylor est donc quasiment freudien ! Seul mystère : pourquoi durant toutes ces années n’ai-je jamais réussi à tendre mon micro à JT pour une interview ? Sans doute les hasards de la vie. Par contre à BEST et au-delà j’ai chroniqué pas mal d’albums du natif de Boston, dont les deux derniers sur ce site ( Voir sur Gonzomusic JAMES TAYLOR : « Before This World » et aussi JAMES TAYLOR « American Standard » ). Bref, c’est dire combien j’attendais ces retrouvailles scéniques avec impatience. 8h 10 tapantes, dans un Olympia plein comme un œuf, James Taylor ouvre le show avec la swinguante « Something In the Way She Moves », un titre essentiel à ses yeux et il en donne l’explication, après l’avoir interprétée. « Je suis parti à Londres où j’avais une audition avec Paul McCartney et George Harrison. Ils venaient de monter un petit label qu’ils avaient baptisé Apple. Et oui bien sûr ils m’ont signé… ». Nous sommes en 68 et le label des Beatles publie l’éponyme « James Taylor » avec cette chanson qui devient un peu son titre fétiche. Ce soir l’interprétation est un sans-faute.
Et pour cause, derrière James se tient son solide All Stars Band… composé du fameux Steve Gadd à la batterie ( Paul McCartney, Simon & Garfunkel, Eric Clapton, Kate Bush, Steely Dan…) , l’immense Michael Landau à la guitare( Rod Stewart, Joni Mitchell, Michael Jackson…) et Jimmy Johnson à la basse. Juché sur un tabouret de bar, sa fameuse casquette vissée sur la tête, le héros du rock se livre avec beaucoup de pudeur. Oui, il comprend un peu le français et fait l’effort de nous dire quelques mots, mais très vite il nous explique que « son français est de toute façon beaucoup moins bon que notre anglais » et le public de l’Olympia est prié de le croire sur parole. Simple, touchant et parfois cabotin, James Taylor saura nous faire rire tout au long de cette set-list de 22 titres. Si sa voix parait parfois légèrement éraillée face aux versions originales des 70’s, elle n’a rien perdu de son super-pouvoir émotionnel lorsqu’elle enchaine « Country Road » et l’aérienne « Walking Man » où l’on apprend qu’il l’a composée en hommage à son père. De même, il nous confie que la sublime chanson-titre « Sweet Baby James » avait en fait été écrite pour la naissance de son neveu, lorsque son frère a donné ce prénom, à son fils ; précisant qu’il s’agissait là d’ « Un des trucs les plus censés qu’ait fait mon frère dans sa vie ». Puis il enchaine une à une ses perles les plus précieuses : « Copperline », « Long Ago and Far Away » et achève le premier set sur la reprise du titre composé pour les Drifters, signé Carole King et Jerry Goffin « Up On the Roof »… qu’il chantait déjà en 79 sur son LP « Flag ». Trop mignon, lorsque les lumières de la salle se rallument… James est encore sur scène, se cassant littéralement le dos à signer des autographes pour son public. Et on se dit : décidément quel mec cool ce Mister Cool !
Retour à la scène, quelques vingt minutes plus tard, en ouvrant le second set d’une des reprises de son dernier album, la bien nommée « American Standart », « Teach Me Tonight » de Dinah Washington. Suivent en pur paroxysme nostalgique la bluesy « Don’t Let Me Be Lonely Tonight », la soul profonde « Fire And Rain », la country « Carolina On My Mind », puis « Mexico » une de mes favorites sur le 33 tours « Gorilla » de 75 , la soul ardente de « Shower the People » et enfin la funky nonchalante ensoleillée « Your Smiling Face ». Rappel… et bien sûr retour à la scène sur le hit de mes boums…. « You’ve Got A Friend » où James Taylor se tourne lui-même en dérision, racontant que s’il se doutait qu’il serait obligé de la chanter presque chaque soir, peut-être qu’il aurait réfléchi à deux fois avant de la reprendre. C’est bien entendu un trait d’humour, car il enchaine sur ses souvenirs au Troubadour de LA lorsqu’il l’a interprétée pour la toute première fois, avant son vibrant hommage au soul-man hero Marvin gaye avec « How Sweet Is It ( To Be Loved By You ». Puis tout s‘achève sur un titre folky de 85 surprenant mais de circonstance : « Song For You Far Away » où il entonne sa chanson d’adieu : « this is a song for you far away far away / this is a song for you far away from me… » sous la clameur du public de l’Olympia au 7éme ciel. Good night Mister Cool !
Bonjour
Larry Goldings n’était pas présent au concert du 29 à l Olympia. Par contre il sera avec lui du 7 au 17 Octobre en United Kingdom.
CQFD