POUR TOUS LES HITS DORES DES COMMODORES !
« Marvin, he was a friend of mine/ And he could sing a song… » tel était le début du tube de mon été 85, ce « Nightshift » si addictif qui allait de donner à nouveau envie de rencontrer les Commodores…voici très exactement 30 ans. Sentimental flashback !
Cet été 85 sera rythmé par l’imparable ballade soul-funk « Nightshift », l’ode à Marvin Gaye leur frère de label Motown MIA (missing in action) bien trop tôt disparu, est outrageusement décalquée de son « What’s Going On ». Mais qu’importe, cela reste dans la même caisse, the Commodores ou Marvin c’est toujours Jobete Music, la maison d’édition de Berry Gordy qui encaisse les royalties anyway ! Cette rencontre avec les Commodores pour BEST n’était pas tout à fait la première. J’avais déjà tendu mon micro à Lionel Richie, le chanteur sécessionniste de la mythique formation funk de Tuskegee en Alabama. Mais surtout, au milieu des 70’s, j’avais eu la chance d’assister à un show particulièrement spectaculaire du groupe au défunt « Pavillon de Paris »- quasiment sur l’emplacement actuel du Zénith-, les fameux et infamants « Abattoirs » où mon « frère » Freddie Hausser capturait à jamais les Stones à leur pinacle en1976. Pour revenir au concert des Commodores, j’avais été subjugué par leur pure énergie funk injectée dans des hits solides tels que « Machine Gun » « Lady (You Bring Me Up) », « Still », « Brick House » et l’invincible « Easy » (magistralement reprise à la fin des 90’s par Faith No More). Vision digne de Las Vegas, Lionel superstar Richie tout de blanc vêtu, à l’instar de toute la formation, descendant du firmament de verre et d’acier Art déco du Pavillon, en train de jouer de son piano à queue blanc dans les airs. Hélas, en 82 j’avais revu les Commodores au Palace juste après le départ de Lionel et là c’était la catastrophe. LE choc thermique. Le pire du pire du concert étant atteint avec le duo « Endless Love » interprété SANS Diana Ross et SANS Lionel Richie, je ne vous dit pas combien c’était pourave. Alors, forcément lorsque j’écoute ce « Nightshift » qui ressemble tant à « What’s Going On », je me suis à nouveau laissé séduire par mes bons vieux Commodores au point de souhaiter les rencontrer pour BEST.
Vieux potes
« Ronald, fais moi une passe! ». Sur le terrain de basket de Tuskegee High School en Alabama, Lionel avait l’habitude de marquer la plupart des points. Mais à l’instar de ses copains Milan, William, Thomas et Ronald pas facile de devenir le roi du panier. Cependant, en 82, Lionel Richie abandonna ses vieux potes de lycée. Livrés à eux-mêmes, sans leur chanteur leader, les Commodores semblaient condamnés et définitivement enterrés. En 85, pourtant, on ouvre le caveau et les Commodores jaillissent avec une sarabande ébène à crever les nuages: « Nightshift ». Magique, mélodique, harmonique et pluridisciplinaire, le titre traverse en flèche les réseaux hertziens. Et tout ça sans Lionel Richie. Dans un bar parisien, Ronald la Pread le bassiste historique des Commodores écoute son LP au walkman. Mon casque à la main, je branche mon jack sur la seconde sortie de son baladeur stéréo. Je presse la touche « communication» et on parle :
Nightshift
« Ronald, je vais être honnête: votre concert d’il y a deux ans au Palace était à chier. Je vous croyais liquidés et soudain, blam, voici votre « Nightshift » et c’est « Autant en emporte le vent » …
Ronald la Pread: La dernière fois à Paris, nous sortions tout juste de notre histoire avec Lionel Richie. C’était un des tout premiers concerts sans lui. Normal qu’on ait été un peu boiteux. Depuis, avec les Commodores, on s’est sacrément remués. En fait ce « Nightshift » est presque le premier jet d’un nouveau groupe de copains de lycée qui se connaissent depuis vingt ans et qui jouent ensemble depuis dix-sept
L’album compte deux titres chocs, d’abord « Animal Instinct» ?
C’est la première fois que nous enregistrons un titre que nous ri avons pas composé. C’était drôle, ça nous changeait d’adapter une chanson pour lui insuffler le look Commodores. Tu sais, je me fiche pas mal de savoir qui écrit un tube tant que celui-ci se trouve sur MON album.
L’autre titre-massue étant bien entendu « Nightshift ».
C’est notre batteur, Walter Orange, qui a trouvé la mélodie. Sweet home Alabama, nous étions rentrés à Tuskegee pour travailler. Après quelques séances, la mélodie brute de Walter s’est transformée en un hommage à Marvin Gaye, parce que désormais, il traverse la nuit à jamais. Sa disparition était un tel choc pour nous. Tu sais, ce métier laisse bien peu de place pour exprimer la détresse. Un artiste doit toujours avoir la pèche. Il doit être en toute chose un parfait superman, même s’il est profondément déprimé. Deux jours après la mort de mon père, je devais donner un concert face à 22 000 spectateurs. Crois-moi, dans ce cas, c’est dur de sourire et de montrer combien on s’amuse. Marvin était le plus serein. Le plus cool des artistes sur notre label Motown et au delà.
La musique de « Nightshift » est assez proche de celle de Lionel Richie, alors pourquoi s’être séparé?
On a grandi ensemble, nos racines sont les mêmes. S’il nous a quittés, c’est qu’il avait plus d’obligations qu’il ne pouvait en assumer. Les Commodores se retrouvaient relégués au second plan. Cela n’était tout simplement pas acceptable. Kenny Rogers, Diana Ross et tous ces gens à qui Lionel promettait des chansons étaient soudain devenus plus importants que son propre groupe. Il n’ y a plus de notion de groupe possible lorsque l’on fonctionne uniquement par rapport à son ego. Mais on a vu soudain la tête de Lionel gonfler comme un dirigeable. Nous ne l’avons jamais empêché de travailler avec les gens de son choix à condition que les Commodores restent au premier plan. Mais Lionel est un opportuniste, il a préférer saisir seul sa chance; de l’autre côté l’herbe paraît toujours plus verte. Mais il n’existe aucun amour possible sans partage.
Comment juges-tu sa musique en solo?
Lionel est un des auteurs les plus doués et prolifiques de notre époque et je remercie le ciel qu’il ait appartenu à MON groupe pendant seize ans.
Que penses-tu de « Missing You » l’hommage à Marvin Gaye qu’il a composé pour Diana Ross?
Pour moi c’est juste un plan d’opportuniste, une histoire commerciale pour vendre du disque. Franchement, il aurait pu écrire cela pour n’importe qui, Ronald Reagan ou monsieur Mac Donald. Dans la vie, si tu agis pour un tout autre motif que celui que tu avoues, alors mieux vaut s’abstenir. Moi à sa place, j’aurais du mal à trouver le sommeil».