NEIL YOUNG TOUJOURS DU COTÉ CLAIR DE LA FORCE
En interdisant désormais à Spotify de diffuser ses œuvres, Neil Young continue ce qu’il a toujours sû faire de mieux : aller là où ses convictions le portent en refusant systématiquement la voie du pognon. Car si notre Loner retire sa musique de Spotify, se privant pourtant d’une manne de royalties, c’est pour protester contre le fait que le site de streaming héberge un podcast favorable à l’extrême droite US Trumpiste qui diffuse des informations médicales erronées sur le COVID. En clair, Neil Young s’engage du coté clair de la Force contre l’obscurantisme des anti-vaccins, révisionnistes scientifiques et autres négationnistes de tous poils. Et nous on est forcément du coté de Neil !
Tout au long de sa carrière Neil Young n’a eu de cesse de s’élever pour défendre de ses chansons les causes les plus diverses de la paix à l’environnement, contre le capitalisme et pour le peuple, contre le racisme et pour la légalisation de la weed. Et ce n’est pas à 76 printemps qu’on va nous le changer notre Neil Percival Young. Percival c’est son côté chevalier de la Table Ronde, forcément. En 1966, déjà avec Buffalo Springfield n’endossait-il pas déjà la révolte étudiante contre le couvre-feu réprimée par la police sur Sunset Boulevard avec la composition de son frère d’armes Stephen Stills « For What It’s Worth » ? Quatre ans plus tard, bouleversé par le massacre d’étudiants par des gardes nationaux de l’Ohio à l’université de Kent State le 4 mai 1970 ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/50-ans-apres-le-massacre-retour-a-kent-state-pour-joe-walsh-et-david-crosby.html ) , Neil Young balance son brûlot « Ohio » accusant directement Richard Nixon et ses « soldats de plomb » et plaçant Crosby, Stills, Nash et Young à l’avant-garde du mouvement contre le Vietnam. La même année il compose « Southern Man » pour lutter à sa manière contre le racisme dans les États du Sud et enfonçant à nouveau le même clou deux ans plus tard avec la sublime « Alabama ». En fait toute la carrière du détenteur de la double nationalité canadienne ET américaine est une succession d’engagements. Et bon nombre dénoncent le capitalisme sauvage et prônent la défense de la nature. Car notre Percival se fiche pas mal du blé et le revendique en chanson.
En 88 sur son 16ème LP « This Note’s For You » dans la chanson-titre il chante :« Je ne veux pas d’argent/ Je n’ai pas besoin d’argent/ Je n’ai pas de magot/ Cette note est pour toi/ Je ne chante pas pour Pepsi/ Je ne chante pas pour Coca/ Je ne chante pour personne/ Ça me fait passer pour un charlot/ Cette note est pour toi/ Je ne chante pas pour Miller/ Je ne chante pas pour Bud/ Je ne chante pas pour les politiciens/ Je ne chante pas pour Spuds/Cette note est pour toi. ». Un an plus tard, il publie son ode à la Liberté avec un L majuscule « Rockin’ In the Free World » pour protester contre la politique de Bush. De même coté défense de l’environnement, dès son « Vampire Blues » de 74 il dénonçait déjà ceux qui « vampirisaient » nos ressources naturelles au nom du profit. Quarante ans plus tard, son engagement n’a pas failli et il le prouve à nouveau avec « The Monsanto Years » capturé avec Promise of the Real qui dézingue le fameux géant de l’agro-alimentaire. Décidément Percival n’a peur de rien et frappe toujours de taille et d’estoc, se fichant pas mal de son intérêt commercial, comme aujourd’hui en refusant avec dignité les millions de Spotify pour dénoncer leur diffusion du podcast d’un certain Joe Rogan, qui est parait-il le podcast le plus populaire du monde, mais qui propage les informations les plus dingues sur le COVID, des infos massivement dénoncées comme erronées par l’ensemble du corps médical. Or pour Neil Young mentir sur la santé en matière de COVID c’est tuer, d’où sa rupture très médiatisée avec le diffuseur Spotify qui a versé l’an passé plus de 100 millions de dollars de droits à ce Rogan.
Certes Young a depuis longtemps une dent contre Spotify. Il avait déjà retiré sa musique du site de streaming il y a sept ans (il est revenu par la suite), se plaignant qu’il offrait aux auditeurs « la pire qualité de l’histoire de la radiodiffusion », un thème qu’il a repris la semaine dernière, dirigeant ses fans vers d’autres services de streaming qui « présentent ma musique aujourd’hui dans toute sa gloire en haute résolution ». Neil Young a laissé entendre que d’autres artistes pourraient suivre son exemple de boycott : « J’espère sincèrement que d’autres artistes quitteront la plateforme Spotify », a-t-il écrit. Jusqu’à présent, ils ne l’ont pas fait. Mais on peut l’espérer. En tout cas, une semaine après le décès par COVID d’un Meat Loaf non vacciné, les antivax sont vent debout contre notre idole du rock, allant même jusqu’à accuser Young de dixit « bafouer la liberté d’expression » ! On rêve ! Mais fuck la liberté d’expression lorsqu’elle consiste à promouvoir les armes à feu, défendre des coups d’État en envahissant le Capitole, stigmatiser une race ou une religion (suivez mon regard vers la France) ou en l’occurrence diffuser des contre-vérités sur une pandémie aussi mortelle que planétaire. Ceux qui cautionnent pareils mensonges sont à mettre dans le même sac, celui du côté obscur de la Force.